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Nos Lecteurs ont la Parole

Lettre au patriarche Raï

Par Ronald BARAKAT
Éminence,
Votre élection à la tête de notre vénérable Église maronite a suscité en moi une double joie : celle du chrétien, et celle du citoyen. Celle du chrétien qui s’est longtemps désaltéré de votre intarissable source de spiritualité et de sagesse et qui s’est réjoui de voir son « berger » arrivé au sommet de la montagne sainte qui surplombe Antioche et tout l’Orient. Et celle du citoyen qui, vous connaissant, et connaissant vos nombreuses positions préalables sur les affaires temporelles de notre pays, s’est conforté à l’idée que les constantes de Bkerké, à savoir celles de souveraineté, de dignité, de primauté de l’État, de justice, d’équité et d’humanité ont été remises en des mains fermes et sûres, tout en demeurant ouvertes aux bien intentionnés.
Je comprends, ainsi que bon nombre de mes coreligionnaires et concitoyens, que vous ayez voulu donner à votre mission un nouveau souffle et un nouveau départ qui se sont traduits par votre volonté de réunir les ouailles des deux bords, d’où la rencontre sous votre égide des chefs de notre communauté qui, malheureusement, est restée sans effet et sans suite, ceux-ci demeurant à couteaux tirés.
Je comprends aussi que, pour laisser les canaux ouverts entre les membres de la même paroisse et avec tous nos partenaires sociaux, vous arrondissiez les angles, parfois un peu trop, au point de susciter des interrogations chez ceux qui ont salué votre consécration.
Je comprends que vous vouliez, de bonne foi, ménager la chèvre et le chou et apprivoiser le loup d’en face, même si ce loup ne semble pas apprivoisable.
Mais ce que je ne comprends pas, Éminence, ce sont vos propos parisiens qui veulent donner une chance à celui qui, voilà bientôt six mois, commet des atrocités sans pareilles contre son peuple, dont le régime s’abreuve du sang des innocents – jeunes, vieux, femmes, enfants. Un régime qui fauche, chaque jour, des dizaines de voix réclamant la liberté, qui tire à bout portant sur des manifestants désarmés, qui mutile les enfants, tranche les gosiers chantants, perquisitionne, viole et détruit les maisons sur les corps inertes de leurs habitants. Un régime dont les geôles résonnent des cris de torture et les geôliers poussent des soupirs de satisfaction.
Ce que je ne comprends pas, c’est d’entendre des laïcs, tels que le président français, dont vous étiez l’hôte, dire que ce régime a « commis l’irréparable » et son ministre des Affaires étrangères parler de « crime contre l’humanité »... et pas vous. Sont-ils plus chrétiens que vous ? Votre souci de ce qu’il pourrait advenir des chrétiens de Syrie justifie-t-il votre silence devant le massacre d’êtres humains pour la plupart non chrétiens ? Vos craintes paroissiales d’un scénario irakien, qui a fait bien plus de victimes sunnites et chiites que chrétiennes, justifient-elles le maintien d’un régime qui extermine son peuple ? Et ce que je trouve encore plus incompréhensible, Éminence, c’est que vous ayez appuyé vos propos indéfendables par des démarches diplomatiques de persuasion dans ce sens, allant jusqu’à vouloir décourager le soutien occidental aux soulèvements populaires dans les pays arabes.
Mais je réserve le comble de mon incompréhension à votre plaidoyer pour l’application des résolutions de l’ONU afin d’enlever tout prétexte à une milice armée d’asseoir son hégémonie idéologique (que vous admettez, fort heureusement) sur notre pays, comme si les intéressés avaient besoin de prétexte... et de votre
plaidoyer.
Il ne fait aucun doute, Éminence, que vous êtes un patriarche bon, mû par la bonne foi et de bonnes intentions, mais soyez aussi, comme votre prédécesseur, un bon patriarche.
Éminence, Votre élection à la tête de notre vénérable Église maronite a suscité en moi une double joie : celle du chrétien, et celle du citoyen. Celle du chrétien qui s’est longtemps désaltéré de votre intarissable source de spiritualité et de sagesse et qui s’est réjoui de voir son « berger » arrivé au sommet de la montagne sainte qui surplombe Antioche et tout l’Orient. Et celle du citoyen qui, vous connaissant, et connaissant vos nombreuses positions préalables sur les affaires temporelles de notre pays, s’est conforté à l’idée que les constantes de Bkerké, à savoir celles de souveraineté, de dignité, de primauté de l’État, de justice, d’équité et d’humanité ont été remises en des mains fermes et sûres, tout en demeurant ouvertes aux bien intentionnés.Je comprends, ainsi que bon...
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