Moubarak au tribunal, tel un pharaon, allongé, déjà ceint de bandelettes blanches, attendant la momification et le passage vers l’autre rive. Celle de la déchéance, d’abord. Standard and Poor’s jouant aux chiffres et aux lettres, ou quand AAA devenant AA+ entraîne des chutes de 10 % dans les Bourses. L’économie mondiale joue à se faire peur, mais y en a marre des pays qui vivent au-dessus de leurs moyens et qui s’agrippent aux besogneux au moment de leur naufrage. La Fontaine peut rhabiller sa fourmi !
Une bonne nouvelle cependant : les manifestants de Tel-Aviv reprennent à leur compte le slogan du printemps arabe : le peuple désire. Ach-cha3b yourid. En hébreu évidemment. Et nous, à Beyrouth, qu’est-ce qu’on désire ?
Chacun, replié sur son aire de montagne, passera le week-end du 15 août sur son mar2ad 3anzé.
Là, de kermesses en feux d’artifice et autres feux de camp, chaque village fêtera l’assomption de la Vierge d’une manière archaïque, primitive, païenne. Beaucoup de bruits collectifs pour conjurer des peurs individuelles. Il est loin le temps où, pour la procession de Knisset el-Tallé, des ailes de gaze arrimées aux épaules donnaient aux enfants l’assurance que l’innocence durerait toujours. Festoyer en ayant une pensée empathique pour les concitoyens qui risquent la déshydratation diurne en attendant les amareddine et fattouche quotidiens. Les remercier pour les délicieux kelleges crus de ramadan. Ceux qui donnent bonne conscience.
Mais surtout, surtout, louer le courage des frères syriens, qui subissent aujourd’hui ceux-là mêmes qui nous ont infligé tant de misères depuis des décennies, et mépriser les Occidentaux timorés et leur realpolitik. Bondir en entendant les menaces de retour des Syriens, brandies par Michel Aoun. Le rassurer en lui disant que depuis la mort de tante Najla, nous n’avons plus peur d’Abou Kisse. Que ceux qui nous menacent feraient bien de balayer devant leur porte ! Penser que la léthargie des Damascènes les rend coupables de la mort de leurs compatriotes, plus courageux qu’eux. Mais tant que la capitale ne bougera pas, les villes périphériques continueront d’être livrées aux chabbiha. Leur livrer cette phrase lue quelque part : « Plus assourdissant que le bruit des bottes, le silence des pantoufles. »
L’essentiel reste cependant de savoir si les méduses ont déserté ma plage...
commentaires (9)
Du grand Carla,tu nous surprendras toujours.Du beau life tous azimut.Encore une fois bravo pour tant de nouveautés et de trouvailles.Avec du style.Euph
Ephrasia Chémali
09 h 24, le 12 août 2011