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Culture - Rencontre

L’identité nationale à travers l’art vue par Martina Corgnati

Martina Corgnati.

À l'occasion du 150e anniversaire de l'unification de l'Italie, le Pr Martina Corgnati, curateur et historienne de l'art, a été invitée à donner une conférence, à l'USJ, sur le thème de «L'identité nationale dans l'art de certaines époques de l'histoire de l'Italie».
Une intervention organisée par l'ambassade d'Italie, en collaboration avec le Pr Georges Rabbath, curateur du pavillon libanais à la prochaine Biennale de Venise (de juin à novembre 2011) et lui-même professeur à l'USJ .
Martina Corgnati a commencé sa conférence en évoquant la naissance de la nation italienne qui a coïncidé avec le Risorgimento (la «Nahda» en arabe). À l'époque, Francesco Hayez peint ses portraits et ses premières allégories politiques avant l'Unification, à Milan et à Venise (faisant encore partie de l'empire austro-hongrois), où il était dangereux de se référer à l'Italie en tant qu'État, comme en témoignent des tableaux comme Ruth (1835), devenu emblème du désir pour la mère patrie, ou encore Méditation (1851), en passant par Domenico Morelli (Les Iconoclastes, 1855).
Après la seconde guerre de l'indépendance (1860-1861), la « star » des peintres est, bien entendu, Garibaldi, peint par Giovanni Fattori, Gerolamo Induno ou encore Ippolito Caffi.
Faisant l'impasse sur le futurisme faute de temps, Corgnati a préféré s'attarder à l'époque du fascisme où deux notions de l'art apparurent: d'une part, Lionello Venturi, défenseur du primitivisme dans l'art comme source de spontanéité et de modernité (citant le cas de Giotto et de Manet) qui s'exila et rejoint la Résistance en France où il écrivit Les Archives de l'impressionnisme; d'autre part, Margherita Sarfatti, critique d'art et journaliste vénitienne, transplantée à Milan et grande supporter du «Novecento», mouvement prônant un retour vers les canons de la Renaissance. L'exposition homonyme à la Biennale de Venise, en 1924, avait pour thème central la glorification du «réel» tel que décrit par Nietzsche et d'Annunzio.
Sarfatti, jeune militante socialiste d'origine juive, rencontre Benito Mussolini en 1916, devient sa proche conseillère et écrit sa biographie officielle Dux en 1924. Elle n'échappe malheureusement pas aux lois raciales de 1938. Ainsi l'idée première d'une nouvelle forme d'art pour une nouvelle Italie fut tout de même le résultat de la position théorique d'une personne marginale, non-académique et finalement en opposition avec l'idée d'identité ethnique prônée par le
fascisme.
Ce n'est qu'avec la néo-avant-garde que des écrivains comme Raffaele de Grada parlent de «formes nationales et de contenu socialiste» et trouvent dans des artistes comme Renato Guttuso une illustration parfaite.
Puis la conférencière aborde les années 60 où l'identité nationale est remise sur le tapis dans un contexte ouvertement polémique envers les institutions et la politique du pays. Luciano Fabro, un des membres les plus importants de l'Arte Povera - fondé par Germano Celant en 1967 - est le seul intéressé par le thème d'identité nationale. Son but est une rediscussion systématique des stéréotypes en rapport avec ce thème à travers l'usage des «ready-made».
Après les années 70, avec le terrorisme des Brigades rouges et la formation du premier gouvernement socialiste mené par Bettino Craxi, l'art voit naître le «citationnisme» et le retour à la peinture dont la figure de proue fut Achille Bonito Oliva.
Corgnati a clôturé sa conférence en évoquant deux artistes contemporains, Maurizio Cattelan et Agnese Prugatorio, qui abordent le thème à travers deux angles différents, l'industrialisation et la société de consommation, d'une part, et, de l'autre, la clandestinité, qui met en lumière l'échec de l'idéologie face à la dure réalité de la vie quotidienne.
À l'occasion du 150e anniversaire de l'unification de l'Italie, le Pr Martina Corgnati, curateur et historienne de l'art, a été invitée à donner une conférence, à l'USJ, sur le thème de «L'identité nationale dans l'art de certaines époques de l'histoire de l'Italie».Une intervention organisée par l'ambassade d'Italie, en collaboration avec le Pr Georges Rabbath, curateur...

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