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Culture - Concert

Christophe, belle machine, 45 ans au compteur

Christophe, l'un des plus grands compositeurs français vivants, donnera un concert unique demain soir au Music-Hall.

Beyrouth ne se rend sans doute pas bien compte de sa chance d'accueillir Christophe, à part quelques aficionados qui ont eu la bonne idée de ne pas s'arrêter, comme la majorité de nous tous, sourire sardonique en coin, à Aline ou Les mots bleus. Retour sur une carrière commencée sur les chapeaux de roue, en 1965, avec la fameuse Aline. Un tube fantastique, qui vaut à ce Gitan, autoproclamé d'origine italienne, un succès fulgurant. Jamais en panne d'autodérision et de cette saine distanciation qui fait de lui un éternel jeune homme depuis 45 ans, il raconte que le prénom de la chanson éponyme, il l'a crié chez le dentiste, quand l'assistante lui a dit comment elle s'appelait...
1965 donc: Daniel Bevilacqua choisit pour nom de scène celui du saint patron des voyageurs et des automobilistes. Car, dès qu'il amasse suffisamment d'argent, il s'achète des cylindrées: berlines américaines ou bolides italiens, c'est selon. Pour son plaisir personnel. Christophe semble avoir une sainte horreur du star-système: pour preuve, en 1967, pour échapper à ses groupies et au rythme infernal des concerts, il s'embarque avec le cirque Grüss. Cinq chansons par représentation pour... 500 francs de l'époque la nuit.
Christophe a ceci de magnifique, qu'il assume les années yé-yé. Il chante Aline chaque soir de ses tournées. Il ne renie rien et reste fidèle aux synthétiseurs, qu'il collectionne frénétiquement. «Mélodiste autodidacte», il déclare en 2009, lors de la sortie d'Aimer ce que nous sommes, son neuvième album en 45 ans, que «la mélodie n'existe plus, mais le son». Pendant les années où il ne chantait pas, il a collectionné les films et continue de dévorer des DVD. Les critiques musicaux et l'artiste s'accordent pour dire que l'opus récent a tout d'une bande-son: Christophe, qui se dit «chineur, chercheur et esthète de sons», signe ici une œuvre remarquable, où bruits de la ville, voix - celles d'Isabelle Adjani pour le morceau d'ouverture, du regretté Alain Baschung un peu plus loin... - et sonorités enveloppantes, sensuelles, rêveuses font entrer dans l'univers Christophe. Car c'est bien du déploiement d'un univers dont il s'agit.
«Plaisir de rester complètement intact dans ma façon de créer, sur ma route de non-carriériste, avec des écarts qui ont nourri ma musique.» Il se protège du bruit diurne, de la téléréalité et des producteurs aux dents qui rayent le parquet et garde sans tache son idée de la vie et ses références: ce sont Lou Reed et David Bowie qui lui ont redonné l'envie de monter sur scène en 2001, une scénographie travaillée avec la complicité de l'internationale designer française Andrée Putman; et le blues d'un John Lee Hooker le hante et l'habite, tandis que la voix de la Callas l'aide, à son réveil vers 16h00, «à rentrer dans la vie». Christophe, oiseau de nuit, crée tard parce que «la nuit donne le silence», et «à petit niveau, sans son fort». Christophe «écrit à l'instinct, à l'émotion» et «ne renie rien».
On le redit: une légende, dont «l'inconscience fait qu'(il) existe».

 

D.G.

Beyrouth ne se rend sans doute pas bien compte de sa chance d'accueillir Christophe, à part quelques aficionados qui ont eu la bonne idée de ne pas s'arrêter, comme la majorité de nous tous, sourire sardonique en coin, à Aline ou Les mots bleus. Retour sur une carrière commencée sur les chapeaux de roue, en 1965, avec la fameuse Aline. Un tube fantastique, qui vaut à ce Gitan,...

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