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Culture - Concert

Les dernières mesures avant 2011 avec l’Orchestre philharmonique libanais

L'église Saint-Joseph (USJ) est en fête. En une agitation discrète, les nombreux fidèles mélomanes (dans un espace rempli à craquer) se pressent devant un autel et des nefs décorés de bougies au lumignon rouge et de colliers de poinsettias épanouis. L'Orchestre philharmonique libanais, sous la direction de maestro Walid Gholmieh, officie en grande pompe pour le dernier concert 2010 avec le concours des chorales antonine et du conservatoire. Les incontournables Christmas Carols certes, mais aussi Vivaldi et le « oud » sublime et virtuose du soliste Simon Shaheen.

Un concert de fin d’année avec un menu varié et panaché. (Mawan Assaf)

Un concert de fin d'année a toujours quelque chose de solennel. Avec un rien d'ému pour tous ces mois, ces semaines, ces jours, ces instants écoulés... C'est avec cet esprit festif, mais aussi plein de promesse et d'espoir que l'Orchestre philharmonique libanais accueille son public pour les dernières mesures avant 2011.
Au menu, varié et panaché, un peu de bric et de broc, un mélange des genres groupant aussi bien les Jingle Bells des traîneaux grelots glissant sur la neige que les envolées lyriques d'un dense orientalisme du oud de Simon Shaheen tout en ne boudant pas le baroque du Gloria in excelsis Deo de Vivaldi.
Des cartes postales de la Nativité aux accents d'une mélodie échappée à la Palestine, terre natale du Sauveur, en passant par la Cité des Doges et ses brumes, la musique a cet air universel et convainquant qu'aucune frontière ne retient ni n'embrigade.
En ouverture, presque en fanfare, les mélodies de Noël, bien entendu, dans des arrangements orchestraux chatoyants, avec des morceaux choisis de Holiday Favorites exécutés avec entrain et vivacité par les jeunes du « LeBam », ou la bande de l'Association libanaise pour la promotion de la musique.
Changement de ton, d'horizon et suit une ample et mélancolique Méditation de Thais de Massenet (arrangement W. Gholmieh) qu'on n'écoute pas pour la première fois. Douce, grave et émouvante conversion d'une courtisane d'Alexandrie pour les dieux qu'elle ignorait jusqu'à présent.
Triomphe du oud et de ses accents à la fois tendres et drus avec Simon Shaheen. On écoute ici le Concerto n°1 pour oud et orchestre en c mineur de celui qui a signé des CD qui ont pour titres Turath, Saltanah et Taquasim.
Trois mouvements d'un conte bleu, presque shéhérazadesque dans sa munificence sonore, jonglant avec brio et panache avec tous les rythmes et cadences de la prosodie de la musique levantine. Dans cette narration tout en arabesques orientales, la part belle est à des improvisations qui ne lésinent pas sur les arpèges vertigineux ou les chromatismes périlleux. Célérité, netteté des accords ou des cordes grattées révèlent dans cette brillante prestation l'indéniable qualité d'un interprète hors pair et d'un compositeur inspiré, adulé aux États-Unis, diplômé de l'Université de Colombia et honoré d'un prestigieux prix à la Maison-Blanche, mais qui, à travers ses notes et ses partitions, sait rendre hommage à sa terre natale, cet obscur village entre sable, rocaille et buisson nommé Tarshiha, en Palestine.
Ovation frénétique et intempestive pour un moment privilégié où le oud a littéralement charmé et tétanisé une salle comble. Retour au-devant du pupitre de Simon Shaheen et, à la demande expresse de l'auditoire en délire, un bis est généreusement accordé par l'artiste pour que le rêve persiste et que la magie ne lâche pas prise.
Une fois de plus, changement de cap et d'horizon et c'est le baryton Raymond Ghattas qui emmène l'auditoire vers les rives de la piété avec un vibrant Adeste Fideles de J.F. Wade.
Pour rester dans un siècle marqué par le baroque, la rigueur et une certaine élégance, qui mieux que Vivaldi pour prendre le relais ? Grandeur et somptuosité sonore de ce Gloria RV589 du Prêtre roux empreint de ferveur, de piété, d'élans et de sentiments, où la musique sacrée atteint l'un de ses points les plus
culminants...
Et pour conclure, retour en force à cette soirée de Noël, instaurée par maestro Walid Gholmieh comme un rendez-vous traditionnel incontournable. Entre une sainte nuit, un regard sur la crèche et un charmant bouquet de ritournelles du répertoire de la fête de la Nativité, rythmes, cadences, mélodies et euphorie riment en parfaite harmonie...
Un concert de fin d'année a toujours quelque chose de solennel. Avec un rien d'ému pour tous ces mois, ces semaines, ces jours, ces instants écoulés... C'est avec cet esprit festif, mais aussi plein de promesse et d'espoir que l'Orchestre philharmonique libanais accueille son public pour les dernières mesures avant 2011.Au menu, varié et panaché, un peu de bric et de broc, un...

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