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Couverture spéciale de la révolte en Libye - Libye

Les rebelles prennent le QG de Kadhafi qui reste introuvable

Pour la communauté internationale, la fin du colonel est proche mais il faut rester vigilant.

Seif al-Islam a paradé dans les rues de Tripoli alors que les rebelles avaient annoncé son arrestation. Dario Lopez-Mills/

« La transition commence immédiatement » pour construire une « Libye nouvelle », a annoncé hier soir le numéro deux de la rébellion, Mahmoud Jibril, alors que les rebelles libyens ont pris le contrôle du quartier général de Mouammar Kadhafi à Tripoli, portant un coup de massue à l’ancien régime. « Les rebelles ont défoncé les murailles en béton de l’enceinte et ont pénétré dedans. Ils ont pris Bab al-Aziziya (QG de Kadhafi) entièrement. C’est fini », a indiqué le correspondant de l’AFP qui se trouvait à l’intérieur avec les rebelles. À l’intérieur du complexe, d’une superficie de plusieurs centaines de mètres carrés et composé de plusieurs bâtiments, les quelques centaines de rebelles se sont empressés de pénétrer dans les bâtiments. Ils se sont emparés dans l’un d’entre eux d’un stock d’armes, de munitions, fusils-mitrailleurs et pistolets.
Six mois après le début de la révolte en Libye, les rebelles criaient leur victoire. Ils se sont empressés de détruire tous les symboles du régime honni. Un rebelle, juché sur une sculpture représentant un poing empoignant un avion (symbole des attaques aériennes américaines sur le complexe en 1986), criait sa joie. Il tâchait de briser cet emblème du pouvoir. Un autre paradait et brandissait fièrement un fusil qui semblait être en plaqué or. Un autre piétinait d’autres symboles du régime.
Plus tard, le porte-parole militaire de l’insurrection a annoncé que le CNT transférera dans les 48 heures son siège actuel de Benghazi à Tripoli.
Aux alentours de la résidence, l’ambiance était également à l’euphorie. Les combattants célébraient la prise de la résidence hurlant leur joie et scandant « Allah akbar ». À la vue d’étrangers, ils s’empressaient de les remercier et criaient aussi leur gratitude à l’OTAN.
Les rebelles, entrés samedi soir à Tripoli, ont décidé en milieu d’après-midi de lancer l’assaut contre la résidence de Mouammar Kadhafi après avoir reçu le renfort de combattants venus de l’enclave de Misrata qui les ont aidés à s’attaquer au fief de Kadhafi. Mais cet assaut s’est accompagné également de nombreuses victimes. Plusieurs corps jonchaient le sol dans l’enceinte de la résidence, apparemment des soldats pro-Kadhafi.

Le mystère reste entier autour de Kadhafi
Quant à la situation du dirigeant libyen, le mystère restait entier. Les rebelles ont reconnu ne pas avoir trouvé trace du dirigeant libyen ou de ses fils. « Bab al-Aziziya est entièrement sous notre contrôle, mais le colonel Kadhafi et ses fils n’étaient pas sur place », a déclaré le porte-parole militaire de la rébellion, le colonel Ahmad Omar Bani, qui s’exprimait depuis Benghazi. « Personne ne sait où ils sont », a-t-il dit. Certains croient même qu’il a quitté Tripoli. Mais, coup de théâtre, dans la nuit de lundi à mardi, un des fils de Kadhafi, Seif al-Islam, qui avait été donné comme prisonnier par les rebelles, s’est présenté devant quelques journalistes à Tripoli, fanfaronnant et indiquant que son père était toujours dans la capitale. Je suis là « pour démentir les mensonges », a déclaré Seif al-Islam, tout sourire. « Kadhafi et toute la famille sont à Tripoli », a-t-il dit. La Cour pénale internationale (CPI) n’a « jamais » eu la confirmation de l’arrestation annoncée de Seif al-Islam, recherché pour crimes contre l’humanité en Libye, a affirmé pour sa part le porte-parole de la cour.
Sur le front est, les rebelles avançaient vers le port pétrolier de Ras Lanouf, en direction de Syrte, ville d’origine de M. Kadhafi, a indiqué la rébellion. « Nos combattants ont avancé de plus de 40 kilomètres au-delà de Brega. Nous avons dépassé la localité de Bishr, nous serons ce soir à Ras Lanouf ». Située à environ 240 km au sud-ouest de Benghazi, fief des rebelles, la cité pétrolière de Brega marquait jusqu’à présent le front est du conflit.

Réactions internationales
Au plan international, le président français Nicolas Sarkozy et son homologue américain Barack Obama sont convenus de « poursuivre leur effort militaire » jusqu’à ce que « Kadhafi et son clan » déposent les armes, a affirmé la présidence française dans un communiqué. « La fin est proche. Pour le régime de Kadhafi, il s’agit du dernier chapitre », a déclaré de son côté la porte-parole de l’OTAN, Oana Lungescu. Pour Londres, également, M. Kadhafi est « acculé » et sa « défaite n’est qu’une question de temps ». Même son de cloche côté espagnol, la ministre espagnole des Affaires étrangères estimant que « l’ère Kadhafi touche à sa fin », même s’il reste une « incertitude » sur le temps qu’il faudra pour que le régime tombe.
Mais la victoire des insurgés « n’est pas complète », a déclaré Alain Juppé, indiquant que l’OTAN doit rester en alerte et aller au bout de sa mission. Israël souhaite pour sa part la victoire des forces rebelles dans leur combat contre un « clown dangereux ».
Parallèlement, le royaume de Bahreïn a annoncé qu’il reconnaissait le CNT comme le « représentant légitime » du peuple libyen. Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a quant à lui déclaré que Kadhafi et ses fils devraient être jugés par la CPI, estimant que ces derniers seront rapidement capturés.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmat Davutoglu, s’est rendu quant à lui à Benghazi où il a rencontré le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil.
Enfin, les premières aides financières vont commencer à arriver. Les États-Unis ont indiqué travailler à débloquer dans les prochains jours « entre 1 et 1,5 milliard de dollars » d’avoirs libyens gelés. L’argent sera versé au CNT pour « répondre aux besoins humanitaires et pour aider à établir un gouvernement sûr et stable », a annoncé le département d’État.
(Source : agences)
« La transition commence immédiatement » pour construire une « Libye nouvelle », a annoncé hier soir le numéro deux de la rébellion, Mahmoud Jibril, alors que les rebelles libyens ont pris le contrôle du quartier général de Mouammar Kadhafi à Tripoli, portant un coup de massue à l’ancien régime. « Les rebelles ont défoncé les murailles en béton de l’enceinte et ont...