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Couverture spéciale de la révolte en Libye - Diplomatie

Quinze milliards de dollars contre la promesse d’une démocratie

Une soixantaine de pays et organisations, réunis à Paris, appellent les Libyens à la réconciliation.

Le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, reçu par le président français, Nicolas Sarkozy, hier à l’Élysée, peu avant le début de la conférence des « amis de la Libye ». Miguel Medina/

L’ONU et les grandes puissances ont tracé hier à Paris une feuille de route aux nouvelles autorités de Tripoli, débloquant immédiatement 15 milliards de dollars contre la promesse de la démocratie, de la stabilité et de la réconciliation. Quarante-deux ans, jour pour jour, après la prise du pouvoir par Mouammar Kadhafi, et six mois après le sommet de Paris qui a lancé l’intervention militaire internationale contre le « guide » libyen, une soixantaine de pays et organisations s’étaient retrouvés hier en fin d’après-midi pour un sommet de deux heures. Étaient présents des membres de la coalition, comme l’Italien Silvio Berlusconi et l’Américaine Hillary Clinton. Mais aussi les patrons de la Ligue arabe Nabil al-Arabi et de l’ONU Ban Ki-moon, ainsi que l’Allemande Angela Merkel et des représentants chinois, russe ou algérien. Seule l’Afrique du Sud a boudé la conférence.
« Une quinzaine de milliards de dollars sont immédiatement dégelés », a déclaré le président français Nicolas Sarkzoy, à l’issue d’une conférence des « amis de la Libye » organisée à Paris. « L’argent détourné par M. Kadhafi et ses proches doit revenir aux Libyens. Nous nous sommes tous engagés à débloquer l’argent de la Libye d’hier pour financer le développement de la Libye aujourd’hui », a-t-il ajouté à propos d’un pactole estimé à plus de 50 milliards de dollars. À ce jour, des enveloppes de 1,5 milliard de dollars ou d’euros chacune ont été libérées des comptes américains, britanniques et français, et plusieurs pays ont annoncé leur intention de « dégeler » des fonds libyens. Mais l’aide financière et le soutien politique ont une contrepartie. La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a demandé aux dirigeants de la « Libye nouvelle » de « combattre l’extrémisme », alors que des doutes sont apparus sur certains dirigeants rebelles, jugés proches des islamistes ou d’el-Qaëda. « Les nouvelles autorités libyennes vont devoir continuer à lutter contre l’extrémisme violent et travailler avec nous pour s’assurer que les stocks d’armes de Kadhafi ne deviennent pas une menace pour les voisins de la Libye et le monde », a-t-elle demandé lors de cette conférence.
« J’ai un message pour le peuple libyen : nous avons parié sur vous et la communauté internationale a parié sur vous. Tout est entre vos mains pour réaliser ce que nous avons promis : la stabilité, la paix et la réconciliation », a répondu un peu plus tard devant la presse le président du Conseil national de transition (CNT, rébellion libyenne), Moustapha Abdeljalil. « L’islam encourage au pardon. Il encourage à la réconciliation », a-t-il ajouté. « L’État de droit doit être respecté », a-t-il encore affirmé. « Les participants vont demander au CNT d’engager un processus de réconciliation et de pardon pour que les erreurs faites dans d’autres pays dans le passé nous servent de lumière », a abondé Nicolas Sarkozy.
Outre les mises en garde, américaines notamment, l’ONU veut avoir un droit de regard sur la transition en cours en Libye et Ban Ki-moon s’est prononcé pour l’envoi rapide d’une mission dans le pays. « J’ai l’intention de travailler étroitement avec le Conseil de sécurité pour mandater une mission de l’ONU, qui devra débuter ses opérations dans un délai le plus court possible », a-t-il dit. Dans le même temps, les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France et de l’OTAN ont annoncé que les opérations militaires internationales se poursuivraient tant que Mouammar Kadhafi demeurerait une menace.
(Source : AFP)
L’ONU et les grandes puissances ont tracé hier à Paris une feuille de route aux nouvelles autorités de Tripoli, débloquant immédiatement 15 milliards de dollars contre la promesse de la démocratie, de la stabilité et de la réconciliation. Quarante-deux ans, jour pour jour, après la prise du pouvoir par Mouammar Kadhafi, et six mois après le sommet de Paris qui a lancé...