Rechercher
Rechercher

Culture - Réflexion

Cimaises noires à la Maison-Blanche

À six ans, elle s’est retrouvée au cœur du problème crucial de la ségrégation et aussi dans une toile du peintre de l’Amérique, Roman Rockwell. Aujourd’hui, à 51 ans, Ruby Bridges assiste à l’accrochage de ce portrait à la Maison-Blanche.

La toile de Rockwell, réalisée en 1963.

Une petite fille noire en robe blanche, chaussettes blanches et chaussures blanches, tenant en main livres, crayons et règle, se rend à école. Comme tous les enfants du monde. Sauf qu’elle est encadrée par des gardes du corps blancs. Tel est le sujet d’un tableau de Norman Rockwell intitulé Le Problème que nous vivons tous. Un titre simple qui évoque un problème crucial de l’Amérique d’avant les années 60 : le racisme. Cette œuvre vient d’être accrochée, temporairement, sur le murs de la Maison-Blanche qui, au-delà du décorum et de l’esthétique, se veut cimaises de créations, reflet de l’histoire et source de réflexion.
Les parents de cette petite fille, âgée de six ans en 1960 et nommée Ruby Bridges, avaient tout fait pour qu’elle puisse passer à travers les barrières de la ségrégation (notamment en l’envoyant dans une école d’élèves blancs dans La Nouvelle-Orléans), sans craindre d’essuyer les opprobres de tous genres des Blancs, tous âges confondus. Des moments difficiles pour cette famille désireuse de donner la meilleure éducation qui soit à leur enfant, première Afro-Américaine à franchir ce pas. À cause de l’opposition des Blancs à intégrer les Noirs, elle avait besoin de protection pour entrer à l’école. Et comme les officiers locaux refusaient de la protéger, elle était accompagnée par des marshalls fédéraux.
Ruby Bridges ne l’oublie pas et, adulte, elle crée une fondation destinée à promouvoir l’éducation et l’intégration. En fêtant aujourd’hui son 51e anniversaire, la jeune femme a été conviée à l’accrochage à la Maison-Blanche de la toile la représentant. Elle l’a commentée en précisant que la petite fille qu’elle était dans le tableau ne savait encore rien du racisme à son premier jour d’école: «C’est une notion qui n’est pas innée, mais que l’on vous transmet. Une leçon que j’ai apprise très tôt: ne pas juger les gens selon la couleur de leur peau.»

Et aussi Degas, de Staël et Morandi
Norman Rockwell (1894-1978), légendaire conteur de la vie de l’Américain moyen, n’avait pu qu’immortaliser ce déclic de la lutte contre la discrimination raciale, étant lui-même un adepte de l’égalité et de la tolérance. La présence de cette œuvre à la Maison-
Blanche témoigne du désir de l’actuelle administration de mettre en valeur une veine créatrice, révélatrice de l’histoire de l’Amérique et surtout de son volet afro-américain. Ainsi, on a pu voir sur les murs de la présidence Noir comme moi, de Glenn Ligon (inspiré d’un livre sur un homme blanc qui a noirci sa peau pour expérimenter la ségrégation), Booker T., la légende de Washington, de William H. Johnson, montrant une ancienne esclave enseignant à de jeunes Noirs, Lumière du ciel, d’Alma W. Thomas. Dans ce contexte, Ruby Bridges dit, à propos de l’accrochage de son ancien portrait à la Maison-Blanche, sa fierté «de (se) tenir côte à côte avec l’histoire».
Mais la Maison-Blanche n’a pas que des cimaises noires. Elle possède une importante collection d’œuvres d’art d’une grande variété représentatives aussi bien du patrimoine américain que celui du monde: notamment deux danseuses en bronze de Degas, des natures mortes du peintre italien Giorgio Morandi et une impression de Nice par Nicolas de Staël. Et chaque mandat a été de sa propre sélection, enrichissant ce lot présidentiel. Par ailleurs, il est habituel que les grands musés américains (notamment la National Gallery of Art, le musée des sculptures Hirshhorn) prêtent pour un temps déterminé quelques-uns de leurs trésors.
Une petite fille noire en robe blanche, chaussettes blanches et chaussures blanches, tenant en main livres, crayons et règle, se rend à école. Comme tous les enfants du monde. Sauf qu’elle est encadrée par des gardes du corps blancs. Tel est le sujet d’un tableau de Norman Rockwell intitulé Le Problème que nous vivons tous. Un titre simple qui évoque un problème crucial de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut