Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Syrie

Opération séduction de Assad envers les conservateurs sunnites

Alors que de nouvelles informations faisaient état d'une abolition très prochaine de la loi d'urgence, le régime, tentant clairement de plaire aux sunnites conservateurs, a décidé hier la fermeture de l'unique salle de jeux du pays et autorisé à nouveau les enseignantes à porter le niqab. Cependant, des appels à manifester sont signalés sur Facebook.
« Il y aura une session extraordinaire du Parlement du 2 au 6 mai au cours de laquelle seront adoptées des lois à caractères politique et social s'inscrivant dans le cadre des réformes voulues par le chef de l'État » Bachar el-Assad, a affirmé hier un responsable proche du pouvoir sous le couvert de l'anonymat. « Parmi elles, figure la nouvelle législation qui se substituera à l'actuelle loi d'urgence », a-t-il ajouté.
L'abolition de la loi d'urgence, en vigueur depuis 1962 et qui réduit sensiblement les libertés publiques, est l'une des principales revendications des protestataires qui réclament une libéralisation du régime. Face à ce mouvement de contestation sans précédent du régime qui a débuté à la mi-mars, les autorités ont affiché leur volonté d'adopter des réformes. Fin mars, M. Assad avait donné jusqu'au 25 avril à une commission juridique pour rédiger une nouvelle législation visant à remplacer la loi d'urgence. Les membres de la commission présenteront la nouvelle législation « avant la fin de la semaine au chef de l'État », a précisé le responsable. « Le président entend ensuite demander à des membres de la société civile de présenter leurs remarques, puis le gouvernement adoptera le projet de loi pour le présenter au Parlement », a-t-il dit. Il n'a pas été en mesure d'indiquer si les lois sur les partis et la presse seront présentées lors de cette session. L'agence italienne AKI, citant une source gouvernementale, a pour sa part indiqué que M. Assad émettra dès aujourd'hui un décret abrogeant l'état d'urgence.
Les autorités ont par ailleurs levé hier les restrictions qui pesaient sur le port du niqab, notamment par les enseignantes, et ordonné la fermeture d'un casino. Des mesures qui visent clairement à calmer les attentes des conservateurs religieux.
Six organisations syriennes des droits de l'homme ont annoncé en outre la décision « du juge d'instruction militaire d'Alep de libérer 48 Syriens - principalement kurdes - arrêtés lors des événements qui ont eu lieu durant la célébration du Norouz le 21 mars 2010 ». Les ONG ont salué cette décision, demandant de nouveau « au gouvernement de libérer tous les détenus politiques et de cesser la série d'arrestation abusives qui sont un crime contre la liberté personnelle ». Ces libérations interviennent au lendemain d'une rencontre entre M. Assad et des représentants de Hassaké, une région à majorité kurde.
En visite hier à Damas, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a affirmé le soutien de son pays aux réformes en Syrie. Le président russe, Dmitri Medvedev, a également « soutenu l'intention de la direction syrienne de mettre en œuvre les réformes dans le but d'éviter la dégradation de la situation », a indiqué le Kremlin dans un communiqué. L'Union européenne a toutefois jugé trop vagues et pas assez ambitieuses les promesses de réforme.
Human Rights Watch (HRW) et six organisations syriennes des droits de l'homme ont, par ailleurs, exhorté les autorités à mener des enquêtes sur la mort par balles de manifestants et à traduire en justice les responsables. « Depuis trois semaines, les forces de sécurité syriennes tirent sur des manifestants en majorité pacifiques, et au lieu d'enquêter sur les responsables de ces tirs, les autorités syriennes essaient d'en imputer la responsabilité à des groupes armés », a dénoncé HRW dans un communiqué. HRW s'intéresse en particulier aux manifestations du 1er avril à Douma, à 15 km au nord de Damas. Les six organisations syriennes des droits de l'homme ont également réclamé, dans un communiqué commun, la constitution d'une « commission d'enquête neutre avec la participation de représentants des droits de l'homme, et qui aura pour tâche de démasquer les responsables des actes de violence et de les traduire en justice ».
Sur le terrain, les magasins étaient fermés hier pour la seconde journée consécutive à Deraa (Sud), épicentre de la contestation, selon un militant des droits de l'homme. D'après lui, les autorités ont commencé à distribuer une compensation financière de 21 000 dollars aux familles « de chaque martyr » tombé lors des troubles. « Certaines ont accepté, mais la plupart ont refusé », a-t-il dit. Le mouvement de contestation a appelé à d'autres rassemblements aujourd'hui devant les sièges du parti Baas, au pouvoir, et a convié ses partisans à défiler vendredi dans toute la Syrie. Un réseau d'informations de l'opposition indiquait en outre, sur Facebook, que les forces de sécurités syriennes ont empêché, hier soir, le déroulement d'une marche pacifique et aux chandelles à Jaramana près de Damas.
(Source : agences)
« Il y aura une session extraordinaire du Parlement du 2 au 6 mai au cours de laquelle seront adoptées des lois à caractères politique et social s'inscrivant dans le cadre des réformes voulues par le chef de l'État » Bachar el-Assad, a affirmé hier un responsable proche du pouvoir sous le couvert de l'anonymat. « Parmi elles, figure la nouvelle législation qui se...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut