"Dès que j'ai commencé à me consacrer à la littérature, l'Académie avait pour moi un sens. Je ne pensais pas alors y entrer mais cette idée a peu à peu germé", a ajouté le nouveau membre de cette prestigieuse institution créée en 1635, chargée de veiller au respect de la langue française et d'en composer le dictionnaire.
Prix Goncourt en 1993 pour "Le Rocher de Tanios", Amin Maalouf a été élu au fauteuil 29 au premier tour de scrutin, avec 17 voix sur 24 votants, contre trois voix au philosophe Yves Michaud.
Il succède à l'anthropologue Claude Lévi-Strauss, décédé en octobre 2009 à 101 ans et qui avait été élu en 1973 au fauteuil d'Henry de Montherlant.
"C'est un fauteuil prestigieux, intimidant et stimulant, et je m'en approche avec humilité et une immense joie", souligne l'écrivain.
Avant Amin Maalouf, à la double culture arabe et française, l'Académie a accueilli en 2006 la romancière algérienne Assia Djebar, première personnalité du Maghreb élue sous la Coupole.
Né le 25 février 1949 à Beyrouth, dans une famille chrétienne dont une des branches maternelles est francophone et vient d'Istanbul, Amin Maalouf a consacré son oeuvre au rapprochement des civilisations, s'interrogeant sur les rapports politiques et religieux entretenus par l'Orient et l'Occident.
Journaliste au principal quotidien de Beyrouth An-Nahar, il est contraint à l'exil en France en 1976 alors que son pays est ravagé par la guerre civile.
Ces thèmes de l'exil et de l'identité, lui qui se sent chrétien dans le monde arabe et Arabe en Occident, occupent une large place dans ses essais, parmi lesquels "Les identités meurtrières", publié en 1989, ou "Le dérèglement du monde", paru en 2009.
A Paris, il devient journaliste dans un média économique, puis rédacteur en chef de la revue Jeune Afrique.
Amin Maalouf publie en 1983 un ouvrage historique "Les croisades vues par les Arabes". Mais c'est son roman "Léon l'Africain" qui le fait connaître du grand public en 1986. Il décide alors de se consacrer à la littérature et décroche le Goncourt en 1993.
Candidat une première fois à l'Académie en 2004, il n'obtient que dix voix et surtout seize bulletins marqués d'une croix, signe d'un refus catégorique.
En 2007, postulant au fauteuil de l'écrivain Jean-François Revel, il déclare finalement forfait. Son soutien au "Manifeste pour une littérature-monde", proclamant la mort de la francophonie, a froissé l'Académie.
Amateur de musique, le romancier écrit aussi des livrets d'opéra, dont le premier, "L'Amour de loin", pour la compositrice finlandaise Kaija Saariaho. Fruit de leur collaboration, un autre, "Emilie", a été créé en 2010 à l'Opéra de Lyon.
Après l'opéra, la BD: son roman "Le périple de Baldassare" (Grasset), un voyage en Orient au temps de Louis XIV paru en 2000, a été adapté en 2011 en bande dessinée par Joël Alessandra, chez Casterman.
Les membres de l'Académie procèderont ces prochains mois à d'autres élections après les décès de la grande helléniste Jacqueline de Romilly, le 19 décembre 2010, et de l'écrivain Jean Dutourd, mort le 18 janvier 2011.
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