Je n'oublierai jamais comment un photographe français, Pascal Beaudenon, qui, chaque fois qu'il nous rendait visite au Nahar, ne manquait pas de saluer en premier « Monsieur Mike », comme il l'appelait.
Mike a essayé de s'adapter au passage du journal à l'ère numérique. Dans un premier temps, il développait les négatifs couleurs, faisait des planches-contacts qui nous aidaient à choisir les photos. Puis le numérique a fini par tuer la chambre noire, et Mike regardait avec émerveillement ce bond technologique qui faisait de n'importe quel amateur un photojournaliste en puissance, qui, avec son téléphone portable ou avec un appareil, devenait un « citizen photojournalist ».
Par contre, Mike était fâché avec notre pays, le Liban, qu'il adorait, mais qu'il voyait s'enfoncer dans un cycle de violence ou de déni de l'autre. Il pestait contre ces politiciens qui préféraient entretenir la haine au lieu de s'occuper des besoins essentiels, comme la Sécurité sociale, la santé ou les transports en commun. Quand j'étais revenu au Liban après un long séjour en Europe, il me conseillait parfois de repartir si je pouvais. Et me racontait comment la vie est une histoire de chance, il avouait en avoir manqué. Je crois, moi, qu'il ne savait pas se « vendre », à cause de sa sincérité et son refus de « doubler » les copains.
Finalement, Mike était une histoire d'amour exemplaire : avec sa famille qu'il adorait et ses amis du Nahar et de L'Orient qu'il n'a jamais oubliés, m'avouant une des dernières fois que je le rencontrais et après qu'il eut visité son ami Issa Goraieb que la solution au Liban viendrait quand des hommes comme Issa seraient aux commandes...
Adieu l'ami... Adieu Monsieur Mike.
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