La bataille de Malikiyé restera comme le fait d'arme fondateur de la réputation de François Génadry. Ce jour-là, le 5 juin 1948, comprenant que sans un mouvement audacieux, les troupes libanaises chargées de reprendre Malikiyé aux milices sionistes étaient condamnées à l'immobilité par le feu ennemi, il avait opéré la première réforme de l'armée libanaise, et remplaçant l'ordre traditionnel « En avant » par un hurlement retentissant : « Suivez-moi. »
Son audace avait payé. L'ennemi, surpris, se replia. Il contre-attaqua, mais sans succès. C'est ainsi que fut brisé l'encerclement de Malikiyé et rouverte la voie conduisant à la base de ravitaillement vitale de Aïtaroun. Bilan : 4 morts et 8 blessés dans les rangs libanais. Le sous-lieutenant Génadry fut promu lieutenant sur le champ de bataille même et reçut la croix de guerre.
Sa carrière politique fut marquée par deux faits. En 1958, il fut nommé aide de camp du président Chéhab, homme de confiance et ami, qui le choisit pour sa probité et son courage après son élection à la présidence de la République. En 1975, il fut nommé ministre du Travail et de l'Énergie, dans l'espoir que son sens de l'intérêt public pouvait faire des miracles. Pour le Liban, il était trop tard.
À son mariage, en 1958, c'est le futur commandant de l'armée, Ibrahim Tannous, qui sera son témoin. Un témoin qui avait admiré le courage de son aîné et qui appliqua, après avoir accédé au poste de commandement, la plupart des réformes qu'il prônait.
Il passa 34 ans sous les drapeaux, qu'il quitta avec le grade de brigadier d'état-major. Il avait assumé notamment, au sein de l'armée, la présidence de l'École militaire et celles du 2e et du 3e Bureau.
Titulaire de plusieurs distinctions honorifiques, celle qu'il préférait était le titre de grand commandeur de l'ordre du Cèdre. Grand libanais, profondément croyant, parfait francophone, marathonien invétéré, il trouva même le temps, entre des sessions d'entraînement et sa vie de famille, de décrocher une licence en droit de l'Université Saint-Joseph, « la jésuitière », comme il l'appelait familièrement, terme qu'il avait forgé sur le modèle de « pépinière ». Il est certainement parti comme il était entré dans l'armée : la tête haute.
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