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Lifestyle - Société

Les nouveaux cinéastes irakiens ouvrent une fenêtre sur leur pays

À travers la vie de gens ordinaires, des courts-métrages décrivent les maux dont a souffert l'Irak après l'invasion américaine.

Sous Saddam Hussein, la plupart des salles de cinéma ont été fermées. Ce cinéma vient de rouvrir ses portes fin avril. Saad Shalash/Reuters

Alors que la violence défigurait Bagdad en 2006, Imad Ali décida de réaliser un film sur le fameux café Shahbandar, mais quand ce havre des intellectuels fut détruit un an plus tard par un attentat, il résolut de devenir le sujet de son film. Bien qu'entre-temps sa femme et son père furent tués par un mortier et qu'il ait reçu trois balles en rentrant chez lui, il a terminé son Une bougie pour le café Shahbandar, présenté ce mois-ci au Festival du film documentaire de Bagdad, organisé par le Collège indépendant du film et de la télévision. « Un créateur est mort lorsqu'il cesse de créer, c'est pourquoi j'ai continué », explique ce quadragénaire, présent au festival.
Durant deux jours, des étudiants ont présenté 16 films réalisés entre 2004 et cette année. Ils sont une fenêtre sur le pays. À travers la vie de gens ordinaires, ces courts-métrages décrivent les maux dont a souffert l'Irak après l'invasion conduite par les États-Unis en 2003 : la brutalité d'al-Qaëda et les conflits confessionnels et ethniques qui changèrent les amis en ennemis.
« Nous voulons montrer ce qu'un Irakien ressent », explique Kassem Abid, 60 ans, revenu de Grande-Bretagne en 2003 pour ouvrir, un an plus tard, une école de cinéma gratuite avec la réalisatrice irakienne Mayssoun Pachachi. Dans son film Jours de Bagdad, Hiba Bassem narre son départ en 2004 de Kirkouk afin d'achever ses études. À Bagdad, c'est le chaos et al-Qaëda tue les « collaborateurs » des Américains. Son cousin Ali, la vingtaine, traducteur pour les Américains, a la main gauche arrachée, la main droite mutilée, et perd la vue après avoir ramassé dans son jardin un téléphone portable piégé. « Avec Ali et ses sœurs, nous parlions de nos espoirs. » Il nous a avoué avoir peur à cause de son travail, mais que s'il mettait un peu d'argent de côté, il irait étudier la peinture à l'étranger comme il en avait toujours rêvé. Ce court-métrage décrit aussi la violence ethnique avec sa famille obligée de quitter le quartier à majorité kurde de Kirkouk parce qu'elle est arabe. Un autre, réalisé en 2006, montre un chirurgien exerçant en dépit des périls. « Si quelqu'un est blessé, vous devez tout faire pour lui sauver la vie », affirme Dr Nabil, dans un film qui porte son nom. « À l'hôpital, il n'y pas de sang pour les transfusions, une ambulance est en panne et la seconde n'a pas d'essence. »
Ouverte en 2004, l'école de cinéma, installée dans un appartement de deux pièces, a fermé trois ans plus tard à cause des attentats. Elle a repris en 2010. « Au début, nous n'avions pas un sou », raconte Kassem Abid en riant. Puis il a reçu un premier don de 22 000 dollars d'Internews, une ONG basée en Californie, et les étudiants ont commencé à filmer. Depuis, il obtient des fonds d'Europe, des États-Unis et de pays arabes.Contrairement aux films noirs de 2004 et 2007, ceux réalisés depuis 2010 décrivent des gens qui cherchent à retrouver une vie normale. Dans Naïm, le coiffeur, un professeur, coiffeur par hobby après ses cours, retourne à Azamiya, qu'il avait quitté à cause de la violence confessionnelle. « L'endroit était désert et j'ai loué pour ma femme une boutique de fleurs afin de redonner vie à l'endroit », raconte Naïm dans le film.
Si aujourd'hui l'Irak jouit d'une liberté absente sous Saddam Hussein, l'expression artistique reste entravée, notamment dans le Sud conservateur. Majid, un chanteur populaire, se bat à Nassiriya (Sud) face aux fondamentalistes qui considèrent son art comme un péché. Un jour, avant un concert, ses musiciens ont été frappés et leurs instruments brisés. « Je risque ma vie, mais la musique, c'est ma vie », dit-il dans l'émouvant Chante ta chanson.
(Source : AFP)
Alors que la violence défigurait Bagdad en 2006, Imad Ali décida de réaliser un film sur le fameux café Shahbandar, mais quand ce havre des intellectuels fut détruit un an plus tard par un attentat, il résolut de devenir le sujet de son film. Bien qu'entre-temps sa femme et son père furent tués par un mortier et qu'il ait reçu trois balles en rentrant chez lui, il a terminé son Une...

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