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Liban - Le commentaire

Deux poids, deux mesures : le loup gagne à tous les coups...

Un ancien ministre n'en revient toujours pas : le 14 Mars s'était vu empêché, jadis, de former tout seul un gouvernement, sous prétexte que nul ne devait accaparer le pouvoir au détriment d'autrui. Et voici que le 8 Mars, devenu majoritaire, exige un cabinet monochrome ! Les dirigeants du Hezbollah soutenaient mordicus, naguère, que la démocratie usuelle, qui remet les rênes à la seule majorité pour cantonner la minorité dans l'opposition ne peut être appliquée tant que le confessionnalisme politique n'est pas aboli.
Ces belles assertions devraient signifier qu'aujourd'hui comme hier, il devrait y avoir un gouvernement d'union nationale, puisque le système est inchangé. De plus, relève cette personnalité, les événements extérieurs actuels prouvent que moins que jamais un régime de parti unique n'est viable, et surtout pas dans un pays composite.
Mais disposer du pouvoir en solo, c'est un rêve absolu pour qui veut annihiler l'État, lui interdire de prendre corps. Le camp du 8 Mars, spécialiste du blocage et de la paralysie des institutions, se voit offrir l'occasion de parachever son travail de sape, entamé après le retrait des Syriens, et pour leur compte. Blocage pendant des mois de l'élection présidentielle, fermeture de la Chambre et occupation du centre-ville pendant un an et demi : on en passe et des meilleures. Que va-t-on rajouter à ce tableau de chasse ? Déjà, pour l'heure, le ligotage d'un président du Conseil, pourtant désigné par la majorité elle-même et qui se voit dans l'incapacité de former un gouvernement. Parce qu'il refuse obstinément, d'ailleurs avec le plein soutien du chef de l'État, la formule monochrome qui scierait le pays pour de bon. N'ayant pu obtenir l'adhésion du 14 Mars, l'intéressé, le président Nagib Mikati, tient quand même à un cabinet équilibré, panaché, à l'ossature technocratique. Mais ce n'est évidemment pas ce que le 8 Mars veut.
L'enjeu dans l'immédiat : la neutralisation du TSL comme de la campagne contre l'armement du Hezbollah. Le 8 Mars exige le retrait du Liban du tribunal international, donc des juges libanais, l'annulation des protocoles conclus, l'arrêt du versement de la part du Liban dans le financement de cette cour (49 %) et la dénonciation officielle de l'acte d'accusation. Il refuse que l'armement du Hezbollah soit remis à l'État ou même placé sous sa supervision. Il est évident, à partir de là, que le 14 Mars, ne pouvant en aucun cas rejoindre cette ligne et trahir ses principes, il ne lui était pas possible de participer à un gouvernement dit d'union dont les décisions seraient dictées par le 8 Mars. Mais, tout en rejetant la duperie d'un faux partenariat, le 14 Mars souligne, à l'instar des présidents Michel Sleiman et Nagib Mikati, qu'un gouvernement monochrome serait un coup fatal porté au Liban de la cœxistence bien comprise, de la pluralité, de la démocratie et des libertés. Ou encore, on s'en doute, de l'indépendance. Ce camp rappelle que le Hezbollah avait tourné ses armes vers l'intérieur, pour défendre soi-disant l'idée que tant que le confessionnalisme politique n'est pas aboli, il faut un cabinet d'union. Parallèlement, le 8 Mars avait menacé de recourir à la rue et de proclamer une révolution au cas où la majorité souverainiste élirait un président de la République issu de ses rangs.
Si l'on considère la crise ministérielle, le conflit ne porte pas aujourd'hui sur le partage des strapontins ou sur la répartition des portefeuilles. Mais sur le fond même, sur le programme, c'est-à-dire sur la teneur de la déclaration ministérielle et des engagements concernant le TSL ou le traitement du problème des armes. La formation d'un cabinet d'union s'avérant impossible, la logique voudrait que l'on désigne une équipe transitoire, apolitique et neutre d'esprit, pour meubler le temps jusqu'aux législatives de juin 2013. Étant entendu que, d'ici là, l'actuelle législature aurait mis au point une nouvelle loi électorale, moins inique et déséquilibrée. Avec adoption de la proportionnelle et participation au vote des expatriés.
Un ancien ministre n'en revient toujours pas : le 14 Mars s'était vu empêché, jadis, de former tout seul un gouvernement, sous prétexte que nul ne devait accaparer le pouvoir au détriment d'autrui. Et voici que le 8 Mars, devenu majoritaire, exige un cabinet monochrome ! Les dirigeants du Hezbollah soutenaient mordicus, naguère, que la démocratie usuelle, qui remet les rênes...

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