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Une contagion de la révolte risque d’être explosive dans le reste du monde arabe

« Le rythme des réformes était beaucoup trop lent », affirme l’OIT

Le déferlement historique de revendications économiques et politiques dans le monde arabe n'aurait peut-être pas eu lieu sans l'acte de désespoir de Mohammad Bouazizi. En décembre dernier, ce jeune diplômé tunisien, dans une ultime dénonciation d'un des fléaux ravageant son pays, le chômage, s'immolait par le feu et en mourait quelques jours plus tard. Un suicide qui a déclenché un soulèvement populaire dans son pays et a provoqué la chute du président Zine al-Abidine Ben Ali. Depuis, une dizaine de personnes ont imité son geste en Algérie, au Yémen, en Mauritanie et en Égypte, où là aussi on manifeste contre le manque de travail, la cherté de vie et la corruption.
Dans son dernier rapport sur l'emploi, l'Organisation internationale du travail (OIT) indique que le taux de chômage au Moyen-Orient est le taux régional le plus élevé au monde : en 2010, seulement 45,4 % de la population active avait un emploi stable. Le rapport note également que la situation des jeunes (de 18 à 24 ans) est particulièrement préoccupante avec un taux de chômage quatre fois supérieur à celui des adultes.
« Pour bien fonctionner, tout marché libéral a besoin de quatre éléments importants : l'emploi, la protection sociale, les droits sociaux et le dialogue », affirme à L'Orient-Le Jour Maurizio Bussi, directeur régional adjoint de l'OIT, à Beyrouth. « Ces éléments, qui ont une valeur humaine très importante, ne sont malheureusement pas toujours réunis et ceci pourrait éventuellement créer une certaine instabilité », ajoute-t-il.
Dans une région caractérisée par la lenteur des réformes économiques, sociales et politiques, la corruption et les inégalités, cette crise aurait-elle pu être évitée ? « Je ne crois pas que les politiciens de la région étaient contre l'idée des réformes, estime M. Bussi. Ils répétaient qu'il était nécessaire d'engager ces réformes, mais à leur propre rythme et de la manière qu'ils jugeaient la plus appropriée pour leur société. » « Le problème, tient-il toutefois à ajouter, est que leur rythme était beaucoup trop lent. Ils n'ont compris que trop tard que le processus de réformes devait être accéléré afin de subvenir aux demandes de leurs populations. »
Résultat, « la contestation qui était à l'origine socio-économique a pris une dimension politique », affirme M. Bussi. « Dans une situation où le peuple se sent dépourvu de sa dignité, de sa liberté d'expression et de sa source de revenus, les mesures économiques à elles seules ne suffisent plus, poursuit-il. Il faut qu'elles soient accompagnées de mesures pour restaurer la justice sociale. Et pour cela, il faut une réelle volonté politique. »
Le déferlement historique de revendications économiques et politiques dans le monde arabe n'aurait peut-être pas eu lieu sans l'acte de désespoir de Mohammad Bouazizi. En décembre dernier, ce jeune diplômé tunisien, dans une ultime dénonciation d'un des fléaux ravageant son pays, le chômage, s'immolait par le feu et en mourait quelques jours plus tard. Un suicide qui a déclenché un...