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Moyen Orient et Monde - Libye

L’opposition refuse de négocier avec Kadhafi

Alors que les forces gouvernementales continuaient de bombarder les foyers insurgés sur le front est, l'opposition a rejeté, hier, toute négociation avec Mouammar Kadhafi, tout en lui promettant qu'elle renoncerait aux poursuites judiciaires s'il quittait le pays.

Un combattant anti-Kadhafi, blessé lors des combats sur la route séparant Ras Lanouf de Ben Jawad, est évacué. Goran Tomasevic/Reuters

Les forces gouvernementales libyennes ont poursuivi hier leurs attaques contre les insurgés, les attaques aériennes et les tirs visant les positions rebelles derrière le no man's land établi entre les villes côtières de Ras Lanouf, aux mains des insurgés, et de Ben Jawad, reprise par les forces gouvernementales, à 550 km à l'est de Tripoli. Pour la première fois hier, une frappe aérienne a atteint une maison à Ras Lanouf. Une grande partie de la ville semblant avoir été évacuée, on n'a toutefois pas fait état de victimes.
Le pillonnage était intensif, six obus explosant en l'espace de cinq minutes, certains à seulement une centaine de mètres de la route côtière, à environ 13 km à l'ouest de Ras Lanouf. De nombreux combattants rebelles s'étaient dirigés vers la ligne de front, mais lorsque le bombardement s'est rapproché, ils ont dû faire demi-tour. « Kadhafi est un malade », a indiqué sur le front un combattant rebelle, Kamal Cheikh, originaire de Brega, ville plus à l'est de Ras Lanouf. « Il fait pleuvoir des bombes sur nous mais nous sommes des êtres humains. Nous sommes libyens. Ils tirent sur n'importe qui », a-t-il ajouté, une kalachnikov à la main.
À l'autre bout du pays, les chars et l'artillerie des pro-Kadhafi ont de nouveau tiré sur Zawiyah. Un habitant a déclaré au cours d'une brève liaison téléphonique que les gouvernementaux cherchaient à « détruire la ville ». Un porte-parole du gouvernement de Tripoli, Moussa Ibrahim, a affirmé que les forces loyalistes avaient repris le contrôle de la ville et que seule une poignée de rebelles résistaient.
À Tripoli, les partisans de Kadhafi semblent encore renforcer leur mainmise sur la capitale et les déplacements des journalistes étrangers ont été limités.
Au 22e jour de l'insurrection sanglante, l'opposition, basée à Benghazi, a rejeté toute négociation avec le régime, exigeant que Mouammar Kadhafi quitte le pays dans les 72 heures et promettant le cas échéant de ne pas engager de poursuites pénales contre lui. La télévision officielle a de son côté jugé « impensable » que M. Kadhafi « puisse prendre contact avec des gens ayant fait appel aux étrangers contre leur propre pays ».
Un des représentants de l'opposition libyenne a par ailleurs déclaré, dans un discours devant des députés européens à Strasbourg, que l'opposition attend de l'UE qu'elle la reconnaisse « le plus tôt possible » comme seule autorité légitime.
Mahmoud Jebril, 59 ans, haut responsable du Conseil national de transition constitué par l'opposition à Kadhafi, a par ailleurs demandé aux Européens une aide économique, humanitaire et médicale. Des diplomates européens ont indiqué que Le fonds souverain libyen (LIA) sera ajouté d'ici à vendredi à la liste des entités visées par des sanctions de l'UE.
Sur le plan militaire, M. Jebril a défendu l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne (destinée à empêcher le pouvoir de bombarder la population) mais à condition qu'elle ne s'accompagne d'aucune intervention étrangère sur le sol libyen. La France et la Grande-Bretagne préparent un projet de résolution en ce sens au Conseil de sécurité de l'ONU. La possibilité d'imposer une telle zone a été soulevée hier au Conseil de sécurité lors de consultations sur l'Afrique du Nord, a affirmé un responsable. Les partisans du projet ont, à cette occasion, indiqué que la zone d'exclusion ne serait appliquée que si la situation des civils était suffisamment grave. « C'est un projet d'urgence », a expliqué un diplomate britannique sous couvert d'anonymat. « Nous voulons être sûrs que si le déclencheur est là, nos serons en position d'agir rapidement. » L'imposition d'une zone d'exclusion aérienne est un acte de guerre, a en outre rappelé un diplomate.
La Russie et la Chine, deux pays membres permanents du Conseil disposant du droit de veto, ont déjà exprimé leur opposition à toute action militaire internationale en Libye. Outre la zone d'exclusion aérienne, les Occidentaux affichent désormais ouvertement leur soutien aux opposants du régime.
Aux États-Unis, l'idée d'un soutien plus actif, sous la forme d'aide militaire, a été formulée. « Sur la question (...) de fournir des armes (à l'opposition), il s'agit de l'une des possibilités qui sont à l'étude », a expliqué Jay Carney, le porte-parole de la Maison-Blanche. En soirée, on apprenait que des diplomates américains, dont Gene Cretz, l'ambassadeur américain en Libye, avaient rencontré au Caire des membres de l'opposition libyenne.
Enfin, sur le plan humanitaire, Valérie Amos, qui dirige le Bureau de coordination des affaires humanitaires à Genève, estime que plus d'un million de personnes ont besoin d'une assistance d'urgence, soit qu'elles ont fui la Libye - velles seraient 215 000 dans ce cas depuis deux semaines - soit qu'elles vivent dans des conditions précaires en raison des affrontements.
(Source : agences)
Les forces gouvernementales libyennes ont poursuivi hier leurs attaques contre les insurgés, les attaques aériennes et les tirs visant les positions rebelles derrière le no man's land établi entre les villes côtières de Ras Lanouf, aux mains des insurgés, et de Ben Jawad, reprise par les forces gouvernementales, à 550 km à l'est de Tripoli. Pour la première fois hier, une...

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