Nouvelle incursion des forces syriennes dans la Békaa : un Syrien tué

Des forces syriennes sont entrées jeudi au Liban et ont tué un Syrien vivant dans la région de la Békaa, près de la frontière, a indiqué à l'AFP un responsable de la sécurité. "Vers 14h30 (11h30 GMT), dans une zone isolée appelée Saaba, près d'Aarsal, les troupes syriennes sont entrées sur le territoire libanais et ont ouvert le feu sur le fermier Ali al-Khatib, un ressortissant syrien", a-t-il expliqué, sous couvert de l'anonymat. "Son corps est encore sur place et une enquête est en cours", a ajouté ce responsable. Selon lui, M. Khatib était marié à une Libanaise et vivait dans le secteur, où la frontière n'est pas délimitée clairement.

Un responsable gouvernemental, s'exprimant également sous couvert de l'anonymat, a confirmé l'incident, ajoutant qu'il n'était pas clair dans l'immédiat si M. Khatib avait été visé spécifiquement et que les circonstances exactes de son décès n'étaient pas encore connues. "La zone en question est vraiment difficile d'accès et située exactement le long de la frontière", a-t-il ajouté.

La chaîne Future News avait auparavant rapporté que la victime, Ali al-Khatib, était de nationalité libanaise.

Mardi, des chars de l’armée syrienne se sont introduits à Ersal, une région frontalière entre le Liban et la Syrie, tirant en direction d’une usine de batterie abandonnée, croyant qu’elle abritait des éléments armés.

L’ambassadeur syrien au Liban, Ali Abdelkarim Ali, a affirmé jeudi que le Liban et la Syrie sont en train de traiter la question de l’incursion de l’armée syrienne à Ersal et qu’il ne faut pas exagérer l’incident. "Les deux Etats veillent au respect de la souveraineté", a-t-il assuré.

Le ministre libanais de la Justice, Chakib Cortbawi, avait affirmé plus tôt dans la journée, lors d’une intervention sur la radio Voix du Liban, que le gouvernement n'a publié aucun communiqué condamnant la violation syrienne à Ersal car les forces de sécurité intérieure et l'armée libanaise sont en train de s’occuper de la question.

Par ailleurs, le Liban a affirmé jeudi son attachement à protéger les ressortissants syriens fuyant la répression de la contestation dans leur pays, après des inquiétudes exprimées à ce sujet par les Etats Unis. "Nous fournissons une assistance à ces gens-là, un refuge, des médicaments, la scolarisation de leurs enfants", a déclaré à l'AFP le Premier ministre, Najib Mikati, assurant avoir "une approche purement humanitaire" de la question des réfugiés syriens dont il a évalué le nombre à 5.000. A la question de savoir si cette protection incluait des membres de l'opposition ou des militaires ayant fait défection, M. Mikati a simplement répondu que son pays était engagé à aider les "citoyens syriens".

M. Mikati a dit qu'il n'avait reçu aucune plainte sur des cas de personnes arrêtées ou expulsées vers la Syrie, insistant sur le fait que la position de son pays sur cette question était "purement humanitaire".

L'ambassadeur des Etats-Unis à Beyrouth a exhorté les autorités libanaises à protéger les membres de l'opposition syrienne résidant au Liban, au moment où des informations circulent sur la traque de certains d'entre eux et leur renvoi en Syrie. L'ambassadeur Maura Connelly a lancé cet appel lors d'un entretien mardi avec le ministre libanais de la Défense, Fayez Ghosn, selon un communiqué de la chancellerie publié mercredi. "L'ambassadeur Connelly a souligné l'importance qu'accordent les Etats-Unis au rôle des forces armées libanaises dans la protection des membres de l'opposition syrienne résidant au Liban, en respect des engagements internationaux du Liban", a affirmé le texte.

Des membres de l'opposition syrienne ont trouvé refuge au Liban voisin depuis le début, le 15 mars, de la révolte contre le régime de Bachar el-Assad. Des déserteurs ont aussi fui au Liban, en traversant la frontière poreuse. Des informations ont circulé dans les médias selon lesquelles les forces de sécurité pourchassent des figures de l'opposition et les renvoient chez elles.