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Lifestyle - Religion

Dans un bourg du sud du Kosovo, la tradition des circoncisions collectives

Le Sunet, qui a lieu tous les cinq ans, donne lieu à de multiples réjouissances à Lubinje.

Lubinje est le seul village qui conserve encore la tradition des circoncisions collectives, avec ses cérémonies et ses costumes traditionnels. Armend Nimani/AFP

Tous les cinq ans à Lubinje, dans les montagnes du sud du Kosovo, les cris des petits garçons se font entendre lors d’une cérémonie traditionnelle de circoncisions collectives, le « Sunet », à laquelle les habitants restent très attachés. 91 jeunes garçons, âgés de 10 mois à cinq ans, vont être circoncis ce jour-là à Lubinje. Une dizaine d’hommes, conduits par l’imam local et un barbier, défilent dans les ruelles du bourg et vont de porte en porte. Ils sont accompagnés de cinq musiciens jouant de la flûte et d’un tambourin, des instruments populaires. L’ambiance est festive. Adbil Bajrami, 90 ans, ne cache pas sa joie. Son arrière-petit-fils de deux ans, Eldis, doit être opéré. Le Sunet symbolise deux choses pour lui : « Eldis va commencer à devenir un homme et un musulman », explique le vieil homme. Soudain, c’est le silence. La procession est arrivée devant la demeure d’Adbil, dans une ruelle étroite et escarpée. Le barbier, qui exerce à Lubinje depuis des décennies, pénètre dans la maison, avec l’imam et deux assistants qui vont immobiliser l’enfant pendant la circoncision. Elle se déroulera sans anesthésie. Les femmes inquiètes ne sont pas admises dans la chambre. Sheherzada, la mère d’Eldis, est dans la pièce d’à côté. Elle entre dans une sorte de transe et fait rouler entre ses paumes une pièce de bois servant à la fabrication du pain. La coutume veut que la mère atténue ainsi la douleur de son fils. Un cri perçant. Eldis a été opéré. Les hommes clament « Allahu Ekber ». La musique revient. Le cortège s’ébranle et remonte des venelles, vers une nouvelle demeure. Sheherzada essuie des larmes de joie et entre dans la chambre de son fils. Étouffant ses sanglots, elle s’agenouille au pied de son lit et embrasse sa main. « Je suis l’homme le plus heureux au monde aujourd’hui ! », s’exclame le père, Ersan, 30 ans, en préparant les mets pour les invités assis sur la terrasse de la maison.
Les habitants de Lubinje se disent bosniaques – un terme utilisé habituellement pour les musulmans de Bosnie – alors qu’ailleurs, on les appelle les Gorani, littéralement « ceux de la montagne ». Ils font partie d’une petite communauté musulmane qui s’est installée au cours des siècles le long de la frontière entre le Kosovo et la Macédoine, à quelque 120 km au sud de la capitale, Pristina. Leur langue, qu’ils appellent « nasinski », est constituée d’apports albanais, macédoniens, serbes et turcs. Ils sont très attachés aux traditions, plus qu’à la politique, pour conserver leur identité dans cette région qui fut une poudrière ethnique. « J’ai été circoncis de la même manière lorsque j’avais six ans. Je me souviens que mon père et mon grand-père me disaient qu’il en avait été de même pour eux, ainsi que pour leurs parents, leurs grands-parents », confie Adbil. « Le Sunet est l’événement le plus important dans la vie de chaque homme. Tu peux te marier une, deux fois, autant de fois que tu veux, mais tu ne peux faire Sunet qu’une seule fois », déclare Feim, le grand-père d’Eldis.
Les circoncisions collectives étaient pratiquées autrefois dans toute la région, mais maintenant seuls les quelque 6 000 habitants de Lubinje perpétuent tous les cinq ans cette coutume. « Nous préservons jalousement notre tradition. Elle fait partie de notre identité », déclare Refki Kasi, journaliste d’une radio locale diffusant des programmes en « nasinski ». « Stockholm a le prix Nobel, Hollywood a les oscars et nous, nous avons le Sunet », ajoute-t-il. Le Sunet donne lieu à de multiples réjouissances à Lubinje. Les habitants se réunissent pour un vaste banquet et participent à des concours de sports traditionnels remontant à l’occupation ottomane, comme une sorte de catch ou des sauts en longueur. Le vieil Adbil est heureux. « J’ai vécu suffisamment pour voir quatre générations de ma famille participer au Sunet. C’est mon plus grand bonheur. »

           (Source : AFP)
Tous les cinq ans à Lubinje, dans les montagnes du sud du Kosovo, les cris des petits garçons se font entendre lors d’une cérémonie traditionnelle de circoncisions collectives, le « Sunet », à laquelle les habitants restent très attachés. 91 jeunes garçons, âgés de 10 mois à cinq ans, vont être circoncis ce jour-là à Lubinje. Une dizaine d’hommes, conduits par...

commentaires (1)

Drôle de tradition!! Quel rapport entre la religion et le sexe??

Rita Arslanian

15 h 17, le 01 septembre 2011

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Commentaires (1)

  • Drôle de tradition!! Quel rapport entre la religion et le sexe??

    Rita Arslanian

    15 h 17, le 01 septembre 2011

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