Harb : Mikati est l’otage du Hezbollah

La « nadwa du 14 Mars » a reçu dans les locaux du secrétariat général du 14 Mars l’ancien ministre Boutros Harb. Ce forum vise à dynamiser les relations entre les politiciens et la base populaire, et à encourager les échanges fructueux entre eux.
Dans ce cadre, le député Boutros Harb n’a pas mâché ses mots. « Nagib Mikati est l’otage du Hezbollah et le président Michel Sleiman celui de la situation politique qui prévaut, a-t-il affirmé. Notre bataille est difficile. Mais, en fin de compte, seuls ceux qui prêtent allégeance au Liban sortiront victorieux », affirme le député de Batroun. Revenant sur les derniers développements sur la scène locale, il les qualifie de « dramatiques » assurant qu’ils ont failli faire voler en éclats tous les acquis de la révolution du Cèdre. « Certains dans nos rangs se sont autoflagellés, nous faisant porter la responsabilité de nos échecs, d’autres ont perdu le moral, alors que d’autres encore se sont carrément retirés de la bataille, a-il-dit sans détour. Peut-être avons-nous failli à certains moments. Mais cela est normal du fait que nous venons de bords et de contextes différents. Nous sommes quand même parvenus à nous retrouver autour de constantes, et c’est cela qui est primordial. Actuellement, nous sommes conscients des dangers qui nous guettent et avons formé une cellule de crise pour suivre de près avec vigilance tous les développements et dénoncer ce qui doit l’être. Par ailleurs, nous ne devons pas oublier que les armes du Hezbollah sont entrées en jeu et que le Liban n’a plus été prioritaire sur l’agenda de la communauté internationale. »
Boutros Harb a assuré que les composantes du 14 Mars considèrent que la liberté et l’indépendance supposent une lutte continue et qu’elles sont prêtes à défendre leurs constantes. « Nous sommes entrés dans une phase nouvelle, dit-il. Dure et tortueuse. Mais cela ne signifie pas que nous allons déposer les armes et renoncer à nos rêves et principes. »
L’ancien ministre a insisté sur le fait qu’il est impensable qu’à l’heure où les populations arabes se libèrent de leur joug, que les Libanais acceptent que leur pays verse dans le totalitarisme. « Certains ont prêté allégeance à d’autres pays que le leur et ne s’en cachent pas. Seuls ceux qui optent pour le Liban en premier sortiront victorieux, a-t-il déclaré. Nous ne permettrons pas que certains changent l’identité du Liban. Le gouvernement Mikati tente “d’amadouer” la communauté internationale en gagnant du temps. Mais le Hezbollah a clamé haut et fort qu’il refuse de collaborer avec le Tribunal spécial pour le Liban et les membres du parti accusés d’avoir participé à l’assassinat de Rafic Hariri ont été élevés au rang de saints. »
M. Harb a toutefois souligné que le Hezbollah détient, certes, toujours ses armes, mais qu’il n’a pas besoin, pour le moment, de les utiliser, vu qu’il s’est assuré par la force la majorité et tient donc le pouvoir législatif entre les mains. « La bataille est longue, mais en fin de compte le Hezbollah doit accepter l’idée que le Liban est indivisible et qu’il faut régler la question des armes une fois pour toutes », a déclaré M. Harb.
Déplorant le fait que la majorité juge bon d’utiliser tous les moyens pour accaparer le pouvoir, Boutros Harb a par ailleurs certifié – promettant de tenir une conférence de presse pour dénoncer les faits et les noms – que certains profitent de leurs prérogatives pour tenter « d’acheter » des partisans, tout « en punissant » ceux qui ne partagent pas leur point de vue en les éloignant des postes de responsabilité. « Nous sommes face à un double défi, a ajouté M. Harb : celui de démontrer que nous ne baisserons pas les bras et celui de prouver à l’opinion publique que les Libanais sont des citoyens pleins de foi dans leur pays, des citoyens qu’on ne peut ni vendre ni acheter. »
Revenant sur les événements en Syrie, M. Harb a dit préférer ne pas s’immiscer dans les affaires internes de ce pays, précisant toutefois qu’il a « un problème avec le régime et pas avec le peuple syrien en qui il a confiance ».