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Liban - Skatepark

Les « skateurs » libanais à l’assaut des municipalités

Une partie de la communauté des « skateurs » libanais, épaulée par la toute jeune Association libanaise de skateboard, milite pour la création d'un skatepark public auprès de nombreuses municipalités. Le skateboard, sport sûr et créateur de lien social, c'est le mot d'ordre de ces jeunes glisseurs appelés à être toujours plus nombreux au Liban.

Faute de structures à leur disposition, les jeunes « skateurs », tel Hussein, pratiquent le skateboard dans la rue.

Du haut de ses dix-sept ans, Hussein, les cheveux à hauteur des épaules, pratique le skateboard depuis qu'il est tout jeune. Il est considéré par ses pairs comme l'un des pratiquants les plus talentueux du pays. « J'ai commencé il y a huit ans, sans jamais m'arrêter », explique-t-il. Pourtant, sa technique, il l'a apprise sur le tas, dans la rue, en répétant encore et toujours les mêmes figures. Entre les voitures, sur le béton, sous le regard hostile des passants. Car, à Beyrouth comme au Liban, il n'existe aucun espace public réservé à la pratique du skateboard.
Le sport de glisse a un retard considérable à rattraper pour devenir une activité reconnue au pays du Cèdre. Le football et le basket occupent toujours le devant de la scène sportive. C'est pourquoi, depuis plusieurs mois, des jeunes qui ont en commun la même passion se sont mobilisés pour créer l'Association libanaise de skateboard. « Ce sport est en plein essor et pourrait vite prendre une certaine ampleur au niveau de la jeunesse si des structures existaient », soutient Élias Fayad, membre de l'association. Il est persuadé que « si l'on explique bien aux municipalités à quel point ce sport est utile pour la communauté, les mentalités peuvent changer rapidement ».

« En promouvant le skateboard, on donne vie à une microéconomie »
D'après une étude commandée par la future association, le nombre de « skateurs » au Liban approcherait le millier. Un chiffre appelé à se multiplier dans les prochaines années, grâce à l'action d'une base très active d'une centaine de « skateurs ». D'après Hussein, « les meilleurs "skateurs"
sont partis pratiqués ailleurs, en Jordanie, à Dubaï. Il faut arrêter cette dynamique ».
C'est la première fois que des « skateurs » libanais se réunissent ainsi avec l'objectif de convaincre les municipalités de mettre des lieux publics à disposition pour la pratique du skate. Leurs objectifs ?
« Faire du lobbying auprès des municipalités libanaises pour que des terrains publics soient consacrés à l'édification de skateparks aux normes internationales », tout d'abord. Puis, sur un plan plus général, « faire en sorte que cette activité gagne en visibilité », en montrant son caractère sûr et créateur de lien social. Qui plus est, « en promouvant le skateboard, on donne vie à une microéconomie, basée sur l'existence de magasins, de tourisme sportif », argumente Élias.
Les membres de l'association ont récemment rencontré les élus des différentes municipalités munis d'un argumentaire basé sur... des données scientifiques, afin de briser les stéréotypes persistants attachés à l'image de ce sport. « Des études de la NEISS (National Electronic Injury Surveillance System) ont montré qu'aux États-Unis, où la pratique est très répandue, les "skateurs" se blessent beaucoup plus rarement que les basketteurs ou footballeurs. » Ainsi, le nombre de blessures au basket est de 223 pour 100 000 pratiquants, contre seulement 20 au skateboard. En ce qui concerne les nuisances sonores, « elles sont moindres sur un skatepark que sur un terrain de basket », soutient Élias.

Sécuriser la pratique du skateboard
Ainsi, la sécurité des nouveaux pratiquants est l'un des arguments phare du discours de la future Association libanaise de skateboard. Hussein a « appris le skate dans la rue, à Downtown, ou du côté de Hamra, sur les marches et les rampes longeant les centres commerciaux. Parfois, sur la corniche également. » S'il a beaucoup appris de cette pratique extrême à l'école de la rue, il sait aussi combien ce type de comportement reste très dangereux : « Les plus jeunes doivent avoir des structures sécurisées à leur disposition pour pouvoir apprendre sans crainte. Puis cela encouragerait les parents à acheter une planche à leurs enfants. »
Élias abonde dans le même sens : « Les débutants sont victimes d'un tiers des blessures constatées en skateboard. Les surfaces irrégulières que l'on trouve dans la rue sont responsables de la moitié des chutes graves. La construction d'un skatepark public viendrait mettre fin à bien de difficultés. » Il existe bien un skatepark à Beyrouth, mais il est « privé, il est assez cher (10$ par jour) et le revêtement est dangereux pour les débutants », soutient Hussein. « La plupart des "skateurs" que je connais ne peuvent pas se permettre de payer cette somme pour pratiquer », poursuit-il.

Un skatepark public, objectif 2012
Un lieu de pratique public, gratuit et ouvert à tous : voilà ce que demande la petite communauté. Quitte à utiliser des espaces faiblement mis en valeurs, telles les surfaces situées au pied des ponts. Dans ce but, l'association a approché de nombreuses municipalités : Hazmieh, Sin el-Fil, Chiyah, Beyrouth. « À Hazmieh, la municipalité a même identifié un spot pour installer un skatepark, sous un pont. Nous avons beaucoup d'espoir, ce projet pourrait aboutir. » En général, lors de la première rencontre, la réaction des municipalités a été « plutôt positive, ils nous ont dit de revenir avec plus de détails. Aucune décision n'a encore été prise, mais les choses avancent dans le bon sens », se réjouit Élias. Il poursuit, avec un sourire : « La municipalité qui se différenciera des autres en sortira gagnante, je vous l'assure. »
Lorsqu'Élias parle de la jeune communauté, ses yeux s'animent : « Ici, ils sont de toutes les religions, de toutes les classes sociales, étudiants, professionnels... C'est un sport communautaire, une activité d'échange. De courage et de persévérance, aussi : tomber, se relever, réessayer encore... » Les « skateurs » de Beyrouth et du Liban, symboles d'espoir ?
Un espoir qui a un prix : environ un demi-million de dollars pour la construction d'un lieu de pratique aux normes requises. Toujours à la recherche de fonds, l'équipe va bientôt passer à la phase du design, avec comme objectif la mise en service d'un premier skatepark vers février 2012. D'après leurs calculs, il en faudra six dans le pays pour combler la demande. Pour Élias, celle-ci ne manquera pas : « Si la plupart des "skateurs" ont entre quatorze et dix-huit ans, les anciens, qui ont commencé à travailler et abandonné la pratique, reviendront certainement en cas de réussite de notre projet ! »
Prochaine étape : le 21 juin 2011, lors du Skating Day, une journée destinée à la promotion du skateboard. La petite équipe a déjà tout prévu : « Les médias vont être conviés, ainsi que des bloggeurs, des sponsors, des "skateurs", bien sûr. Sans oublier des élus des différentes municipalités concernées. » S'il leur reste encore du pain sur la planche, les « skateurs » libanais semblent bien partis pour faire de leur pays une nouvelle destination à la mode en matière de sport de glisse.
Du haut de ses dix-sept ans, Hussein, les cheveux à hauteur des épaules, pratique le skateboard depuis qu'il est tout jeune. Il est considéré par ses pairs comme l'un des pratiquants les plus talentueux du pays. « J'ai commencé il y a huit ans, sans jamais m'arrêter », explique-t-il. Pourtant, sa technique, il l'a apprise sur le tas, dans la rue, en répétant encore et...

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