Assassinat Hariri : l'acte d'accusation divise plus que jamais la classe politique libanaise

Sans surprise, l'acte d'accusation publié hier par le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) continuait, aujourd'hui, de susciter des réactions de la part des représentants politiques des deux bords au Liban.

Le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, a ainsi affirmé que le TSL « est devenu l’accusé ». Dans une intervention sur la télévision al-Jadeed, le député a déclaré que « les preuves présentées par le tribunal sont clairement insuffisantes ». « Cet acte d’accusation est dangereux et il encourage la discorde (…), il est politisé par excellence », a ajouté M. Fadlallah. En ce qui concerne l’action du gouvernement à ce sujet, il a affirmé que le Premier ministre Mikati saura comment réagir.

Le député du bloc du Changement et de la réforme (Courant patriotique libre) Alain Aoun a, pour sa part, affirmé que la division des Libanais au sujet de l’acte d’accusation « nous fait penser que les (Libanais) sont victimes d’un grand jeu qui vise à créer la discorde ». « Certaines parties attendent le bon moment pour se débarrasser d’autres parties au lieu de chercher un terrain commun pour le bien de l’unité du pays », a-t-il ajouté lors d’une intervention sur la télévision Al-Manar.

Quant au député Sleiman Frangié, chef du Courant Marada, il a affirmé à Al-Manar que l’acte d’accusation du TSL est un « plan qui vise la résistance » après celui de la guerre de juillet. « C’est un plan préparé à l’avance et par conséquent la décision est déjà prise », a ajouté M. Frangié. « La haine manifestée par  l’ex-Premier ministre Saad Hariri a gagné sur l’intérêt national libanais et il considère que son père est plus important que le Liban et que la stabilité, a-t-il encore affirmé. Par le passé, il espérait que la Syrie soit accusée de l’assassinat de Rafic Hariri et aujourd’hui il veut que ca soit le Hezbollah. (Saad Hariri) ne veut plus savoir qui a tué(son père), car ce qui est demandé internationalement c’est d’encourager la haine entre sunnites chiites ». « Je suis tout à fait d’accord avec le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, au sujet de l’existence d’un plan visant à attaquer l’unité nationale au Liban parce que les Américains veulent entraîner le pays et la région vers la discorde », a-t-il poursuivi, ajoutant : « nous sommes avec le régime syrien, la résistance et l’arabité et nous verrons qui gagnera ».

Du coté de l’opposition, le député du bloc du futur, Mouin Merhebi a déclaré à la radio As-Sharq que le Hezbollah doit coopérer avec le TSL « objectivement et raisonnablement ». Une telle coopération « ouvrira la voie à la préservation de l’unité nationale et de la coexistence ». Il a ensuite appelé Sayyed Nasrallah à « présenter des preuves au lieu de prononcer des discours ».

Un autre député du bloc du Futur, Ammar Houri, a réagi en affirmant à la télévision Future news que le « tumulte » créé par le Hezbollah autour de l’acte d’accusation « n’innocente pas les suspects ». « Le tribunal continuera son travail et le procès aura lieu », a-t-il ajouté. Il a également affirmé que le secrétaire général du Hezbollah est en train d’utiliser la communauté chiite au Liban comme façade « pour cacher les accusés » et que cela « est suspect ».

Le secrétaire général du 14 Mars, Fares Souaid, a également affirmé que le Hezbollah se cache derrière la communauté chiite. « C’est la fin du jeu et le Hezbollah doit coopérer, a affirmé M. Souaid, dans une intervention sur la radio Voix du Liban (100.5). Nous avons attendu l’acte d’accusation pendant six ans (…), c’est donc une victoire morale (du 14 Mars) ».