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Analyses

L'autorité morale des USA toujours en berne

La prison de Guantanamo, symbole des excès de l'ère Bush, toujours pas fermée malgré les promesses en ce sens de son successeur, Barack Obama. Photo archives/

"Guerre contre le terrorisme", Guantanamo, prisons secrètes de la CIA : dix ans après les attentats du 11 septembre, la vague de compassion dont avaient bénéficié les Etats-Unis a largement reflué et le pays n'a toujours pas récupéré son autorité morale.

A son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2009, Barack Obama avait soulevé un immense espoir. Certains pensaient que le nouveau président américain serait capable de rétablir la primauté du droit, allègrement piétinée, selon certains, par son prédécesseur George W. Bush, ont expliqué des analystes à l'AFP. Ces mêmes experts jugent que M. Obama a déçu.

"L'administration Obama a mis de côté la phraséologie guerrière de l'administration Bush, mais elle n'en a pas moins repris à son compte l'arsenal juridique de l'administration Bush encadrant la conduite de conflits", juge Hina Shamsi de l'ACLU, une influente organisation américaine de défense des droits de l'homme. Les détentions indéfinies de suspects, les tribunaux militaires, les assassinats ciblés de personnes suspectées de terrorisme ont même, selon Mme Shamsi, "conforté" les règles établies par l'administration Bush pour mener la "guerre au terrorisme". Et de souligner que cette posture ne représente pas seulement "un grave danger pour les droits de l'homme et l'état de droit". Les "alliés" de Washington "la perçoivent aussi comme une grave menace".

 

Tout a commencé sous l'administration Bush, lorsque, sous le prétexte fallacieux de chercher des armes de destruction massive, les Etats-Unis ont lancé, avec l'aide de pays alliés, l'invasion de l'Irak en 2003. Ensuite, cette même administration a dû faire face à un feu nourri de critiques en raison de la façon dont les personnes suspectées de terrorisme étaient traitées. Car Washington n'a pas hésité à enlever des suspects pour les transférer dans des prisons secrètes sans inculpation et les soumettre à ce que certains assimilent à de la torture.

Près de trois ans après son élection, Barack Obama n'a que partiellement mis fin à ces pratiques. Les "assassinats ciblés" de suspects, à l'aide de drones notamment, continuent. Pour Hina Shamsi, autant l'administration Obama peut justifier les frappes de drones au Pakistan, utilisé par les insurgés comme base arrière, autant tuer des suspects dans des pays où les Etats-Unis ne sont pas en guerre, comme le Yémen et la Somalie, est difficilement défendable.

Pire, le symbole des excès de l'ère Bush, la prison de la base de Guantanamo à Cuba est toujours en activité, malgré la promesse de Barack Obama de la fermer.

 

In fine, estime Brian Katulis du centre de réflexions Center for American Progress, les Etats-Unis ont dilapidé le capital de sympathie amassé au moment des attentats du 11 septembre. "Après une brève période d'empathie exprimée par le reste du monde après les attaques, la guerre en Irak a largement entamé" ce capital, dit-il.

Mme Wendy Chamberlin, ancienne ambassadeur des Etats-Unis au Pakistan, reconnaît volontiers que le président Obama a douché une bonne partie des espoirs qu'il avait lui même éveillés. Mais, assure-t-elle, il a tout de même permis aux Etats-Unis de redorer quelque peu leur blason sur la scène internationale par rapport à l'ère Bush. La politique menée par George W. Bush "nous a fait énormément de mal. Toute la planète, même nos alliés en Europe, ont perdu confiance dans notre autorité morale", insiste Mme Chamberlin.

Et M. Katulis de renchérir: "le cœur du problème, c'est que nous n'avons pas fait tout ce que nous avions annoncé (sous M. Obama), qu'il s'agisse de la fermeture de la prison de Guantanamo ou de faire avancer le processus de paix au Proche-Orient".

 

"Guerre contre le terrorisme", Guantanamo, prisons secrètes de la CIA : dix ans après les attentats du 11 septembre, la vague de compassion dont avaient bénéficié les Etats-Unis a largement reflué et le pays n'a toujours pas récupéré son autorité morale.
A son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2009, Barack Obama avait soulevé un immense espoir. Certains pensaient que...