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Liban - La situation

Le nouveau gouvernement se mesure à ses premiers défis

Mikati songeur : et ce n’est que le début !


L’ironie du sort en a voulu ainsi. Le premier défi lancé au nouveau gouvernement est venu de Tripoli, ville natale de Nagib Mikati, où des heurts entre les quartiers de Bab Tebbané et Baal Mohsen, répercussions directes de ce qui se passe en Syrie, ont fait hier six morts et un nombre indéterminé de blessés. Malgré l’intervention de l’armée, des tirs continuaient de s’entendre vers minuit dans ces quartiers. À Bab Tebbané, la chute d’une RPG faisait le soir trois blessés.
Qui a posé ce piège à Nagib Mikati ? Qui a cherché à ternir la formation du nouveau gouvernement ? À partir de Tripoli, dans une intervention télévisée où il a cru pouvoir hausser le ton, le président du Conseil a commis l’impardonnable erreur d’insinuer que le courant du Futur était pour quelque chose dans ces affrontements. L’un après l’autre, Ahmad Fatfat, Samir el-Jisr et Moustapha Allouche se sont élevés contre les insinuations de Mikati selon lequel la campagne de l’opposition contre le gouvernement était une forme « d’incitation », et que « se trompe quiconque se croit plus fort que l’État ». Samir el-Jisr a notamment rappelé que les heurts entre les deux quartiers ennemis sont « endémiques ».
Ce qu’affronte, dès son installation, le Premier ministre, et tout l’appareil d’État avec lui, c’est un désarmement incomplet des Libanais, après la guerre civile. Incomplet et sélectif, devrait-on dire. Tant que des armes seront aux mains de certaines fractions de la population, il faudra craindre qu’une étincelle ne mette le feu aux poudres et que des affrontements éclatent. Six morts hier entre Bab Tebbané et Baal Mohsen, c’est six morts de trop dans un État qui ne sait pas encore se prendre en main.
Du reste, s’il veut établir un semblant d’ordre au Liban, ce n’est pas seulement les armes qu’il doit faire taire, mais des personnes comme Michel Aoun qui, lors d’un dîner dans le Kesrouan, a affirmé que le Courant patriotique libre a pris pour l’ancien Premier ministre Saad Hariri un « aller simple », et que ce dernier a quitté le Liban « et ne reviendra pas ». Voilà une rafale qui, à n’en point douter, en attirera une autre.
Mais les difficultés internes ne seront pas les seules que Nagib Mikati devra affronter. Dans une correspondance hier, notre chroniqueur diplomatique, Khalil Fleyhane, a souligné combien l’attitude du Congrès américain à l’égard du Liban s’est radicalisée depuis la formation du gouvernement Nagib Mikati, avec des députés qui souhaitent l’arrêt total des livraisons d’armes et d’aides à l’armée libanaise, tandis que d’autres veulent en éliminer toutes les armes offensives, tout en étant pour la poursuite des programmes de formation et des aides humanitaires et médicales.
Il s’agit d’un jugement bien précipité, assure une source gouvernementale, qui rappelle que les États-Unis ont affirmé qu’ils jugeront le nouveau gouvernement sur ses actes, et notamment sur sa déclaration de politique générale, qui n’a pas encore vu le jour. Du reste, font valoir ces milieux, ce n’est pas la première fois que le Hezbollah est représenté au gouvernement.
Déclaration ministérielle ou pas, les mots n’y changeront rien, la guerre ouverte entre le gouvernement et la nouvelle opposition n’est pas prête de retomber. Certes, la représentante de l’Union européenne au Liban a transmis hier à M. Mikati les vœux de succès de l’Union, rompant ainsi la réserve observée à l’égard du nouveau gouvernement par la communauté internationale. Mais cette politesse pourrait rester bien orpheline. Traduisant les pensées de beaucoup, le député Marwan Hamadé a affirmé hier : « Dans ce gouvernement, il y a des loups et des innocents, et il est naturel que les loups mangent les innocents. J’espère qu’ils ne dévoreront pas le Liban (...). Nous ferons de tout pour empêcher que le régime syrien ne compense son isolement international aux dépens du Liban. »
L’ironie du sort en a voulu ainsi. Le premier défi lancé au nouveau gouvernement est venu de Tripoli, ville natale de Nagib Mikati, où des heurts entre les quartiers de Bab Tebbané et Baal Mohsen, répercussions directes de ce qui se passe en Syrie, ont fait hier six morts et un nombre indéterminé de blessés. Malgré l’intervention de l’armée, des tirs continuaient de...

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