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Lifestyle - Irak

En mal de distractions, Bagdad se dote d’une nouvelle grande roue

« Si la grande roue n'existait pas, nous serions allés au mausolée de l'imam Kazim », affirme Haidar.

Il a fallu 40 jours pour construire la roue haute de 55 mètres... Sabah Arar/AFP

Pour leur première sortie en amoureux depuis leurs fiançailles en décembre, Haidar al-Saïdi a choisi d'emmener sa promise à 55 mètres du sol, dans une des nacelles de la nouvelle grande roue de Bagdad. Elle est selon ses propriétaires la deuxième plus haute du Proche-Orient après celle de l'émirat de Charjah (Émirats arabes unis). Pas étonnant donc qu'elle ait, depuis son inauguration la semaine dernière, volé la vedette aux tigres et autres attractions du parc de Zawra où elle a été érigée, en plein centre de Bagdad.
Car la grande roue offre une rarissime opportunité de prendre un peu de hauteur dans une ville désespérément plate où le regard se heurte sans cesse aux murs en béton qui défigurent toujours le paysage urbain, huit ans après la chute du régime de Saddam Hussein.
« Du haut de la roue, la vue est superbe. On a Bagdad à nos pieds, comme si tout était tout près », se réjouit Haidar, à une semaine de son mariage. « Si la grande roue n'existait pas, nous serions allés au mausolée de l'imam Kazim », poursuit ce garde du corps de 25 ans en référence à un des lieux saints du chiisme, dans le nord de Bagdad.
Dans une ville en mal de divertissements, qui peine à se relever de longues années de violences fratricides, la grande roue a surtout l'attrait de la nouveauté. La petite Tabarak, huit ans, en descend le sourire aux lèvres, comme son père Abbas Fazel, qui l'a emmenée chez le médecin le matin même car elle était malade. « Le docteur a dit qu'elle était déprimée et qu'il fallait l'amuser, alors on est venu directement au parc », sourit cet homme de 41 ans.
« Il n'y a rien à faire à Bagdad, alors quand on apporte quelque chose de nouveau, les gens sont heureux », indique Mohammad Ghanem, 27 ans, qui gère avec son frère ce parc d'attractions que son père avait racheté sous l'ancien régime.
À l'époque, les manèges étaient tous de fabrication locale, car les sanctions prohibaient leur importation. Mais le parc d'attractions niché dans un coin des jardins de Zawra a entamé une lente mue après 2003 et ne compte plus que deux manèges « irakiens », de facture archaïque : le bateau pirate et les tasses. Ils côtoient des autotamponneuses, un circuit de kart et plusieurs bras articulés pour adeptes de sensations fortes, importés d'Europe, selon M. Ghanem. Sa société, qui verse un loyer à la municipalité de Bagdad, espère ériger d'ici à 18 mois des montagnes russes dans son parc.
Il a fallu 40 jours pour construire la grande roue aux 40 nacelles, achetée environ six millions de dollars à un groupe italien. Et si les attroupements sont de longue date des cibles privilégiées des insurgés, M. Ghanem affirme que son parc est sûr « à 100 % », parce que tous les visiteurs sont fouillés et qu'il jouxte la Zone verte, un secteur ultrafortifié qui abrite nombre d'ambassades et de bâtiments officiels.
La nouvelle attraction ne fait pour autant pas l'unanimité auprès de tous les Bagdadis. Près de la file d'attente, un jeune garçon tire sur la robe de sa mère pour l'attirer vers la grande roue. Mais Faten Hussein, 48 ans, ne se laisse pas convaincre. « C'est bien qu'il y ait davantage d'opportunités de se divertir, mais la grande roue est beaucoup trop chère », déplore cette professeur d'anglais. Il faut payer 4 000 dinars (environ 3,50 dollars) pour deux révolutions effectuées en un quart d'heure. « Je pense à mes étudiants qui ont 250 dinars d'argent de poche sur eux. Jamais je ne paierai 4 000 dinars pour un tour de manège, dit-elle. C'est indécent. »
(© AFP)

Pour leur première sortie en amoureux depuis leurs fiançailles en décembre, Haidar al-Saïdi a choisi d'emmener sa promise à 55 mètres du sol, dans une des nacelles de la nouvelle grande roue de Bagdad. Elle est selon ses propriétaires la deuxième plus haute du Proche-Orient après celle de l'émirat de Charjah (Émirats arabes unis). Pas étonnant donc qu'elle ait, depuis son inauguration...

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