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Économie - Crise

L’Égypte risque de voir fondre ses réserves de change

Les réserves de change de l'Égypte ont été suffisantes jusqu'à maintenant pour éviter un problème de paiement externe mais elles risquent de s'amenuiser gravement si la crise politique et sociale continue, tandis que les banques pourraient être confrontées à un flot de retraits.
Lors des deux jours ouvrés qui ont suivi le début des manifestations le 25 janvier - la journée était fériée -, les Égyptiens et les investisseurs étrangers ont transféré des centaines de millions de dollars hors d'Égypte, estiment les spécialistes des changes.
L'État égyptien disposait de 36 milliards de dollars de réserve de change à la fin décembre, selon les chiffres de la banque centrale. L'Égypte avait aussi 21 milliards de dollars de « réserves officieuses » à fin octobre, des actifs supplémentaires détenus auprès des banques commerciales, selon une note de la banque américaine Citigroup datée du 27 janvier.
Ces chiffres laissent penser qu'il n'y a pas de danger dans l'immédiat d'une crise de la balance des paiements. Mais les scènes de panique à l'aéroport du Caire dimanche, alors qu'étrangers et Égyptiens tentaient d'obtenir des billets pour quitter le pays, soulignent que les sorties de capitaux pourraient atteindre des niveaux dommageables à moyen terme.
« Le trésor de guerre (de l'Égypte) va se réduire si cette situation dure plusieurs semaines au lieu de quelques jours », commente John Sfakianakis, économiste à la banque Saudi Fransi, qui craint que les marchés ne commencent à attaquer la livre égyptienne.
L'Égypte est vulnérable à une inversion des flux de capitaux étrangers qui ont jusqu'ici été attirés par les rendements élevés offerts par les obligations souveraines égyptiennes.
Selon la banque Barclays Capital, les avoirs étrangers en actifs égyptiens avant les manifestations étaient proches de 25 milliards de dollars, dont la moitié étaient détenus en papier obligataire souverain de court et long terme.
L'agence Moody's a annoncé hier avoir abaissé d'un cran la note souveraine de l'Égypte avec perspective négative, en raison du risque politique accru.
En revanche, les investissements étrangers directs, basés sur le long terme, sont moins susceptibles d'être influencés par l'agitation politique. L'Égypte a attiré 6,76 milliards de dollars lors de l'année fiscale close le 30 juin 2010, dont 3,6 milliards placés dans le secteur pétrolier.
Mais si les perturbations affectant le tourisme venaient à se prolonger, les dégâts pourraient être considérables. Le tourisme a rapporté 11,59 milliards de dollars à l'Égypte lors de la dernière année fiscale.
Le déficit des comptes courants, qui s'élevait à 802 millions de dollars sur le trimestre juillet-septembre 2010, pourrait s'être creusé sur le trimestre en cours en raison d'une diminution des rentrées de devises liées au tourisme.
Autre inconnue, l'attitude des couches aisées de la population. Selon un employé d'une banque de taille moyenne du Caire, qui a souhaité garder l'anonymat, les clients de cet établissement ont fait sortir 150 millions de dollars du pays en deux jours. Selon certains banquiers, les sorties totales de capitaux d'Égypte auraient atteint 500 millions de dollars par jour au minimum la semaine dernière. Si les sorties continuaient à ce rythme, l'Égypte pourrait perdre un quart de ses réserves officielles en un mois.
Beaucoup dépendra de la gestion de la livre égyptienne par les autorités lors de la réouverture des marchés. Le gouvernement a décidé la fermeture des marchés et des banques commerciales dimanche et lundi. La Bourse du Caire devrait être également fermée mardi, selon un de ses responsables.
La semaine dernière, la livre n'a perdu que 0,7 % face au dollar, à 5,855 livres. La banque centrale n'a pas eu besoin d'intervenir de façon directe ou indirecte.
À la réouverture des marchés, toutefois, les traders pourraient tester la volonté de la banque centrale de maintenir le taux de change stable. Si celle-ci dépense ce qui est nécessaire pour maintenir la livre stable, cela pourrait sérieusement affecter ses réserves. Si elle laisse chuter la livre, cela risque de susciter la panique.
Une livre plus faible renchérira le prix payé par les Égyptiens pour les marchandises étrangères, ce qui nourrira l'inflation, l'un des facteurs à l'origine des manifestations contre le gouvernement.
Certains analystes n'excluent pas l'instauration d'un contrôle des changes. Cela risque toutefois d'entacher la réputation de l'Égypte, très dépendante des flux de capitaux étrangers.
Le moment choisi pour la réouverture des banques sera également important. « Les gens commencent à être à court d'argent. Nous nous attendons à ce qu'il y ait un rush à la réouverture des banques », commente un banquier du Caire.
Les réserves de change de l'Égypte ont été suffisantes jusqu'à maintenant pour éviter un problème de paiement externe mais elles risquent de s'amenuiser gravement si la crise politique et sociale continue, tandis que les banques pourraient être confrontées à un flot de retraits.Lors des deux jours ouvrés qui ont suivi le début des manifestations le 25 janvier - la journée...

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