Nous sommes accueillis par une hôtesse souriante qui nous installe à notre table, sans même consulter sa liste de réservations.
Le restaurant est cossu mais peu lumineux à midi, l'ambiance est feutrée. L'arrière-fond musical reprend les classiques français (La Mer de Trenet ou Les Feuilles mortes de Montand) version jazz.
Mais personne ne semble écouter. Ça piaille dans la salle, les femmes regroupées autour de grandes tables ont décidé de parler toutes en même temps et n'épargnent pas les hommes installés pour leurs déjeuners d'affaires.
Les serveurs, professionnels, sont très présents dans la salle, ils rodent sans arrêt autour des tables et ne laissent rien passer : une serviette ou un couvert qui tombe est automatiquement remplacé, un froncement de sourcils et ils sont déjà là, une assiette terminée est aussitôt débarrassée. Une conversation au sommet entre deux serveurs se tient à quelques pas de notre table. Elle est peut-être le signe qu'ils sont en surnombre et que certains cherchent à s'occuper.
Les menus arrivent. La carte, simple et traditionnelle, propose une quarantaine de plats. Peu d'éléments nouveaux : la salade de chèvre chaud, l'assiette de saumon fumé, les asperges et la salade endives roquefort et noix sont pour le moins banales, mais c'est sans doute ce manque d'innovation, ces plats familiers, qui plaisent aux clients du Cocteau.
Face à la floraison de nouveaux restaurants, il est le refuge du classique par excellence, sans sophistication ni surprises.
Car des surprises, il n'y en a pas sur le menu du Cocteau, excepté la section à l'appellation ambitieuse « Crustacés, coquillages et poissons frais », qui ne comprend en réalité aucun coquillage, sauf si on compte la « coquille de crabe ».
Une phrase en bas de cette section annonce la fraîcheur des produits. Difficile à croire, à moins qu'il n'y ait du saumon dans nos rivières.
Le reste de la carte donne la part belle aux viandes avec deux sections : « Grillades » et « Entrées de boucherie ». Un « steak pommes frites » s'est d'ailleurs perdu dans la section « Tartares », à moins que par « steak » on veuille signifier « bœuf ».
Les « suggestions » sont imprimées sur la carte et rien n'est proposé à la volée.
Le service est très rapide, nos plats arrivent quelques minutes après la commande. La qualité est au rendez-vous. Le tartare de « Mérou de sable » est bon malgré plusieurs arêtes, le saumon est plus réussi et bien assaisonné. La salade tiède « façon du chef » (dans le texte) est bonne avec des légumes sautés - champignons, artichauts, haricots et asperges. Le saumon fumé est présenté à l'ancienne sans sophistication, bien étalé dans l'assiette. La « darne de saumon fumé et son mesclun » est à recommander.
La cuisson est juste et la viande est bonne, mais la sauce aux champignons est trop crémeuse. Quant aux desserts, ils manquent de finesse dans la présentation. La tarte au chocolat est noyée dans un coulis de cassis. La pâte de la tarte est bonne, mais la mousse au chocolat à l'intérieur un peu épaisse.
On ne comprend pas forcément le lien entre Jean Cocteau et cette brasserie, malgré les nombreuses reproductions de dessins de l'artiste et écrivain français qui ornent les murs.
Cette coutume, très prisée au Liban, de donner aux restaurants (français) le nom d'un personnage célèbre (Balthus, Rabelais, Talleyrand...) est amusante. À quand un restaurant De Gaulle, Verlaine ou Delacroix ?
Le serveur nous remet l'addition après l'avoir consciencieusement vérifiée, fait rare et réconfortant. Le rapport qualité prix est excellent, l'un des meilleurs en ville.
Le Cocteau est une valeur sûre, un classique. Il est là, rassurant, tel son propriétaire toujours présent sur les lieux.
E-mail :
michelinezok@hotmail.com
Adresse Quartier Nazareth, Achrafieh
Capacité 70 personnes
Prix moyen 90 000 LL
Qualité de la nourriture ****
Rapport qualité/prix *****
Ambiance ***
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