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À La Une - Exposition

Bienvenue dans le monde de Ali

Ali Tlaïss a 20 ans, du talent et un sourire éclatants. Il expose ses œuvres pour deux courtes journées à la galerie Mark Hachem*, sous le titre « Internal World and Creative Autism ». Rien de bien inhabituel à cela... Sauf que Ali est autiste.

Ali Tlais posant devant son auto-portrait. Photos Carla Henoud

« Moi, je m’appelle Ali Tlaïss, et toi ? » demande-t-il pour la troisième fois en tendant sa main amicale, tout en naviguant parmi ses toiles. Visiblement heureux et fier, il semble presque impressionné par son propre travail. Son tablier de peintre encore accroché à son cou, le regard vif et le sourire explosif, il offre une visite guidée de ses toiles achevées en moins de deux mois de dur labeur. « Là, c’est papa, maman, Moustapha et moi... Le printemps, une tortue, des tournesols... » Puis il sourit. Il a appris ce dernier mot depuis quelques jours, en peignant.
Ce qui se passe vraiment dans sa tête est difficile à savoir. Ali est autiste. Un autiste qui réussit à communiquer ses humeurs à travers la peinture des arbres, des saisons, des portraits de gens qu’il aime. Tout ce que son œil retient, les infimes détails des visages et de la nature, est rapidement retranscrit sur la surface blanche. Sans aucune censure, réflexion ou intellectualisation. Il réussit à créer des œuvres où les couleurs trouvent également leur bonheur, la composition est juste et les lignes sont tracées avec une précision désarmante. « Je suis un peintre », dit-il fièrement, et il a raison. Son tableau préféré ? « Celui-ci », indique-t-il en pointant du doigt une très belle nature au printemps. « J’aime le printemps. Il y a du vert, du rouge, du jaune, du bleu. Au printemps, les feuilles font kchkch. »
Fascinée par son coup de pinceau décelé lors d’un précédent évènement où Ali avait peint, sans le connaître, un magnifique et très fidèle Music Hall, Rita Saab, présidente du syndicat des professionnels du graphisme et de l’illustration, peintre et, par ailleurs, moteur de nombreux évènements culturels, décide de l’épanouir au profit d’une bonne cause. « J’ai toujours été sensibilisée par l’autisme », confie-t-elle. Avec la complicité de Arwa el-Amine Halawi, fondatrice et directrice de la Lebanese Autism Society, du sponsor alfa et de Mark Hachem, le projet se met vite en place, comme toujours avec Rita Moukarzel. Pour la directrice de la LAS, elle-même mère d’un autiste, qu’elle a fondée en 1999, cet évènement, comme d’autres à l’avenir, permettront de mettre sur pied un centre spécialisé pour autistes, chargé de développer chez ces derniers des compétences professionnelles, éducatives et sociales. Il permettra également d’aider les parents à mieux gérer ce problème sur les plans pratique et psychologique.

Une préparation passionnante
Durant presque deux mois et au quotidien, Rita Saab Moukarzel, assistée par son fils Richard, corrige les gestes de Ali, ses coups de pinceau, ses maladresses. « Très concentré, il travaille sans se fatiguer, souligne-t-elle. Il absorbe tout, on dirait qu’il a un scanner dans la tête ! » Le jeune homme, qui a adoré le pointillisme et le pop art à la Warhol, réussit aussi bien les fleurs qu’une immense bouteille de soda. « Ali est capable de recomposer des mélanges de couleurs avec une perfection étonnante. Même le côté répétitif de ses gestes est positif en peinture. » Durant des semaines passionnantes, Moukarzel lui a appris la maîtrise des couleurs, la cohérence d’une composition. Mais, confie-t-elle, « c’est lui qui m’a appris tellement de choses. Quand il voit des fleurs, il peint des fleurs, sans se poser des questions inutiles, sans tourner en rond. Il m’a appris à me jeter sur une toile avec l’impulsion directe de la création ».
Les profits de l’exposition iront en grande partie à l’association. Le reste ira à l’artiste lui-même. « Il pourra, d’une part, payer son école et s’autofinancer pour pouvoir continuer à peindre. Et, d’autre part, parrainer deux nouveaux talents qui feront partie d’évènements à venir », explique cette découvreuse de talents. Et d’ajouter, avec une vraie émotion : « Je ne sais pas comment je vais vivre sans Ali ! Il est une philosophie de vie. »
Et comme pour lui répondre, Ali Tlaïss s’écrie : « Je suis très sympathique ! Je sais aussi chanter. Rita, je t’aime beaucoup », lui avoue-t-il en lui dédiant une chanson.
Le monde de Ali est généreux. En couleurs, en compositions, en toiles. En amour, tout simplement.

* « Internal World and Creative Autism », à la galerie Mark Hachem, Minet el-Hosn. Le vernissage aura lieu aujourd’hui mercredi 20 juillet, de 18 heures à 21 heures, sous le haut patronage et en présence du ministre Waël Bou Faour et de l’artiste.
« Moi, je m’appelle Ali Tlaïss, et toi ? » demande-t-il pour la troisième fois en tendant sa main amicale, tout en naviguant parmi ses toiles. Visiblement heureux et fier, il semble presque impressionné par son propre travail. Son tablier de peintre encore accroché à son cou, le regard vif et le sourire explosif, il offre une visite guidée de ses toiles achevées en moins...

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