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« Les pires des pires » : ces régimes qui étouffent les libertés - Éclairage

« Les pires des pires » : ces régimes qui étouffent les libertés

Dans son dernier rapport, l’ONG américaine Freedom House épingle les États et les territoires dans lesquels les libertés les plus élémentaires n’existent pas. Six pays arabes figurent en tête de liste, dont la Libye, la Syrie et l’Arabie saoudite.

Cette photo prise d’une vidéo diffusée récemment sur YouTube montre un prisonnier présumé des forces de sécurité syriennes se faire maltraiter, près de la ville de Homs.

Freedom House, une ONG américaine, qui évalue chaque pays et effectue un classement en fonction du respect des droits politiques et des libertés civiques, vient de publier son nouveau rapport sur l’état des libertés dans le monde. Intitulé « Les pires des pires 2011 – Les régimes les plus répressifs du monde », le rapport de Freedom House établit une liste de 17 pays et trois territoires, « dont les habitants vivent dans des environnements extrêmement oppressifs et dans lesquels les violations des droits civiques et des libertés de base sont constamment bafoués ».
« Dans ce rapport, nous identifions les régimes qui oppriment sévèrement la liberté d’expression et ne tolèrent aucune forme d’opposition », explique Paula Schriefer, responsable au Freedom House, dans l’introduction du rapport. « Malheureusement, l’absence de libertés politiques et de volonté de réformes dans ces pays a contribué au fait que ces régimes non démocratiques continuent d’exister année après année, poursuit-elle. Plus de la moitié des pays sur notre liste n’ont jamais connu de forme de droits politiques ou de libertés civiques. »
Sont considérés comme « les pires des pires », les pays suivants : la Birmanie, la Corée du Nord, l’Érythrée, la Guinée équatoriale, la Libye, l’Ouzbékistan, le Soudan, le Tibet (Chine) et le Turkménistan. L’Arabie saoudite, le Belarus, la Chine, la Côte d’Ivoire, Cuba, le Laos, l’Ossétie du Sud (Russie), la Syrie, le Sahara occidental (Maroc) et le Tchad figurent également sur cette liste, même s’ils sont considérés comme très légèrement moins pires que les premiers pays cités.
Avec ce rapport, Freedom House dit vouloir « attirer l’attention sur ceux qui s’activent à faire respecter les droits humains les plus fondamentaux, ainsi que sur ceux qui s’acharnent au contraire à les étouffer ». Ce rapport est rédigé pour « attirer l’attention des Nations unies sur les pays et territoires en violation constante des droits de l’homme et qui méritent des enquêtes et des condamnations pour leurs violations largement répandues », selon les termes de Paula Schreifer. L’on apprend donc, grâce à ce rapport, que près de 1,6 milliard d’êtres humains – soit presque 24 % de la population mondiale – vivent dans des conditions quasi inhumaines. Des êtres humains dont les droits les plus élémentaires, tels qu’exprimer leurs opinions, sont réprimés. Des centaines de milliers de personnes se trouvent également encore dans des camps de travail ou bien des centres d’incarcération et subissent au quotidien des tortures physiques et/ou morales pour avoir exprimé des opinions politiques ou religieuses différentes de la « norme » tolérée, comme en Corée du Nord, par exemple.

La Corée du Nord, tête de liste depuis 40 ans
Depuis que Freedom House publie ces rapports, c’est-a-dire depuis la création de l’ONG il y a près de 40 ans, la Corée du Nord est le seul pays qui figure tous les ans en tête de liste des pays les plus répressifs. La Somalie également a toujours fait partie de cette liste, suivant de près la Corée du Nord. La plupart des pays cités ont d’ailleurs toujours été dans la ligne de mire de Freedom House et d’autres ONG, en termes d’oppression et de non-respect des droits de l’homme. La Côte d’Ivoire, en revanche, a repris sa place dans la liste des pires pays de FH après quatre ans d’absence. Freedom House explique ce retour en raison de la crise politique entre Laurent Gbagbo et l’actuel président Assalane Ouattara depuis les élections de novembre 2010. Cette crise « a dégénéré en violences au cours desquelles les forces de sécurité ont attaqué les minorités ethniques soutenant Ouattara, selon le rapport. Reste à vérifier si l’arrestation de Gbagbo et la défaite de ses forces avec l’aide des troupes françaises et onusiennes en avril 2011 contribueront à l’établissement de l’État de droit et au renforcement des droits de l’homme dans ce pays ».
D’autres pays, comme la Guinée, Haïti et le Zimbabwe, ont réalisé des progrès par rapport à l’année dernière, avec notamment la tenue d’élections démocratiques (Haïti), ou encore la transition d’un régime militaire à un gouvernement civil (Guinée). Ces événements leur ont permis de passer du statut de « non libre » à « partiellement libre », selon les critères de Freedom House.

Les « pires des pires » des pays arabes
Dans son rapport, l’ONG américaine souligne le cas de deux pays arabes, considérés comme « non libres », et qui connaissent des bouleversements importants depuis quelques mois. Il s’agit de la Libye et de la Syrie, touchés par le vent de révolte populaire né dans la foulée du « printemps arabe ». Des pays où les contestataires sont violemment réprimés par le régime au pouvoir. « Le fait que les peuples syrien et libyen continuent de risquer leur vie face à la violence et à la terrible répression pour mettre fin aux régimes dictatoriaux qui les gouvernent doit servir d’exemple pour illustrer combien les libertés les plus fondamentales sont précieuses, écrit Mme Schriefer. Bien que nous saluions les efforts de l’ONU pour condamner les violations qui sont en train d’être commises dans ces pays, nous souhaitons voir de nouvelles résolutions plus sévères (...) La répression violente contre les manifestants antigouvernementaux en Syrie et en Libye a fait des centaines de morts depuis février 2011 », note le rapport.  Dans la Libye de Mouammar Kadhafi, les partis politiques sont illégaux et les activités politiques strictement surveillées. Créer ou adhérer à un parti quelconque est passible de longues peines de prison et, dans certains cas, de condamnation à mort. Détentions illégales et disparitions sont monnaie courante en Libye, et le sort de milliers de dissidents disparus ou détenus au cours des 30 dernières années reste inconnu. En ce qui concerne les libertés civiles, le rapport dénonce clairement l’absence de presse indépendante et de liberté d’expression. Les médias appartiennent au pouvoir, ainsi que l’unique réseau Internet du pays.  Comme la Libye, la Syrie n’est pas une démocratie, souligne Freedom House. Le parti Baas dirige le pays d’une main de fer. La corruption est monnaie courante, et même inévitable dans certains cas. Il est illégal de critiquer le régime et tout matériel imprimé doit passer par la censure. De plus, les médias appartiennent à l’État. Tout comme en Libye, les manifestations sont prohibées et les ONG sont liées directement à l’État. L’état d’urgence, levé récemment, était en vigueur depuis 1963 et permettait aux forces de sécurité d’arrêter impunément et indéfiniment toute personne considérée comme une menace pour l’État. La plupart des milliers de prisonniers n’ont jamais eu de procès. Le rapport note aussi la discrimination ethnique envers la minorité kurde, particulièrement lésée au niveau culturel et linguistique.  Si la lutte en Libye a nécessité l’intervention des forces de l’OTAN sur le terrain, il n’en est pas de même pour la Syrie. Le régime syrien a interdit son territoire aux médias étrangers, et de ce fait il est quasiment impossible d’évaluer réellement la situation humanitaire et de vérifier les dires des manifestants concernant les tortures, arrestations de masse et autres abus présumés. L’ONU, les ONG et autres organisations défendant les droits de l’homme se voient obligées de se baser sur des sources invérifiables, tirées des réseaux sociaux (Facebook, etc.), et des photos et vidéos prises de téléphones portables par des manifestants. Autre pays arabe présent dans la liste de Freedom House : l’Arabie saoudite. Le royaume est, selon l’ONG américaine, un pays « non libre ». « La religion y est omniprésente dans la vie politique comme dans la vie quotidienne, et ses lois y sont littéralement appliquées, lit-on dans le rapport. Tout musulman se doit de pratiquer ses obligations religieuses. Les femmes sont particulièrement défavorisées, n’ayant pas le droit de conduire ou de circuler sans un membre masculin de leur famille ». Freedom House rappelle également que les autorités saoudiennes « interdisent depuis 2009 la construction de mosquées chiites, marquant ainsi un pas en arrière après les faibles progrès récemment accomplis en matière de libertés ».
Freedom House, une ONG américaine, qui évalue chaque pays et effectue un classement en fonction du respect des droits politiques et des libertés civiques, vient de publier son nouveau rapport sur l’état des libertés dans le monde. Intitulé « Les pires des pires 2011 – Les régimes les plus répressifs du monde », le rapport de Freedom House établit une liste de 17 pays et trois...