Il relate ainsi les intimidations, les menaces de mort et les pressions exercées sur lui et ses compatriotes venus se réfugier au Liban sans pour autant renoncer à leur combat à distance, pour « soutenir ceux qui tombent tous les jours sur le champ de bataille » dans le bras de fer qu’ils mènent avec les forces de l’ordre syriennes.
Membre du bureau politique des comités de coordination, et l’un des représentants des jeunes révolutionnaires en Syrie, Omar vit, depuis sa venue à Beyrouth en juin dernier, dans la clandestinité. Jour après jour, il change de domicile et ne se déplace que pour des raisons majeures. « Je me suis presque imposé un régime d’assignation à résidence », dit-il dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour. Après avoir envoyé sa femme et son enfant unique en Égypte pour les protéger, il a choisi de venir au Liban pour poursuivre son combat.
Quelques jours après le départ forcé aux États-Unis de son camarade de révolution, Rami Nakhlé (Alias Malaf Aumran), un cyberdissident très connu des journalistes pour son activisme à partir du Liban, Omar déclare qu’il a désormais de quoi dénoncer ceux qui viennent poursuivre les cyberdissidents jusque dans Beyrouth. Il compte d’ailleurs tenir une conférence de presse prochainement, pour dévoiler les manœuvres orchestrées contre les activistes.
« Les services de renseignements du régime syrien n’ont pas tardé à me repérer. Ils ont envoyé un “médiateur” pour m’approcher en vue de me kidnapper et de m’assassiner », dit-il.
Omar n’a pu connaître ces faits que parce que « l’agent » envoyé au Liban pour exécuter la mission a fini par tout révéler.
« Cette personne avait été démarchée par les services de renseignements syriens qui ont fait pression sur elle pour venir nous retrouver au Liban », confie Omar. La mission de « l’agent » consistait à se rapprocher de lui notamment par le biais d’un ami commun, à gagner sa confiance, avant de passer à l’acte et l’éliminer, raconte le cyberdissident. Ayant promis aux services de renseignements de s’acquitter de sa mission, « l’agent » a pris contact avec Omar par le biais de son ami et lui a tout raconté, devant la caméra. « Depuis, il a quitté le Liban vers une destination inconnue, pour se protéger. »
Mais les menaces ne se limitent pas à cette histoire. Régulièrement, Omar, et avant lui Rami recevaient des menaces de mort qui leur parvenaient « de certains individus appartenant à des formations politiques qui sont idéologiquement proches de la Syrie », dit-il, en refusant de nommer ces partis. « Tout ce que je peux dire, c’est que ce ne sont pas les autorités libanaises qui nous poursuivent, mais des partisans proches de la Syrie », ajoute-t-il, démentant qu’il s’agisse du Hezbollah.
Omar, qui a insisté à donner son vrai nom, est très médiatisé. Son combat, il le mène ouvertement, jusque sur les plateaux des chaînes de télévision qu’il visite régulièrement pour intervenir « dans les talk-shows ou les émissions politiques ». « Certes, dit-il, je crains toujours les mauvaises surprises à ma sortie du studio. Mais je prends les précautions qu’il faut, en m’entourant notamment d’amis, jusqu’à ce que j’arrive chez moi. » Contrairement à d’autres opposants qui prennent le soin de garder un profil bas au Liban, lui préfère militer à visage découvert.
« Il y a tous les jours des dizaines de victimes qui meurent. Lorsque mon heure sonnera, il y en aura d’autres qui viendront prendre la relève », dit-il sur un ton ferme. « Une chose est sûre, ajoute l’activiste qui tient à lancer un dernier message, il faut savoir que les jeunes révolutionnaires syriens sont déterminés à aller jusqu’au bout, jusqu’à la chute du régime, jusqu’à l’instauration d’un État démocratique. »