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Liban

François Génadry a franchi la ligne d’arrivée

Le coureur de fond a franchi la ligne d'arrivée. Il a déposé les armes et fermé les yeux. François Génadry est décédé jeudi dernier, à l'âge de 87 ans, entouré de l'affection des siens, et de l'admiration de tous.

Le président Chéhab avait choisi François Génadry comme aide de camp.

Des innombrables réalisations de l'homme, c'est la bataille de Malikiyé en 1948 qui le campait le mieux. Mais auparavant, on retiendra cette repartie qu'il adressa à un officier de l'École militaire à Homs, où il faisait ses premiers entraînements. « Comment choisit-on les élèves officiers chez vous ? » avait lancé l'homme, raillant la petite taille de François Génadry qui se tenait devant lui : « Chez nous, avait répliqué ce dernier, on ne mesure pas la valeur d'un soldat à sa taille, mais à sa tête. »
La bataille de Malikiyé restera comme le fait d'arme fondateur de la réputation de François Génadry. Ce jour-là, le 5 juin 1948,  comprenant que sans un mouvement audacieux, les troupes libanaises chargées de reprendre Malikiyé aux milices sionistes  étaient condamnées à l'immobilité par le feu ennemi, il avait opéré  la première réforme de l'armée libanaise, et remplaçant l'ordre traditionnel   « En avant » par un hurlement  retentissant : « Suivez-moi. »
Son audace avait payé. L'ennemi, surpris, se replia. Il contre-attaqua, mais sans succès.   C'est ainsi que fut brisé l'encerclement de Malikiyé et rouverte la voie conduisant à la base de ravitaillement vitale de Aïtaroun. Bilan : 4 morts et 8 blessés dans les rangs libanais.  Le sous-lieutenant Génadry fut promu lieutenant sur le champ de bataille même et reçut la croix de guerre.
Sa carrière politique fut marquée par deux faits. En 1958, il fut nommé aide de camp du président Chéhab, homme de confiance et ami, qui le choisit pour sa probité et son courage  après son élection à la présidence de la République. En 1975, il fut nommé ministre du Travail et de l'Énergie, dans l'espoir que son sens de l'intérêt public pouvait faire des miracles. Pour le Liban, il était trop tard.
À son mariage, en 1958, c'est  le futur commandant de l'armée, Ibrahim Tannous, qui sera son témoin. Un témoin qui avait admiré le courage de son aîné et qui appliqua, après avoir accédé au poste de commandement,  la plupart des réformes qu'il prônait.
Il passa 34 ans sous les drapeaux, qu'il quitta avec le  grade de brigadier d'état-major. Il avait assumé notamment, au sein de l'armée, la présidence de l'École militaire  et celles du  2e  et du 3e Bureau.
Titulaire de plusieurs distinctions honorifiques, celle qu'il préférait était le titre de grand commandeur  de l'ordre du Cèdre. Grand libanais, profondément croyant, parfait francophone,  marathonien invétéré,  il trouva même le temps, entre des sessions d'entraînement et sa vie de famille, de décrocher une licence en droit de l'Université Saint-Joseph, « la jésuitière », comme il l'appelait familièrement, terme qu'il avait forgé sur le modèle de « pépinière ». Il est certainement parti comme il était entré dans l'armée : la tête haute.

Des innombrables réalisations de l'homme, c'est la bataille de Malikiyé en 1948 qui le campait le mieux. Mais auparavant, on retiendra cette repartie qu'il adressa à un officier de l'École militaire à Homs, où il faisait ses premiers entraînements. « Comment choisit-on les élèves officiers chez vous ? »...

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