Présidentielle 2012 : Hollande vs Sarkozy

François Hollande a remporté dimanche la primaire socialiste pour la présidentielle de 2012 en France, distançant largement la patronne du parti, Martine Aubry. M. Hollande a largement remporté la primaire avec plus de 56,4% des voix, selon des résultats portant sur près des deux tiers des votants (environ 1,9 million de bulletins).

M. Hollande  a estimé qu'il avait "reçu le mandat impérieux de faire gagner la gauche". "Ce soir, j'ai reçu un mandat d'une partie d'entre vous, le mandat impérieux de faire gagner la gauche. J'y consacrerai toutes mes forces, toute mon énergie", a-t-il promis devant les militants au siège parisien du Parti socialiste.

"Cette victoire me confère la force et la légitimité pour préparer le grand rendez-vous de la présidentielle (...). Les Français n'en peuvent plus de la politique de Nicolas Sarkozy (...). On va gagner", s'est-il écrié.
"Je veux offrir à la jeunesse de France une vie meilleure que la nôtre: c'est le rêve français que je veux réenchanter", a déclaré François Hollande, assurant qu'il serait "le candidat du respect, du dialogue, de la démocratie, qui donne à voir une autre présidence de la République".
"J'ai entendu les colères de ceux et celles qui n'en peuvent plus", a-t-il poursuivi, citant les problèmes liés au chômage, au logement, à la santé, mais aussi "les désordres de la finance, les excès de la mondialisation, les insuffisances de l'Europe, les atteintes à l'environnement".
Le nouveau candidat des socialistes a été accueilli sur le perron du siège du PS par sa rivale Martine Aubry, dont il a salué la "dignité", ainsi que par Ségolène Royal et Manuel Valls, candidats au premier tour de la primaire.

"Je salue chaleureusement la victoire de François Hollande, notre candidat pour la présidentielle de 2012", a déclaré de son côté Martine Aubry en début de soirée au siège du Parti socialiste. "Les primaires l'ont rendu plus légitime et plus fort encore dans le combat contre la droite et l'extrême droite (...). L'heure est maintenant au rassemblement autour de notre candidat", a-t-elle ajouté.
François Hollande sera donc être le principal adversaire de Nicolas Sarkozy, candidat probable à sa propre réélection, lors de la présidentielle d'avril et mai prochains.

Premier candidat déclaré à cette primaire "à l'américaine", ouverte à tous les électeurs se disant sympathisants de gauche et inédite en France, François Hollande, 57 ans, était arrivé en tête du premier tour dimanche dernier, avec neuf points d'avance (39,2% contre 30,4%) sur Martine Aubry.
François Hollande a bénéficié de bons reports de voix des quatre candidats éliminés au premier tour, Arnaud Montebourg (17,2%), son ex-compagne Ségolène Royal (6,9%), Manuel Valls (5,6%), et le centriste de gauche Jean-Michel Baylet (0,6%). Ils s'étaient tous prononcés en sa faveur, et il partait donc favori.
"L'heure est à l'union", a déclaré après l'annonce des premiers résultats Mme Royal, pour qui "le candidat recueille donc une marque de confiance très forte".
Près de trois millions d'électeurs se sont déplacés, renouvelant le succès populaire du premier tour (2,7 millions de votants).

En votant dimanche matin, François Hollande s'était déjà placé dans la perspective de l'élection présidentielle: "Plus la mobilisation sera forte et plus la victoire sera claire et plus grandes seront les chances de notre candidat pour gagner en 2012", avait-il dit dans son fief de Tulle (centre).

Face à celui qui voulait incarner la rigueur de gauche, Martine Aubry, pour combler son retard, avait attaqué durement à la fin de la campagne son rival, accusé de représenter une "gauche molle" et d'être le "candidat du système" médiatique.
"Même s'ils ont un programme sensiblement proche, j'ai envie que ce soit une femme", expliquait dans le XXe arrondissement de Paris Laure, enseignante, qui a voté pour Martine Aubry, tandis qu'Annette, 66 ans, s'est prononcée pour François Hollande "parce qu'il est plus crédible et plus rassembleur".
Toute la semaine passée, les deux candidats avaient essayé de souligner leurs différences, notamment lors d'un débat mercredi suivi par plus de six millions de téléspectateurs.
Mais ce sont surtout les convergences qui sont apparues, tous deux étant les tenants d'un réformisme de gauche qui accepte les contraintes budgétaires et place la justice sociale en tête des priorités.

Grand absent de ce scrutin auquel il faisait figure de favori avant son arrestation mi-mai à New York après les accusations de viol portées par une femme de chambre, Dominique Strauss-Kahn a voté en toute discrétion.
Et encore une fois, son nom a été associé dimanche à un dossier très éloigné de la politique: il a demandé à "être entendu le plus rapidement possible par les juges" dans une affaire de proxénétisme, afin de mettre fin à des "insinuations malveillantes" le mentionnant comme client de prostituées.

A droite, le secrétaire général du parti présidentiel UMP, Jean-François Copé, a affirmé que le temps de la "contre-offensive" avait sonné pour la majorité. Celle-ci devrait être lancée dès le début de la semaine.