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Culture - Festival de Baalbeck

Louis Hayes, cuvée millésimée du be-bop

C’était bien presque 500 personnes, les aficionados libanais du jazz en fait, qui ont fait le déplacement pour Louis Hayes, batteur des années dorées du be-bop. Et il valait la peine, ce déplacement, non seulement pour cette légende encore vivante, mais aussi pour les autres membres du Cannonball Legacy Band...

Le Cannonball Legacy Band de Louis Hayes au grand complet dans le temple de Bacchus.

Dans l’intimité du temple de Bacchus, étrangement éclairé par un feu d’artifice de spots acidulés, les cinq musiciens sont montés sur scène à 20h30 précises. Même ceux qui sont venus sans savoir grand-chose de Louis Hayes, ses collègues étaient là pour le leur rappeler. En effet, qui n’a pas remarqué leur immense respect, leur joie presque solennelle de jouer aux côtés d’un très grand, qui a signé nombre d’enregistrements originaux avec les icônes du jazz américain des années 50 à 60 ? Ces marques d’admiration ont contaminé une audience qui a très vite compris à qui elle avait à faire, et qui a épargné aux jazzeux mélomanes ses sonneries de téléphone, son bavardage de salon et sa grossièreté habituelle lors de ces festivals d’été...
Il s’agit maintenant de rendre justice aux deux accompagnateurs du groupe, qui ont très vite obtenu, par la chaleur et le doigté de leur interprétation, les faveurs des spectateurs : le pianiste Anthony Wonsey, né en 1972, qui a appris le piano classique à la maison avec sa mère avant d’intégrer le prestigieux
Berklee College. Un swing d’enfer, une belle présence qui lui vaudront un solo de presque dix minutes... Quant à Richie Goods, bassiste et contrebassiste de pop comme de jazz, il a instantanément séduit l’auditoire avec un toucher juste et puissant, qui s’est révélé lors de l’interprétation de The Chant de Victor Feldman, autre génie du piano et de la batterie.
Vincent Herring et Jeremy Pelt, les deux costars du Cannonball Legacy Band, étaient visiblement très heureux d’être là, comme tous les artistes qui se sont produits sur ce site merveilleux et qui font systématiquement part de leur enchantement pour les temples et leur acoustique... Décontractés mais présents dans chaque souffle poussé dans leur instrument, voilà des musiciens capables de solliciter l’ouïe sur chaque note émise, ce qui est la marque d’un grand talent, comme le public a pu le vérifier pendant Autumn Leaves, où Jeremy Pelt a « assuré », là où un certain Miles avait laissé, en 1958, une empreinte légendaire sur l’album « Somethin’ else » dont le chef de file n’était autre que CannonballAdderley. Vincent Herring, né en 1969, lui aussi un enfant chéri du jazz moderne, était tout à son saxophone Yanagisawa en phosphore de bronze aux reflets rosés, lors de morceaux mythiques comme What’s this thing called love ? ou The Work Song.
Enfin, le meilleur pour la fin : Louis Hayes, posé à l’avant-scène droit, a donné en 100 minutes de concert une vraie leçon de rythme. Irréprochable, impitoyable, le maître a été avant tout concentré, naviguant au milieu de ses souvenirs et de la maîtrise de son instrument... Son unique et bref solo, joué à la toute fin de la première heure, a été largement remarqué même si l’on suppose qu’à 74 ans, même les plus grands commencent à fatiguer.
Ces magnifiques performeurs ont ouvert, dans l’air étouffant de la Békaa, un flacon aux parfums anciens, aux rythmes imperturbables, peu accessibles parfois, généralement mal compris, comme l’a exprimé Louis Hayes, qui a remercié son public et les organisateurs d’avoir fait une place à « cette forme d’art », le be-bop.
Dans l’intimité du temple de Bacchus, étrangement éclairé par un feu d’artifice de spots acidulés, les cinq musiciens sont montés sur scène à 20h30 précises. Même ceux qui sont venus sans savoir grand-chose de Louis Hayes, ses collègues étaient là pour le leur rappeler. En effet, qui n’a pas remarqué leur immense respect, leur joie presque solennelle de jouer aux...

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