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Liban - Tournée

Erdogan : Il ne faut pas toucher au modèle de coexistence libanais

Au second et dernier jour de sa visite au Liban, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'est rendu à Saïda et Naqoura, avant de recevoir diverses personnalités politiques libanaises à son hôtel.

Recep Tayyip Erdogan recevant un exemplaire précieux du Coran offert par le Premier ministre Saad Hariri et Bahia Hariri.Sharif Karim/Reuters

Au deuxième jour d'une visite remarquée au Liban, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'est rendu hier à Saïda, où il a inauguré un hôpital pour grands brûlés financé par son pays, et au QG de la Finul, à Naqoura, où il a rencontré le commandant de la Finul, Alberto Asarta, et les chefs de son contingent turc, basé à Cheaytié. Le matin, M. Erdogan avait assisté à un forum économique à Beyrouth (voir page 8).
En soirée, le responsable turc a reçu à son hôtel, le Phoenicia, les visites des anciens Premiers ministres Nagib Mikati et Fouad Siniora, ainsi que celles de l'ancien chef de l'État Amine Gemayel, du président des Forces libanaises, Samir Geagea, de Michel Aoun, de Walid Joumblatt et d'une délégation du Hezbollah conduite par le député Mahmoud Raad. Le député Ali Khreiss, membre du bloc du Hezbollah, avait déclaré en cours de journée que le Premier ministre turc se trouve au Liban, sur invitation du Conseil des ministres, et donc automatiquement de son parti, et que son bloc « n'a aucune réserve » à l'égard d'un homme particulièrement estimé pour ses prises de position anti-israéliennes.
Il reste que la visite d'Erdogan n'a pas été appréciée par les membres de la communauté arménienne au Liban, qui l'ont boycottée, et ont manifesté leur mauvaise humeur place des Martyrs (voir par ailleurs).

 Le « poids sunnite » d'Erdogan
La visite du Premier ministre turc a permis à Saad Hariri de réaffirmer sa position à l'égard du TSL et des menaces contre la stabilité du Liban proférées par l'opposition.
Même si son interlocuteur s'est voulu à égale distance de tous, son « poids sunnite » et les endroits visités - Saïda, le Akkar -, n'ont pas manqué de jouer en faveur de M. Hariri.
Il s'est même trouvé quelqu'un, Nagib Mikati, pour lui reprocher de n'avoir pas « fait à Tripoli l'honneur d'être la première étape de sa visite » au Liban-Nord.
Au cours de la cérémonie d'inauguration d'un grand hôpital pour brûlés financé par la Turquie, à Saïda, le chef du gouvernement a ainsi réaffirmé, avec une insistance digne d'être relevée, que « la stabilité du Liban est une partie intégrante de la stabilité de la région, et est devenue, au cours des trois dernières décennies, l'indicateur politique général de la stabilité régionale ».
« Vous êtes un leader islamique par excellence, a-t-il dit, vous avez élevé le concept de la modération islamique au plus haut niveau mondial et ramené à la Turquie les gloires d'un rôle régional et mondial, qui a constitué une réelle valeur ajoutée pour le monde musulman sur le plan international », a commencé par affirmer le Premier ministre.
« Votre présence aujourd'hui, a poursuivi M. Hariri, est un message rassurant pour tous les Libanais (...) Nous vous assurons, pour notre part, que le Liban se portera bien et que les Libanais de toutes les affiliations politiques n'abandonneront pas leur unité nationale, quel que soit le niveau de l'escalade du discours politique et des campagnes médiatiques. Nous avons choisi de vivre ensemble (...) et de résoudre nos questions par le dialogue. Nous ne renoncerons jamais à notre appel à la raison et à notre attachement au dialogue national, sous la direction du président Michel Sleiman, comme seule façon de résoudre les différends et de rapprocher les points de vue, à la faveur de l'ombrelle arabe fournie par l'Arabie saoudite et la Syrie. »

 Saut qualitatif
M. Hariri a rendu hommage au « saut qualitatif » que la Turquie a su effectuer à l'égard du conflit israélo-arabe, en accordant « la priorité aux questions humanitaires et aux droits légitimes du peuple palestinien, par rapport aux intérêts supposés des relations entre les États ».
« Cela a été apprécié par les peuples et les gouvernements arabes », a-t-il dit.
M. Hariri a également affirmé apprécier « le rôle turc dans la protection de la diversité religieuse en Orient, comme marque essentielle d'ouverture culturelle et d'humanité ».
« Le dialogue des civilisations pratiqué par la Turquie a fait de ce pays un modèle d'une culture musulmane modérée et une sorte de répondant aux récentes résolutions du synode sur les Églises catholiques orientales qui s'est tenu au Vatican, et à sa volonté de protéger la présence chrétienne en Orient », a-t-il encore dit.
Pour M. Hariri, il s'agit là d'une « responsabilité nationale islamique » que doit également assumer la Ligue arabe.

 La réponse d'Erdogan
Le discours de M. Erdogan, lui non plus, n'a pas été exempt de messages. Le Premier ministre turc n'ra pas manqué, pour commencer, de rappeler que c'est Fouad Siniora qui, en 2008, a signé en tant que Premier ministre l'accord pour la construction de cet hôpital, lors d'une visite en Turquie.
Le Premier ministre turc a ajouté que l'aide turque se poursuivra, et qu'aux 55 écoles publiques rouvertes, grâce à l'aide turque, s'ajouteront dans les années qui suivent 15 écoles de plus, deux dispensaires et des ambulances, ainsi que des équipements hydrauliques à certains villages.

 La Turquie ne se taira pas...
Par ailleurs, Erdogan a affirmé que la Turquie « se ne taira pas » si Israël attaque de nouveau le Liban ou la bande de Gaza.
« Veut-il (Israël) entrer au Liban avec les avions et les chars les plus modernes, tuer les femmes et les enfants et détruire les écoles et les hôpitaux et puis nous demander de nous taire ? » avait demandé, plus tôt dans la journée, M. Erdogan, dans un discours prononcé à l'occasion de la réunion annuelle de l'Union des banques arabes.
« Veut-il utiliser les armes les plus modernes et les bombes au phosphore et à sous-munitions, et entrer à Gaza pour y tuer les enfants et puis nous demander de nous taire ? » a-t-il répété, en présence du Premier ministre libanais Saad Hariri.
« Nous ne nous tairons pas et nous soutiendrons de tous nos moyens la justice », a-t-il indiqué.
Enfin, le Premier ministre turc a rendu le plus touchant hommage au modèle pluraliste libanais, en affirmant : « Le Liban est un exemple de coexistence entre différentes couleurs religieuses. Certains veulent lui porter atteinte, nous ne devons pas le permettre. Il nous faut marcher vers l'avenir sur la base d'une seule identité, l'identité libanaise. Si nous y parvenons, le Liban sera l'étoile brillante de cette région. » 
Au deuxième jour d'une visite remarquée au Liban, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'est rendu hier à Saïda, où il a inauguré un hôpital pour grands brûlés financé par son pays, et au QG de la Finul, à Naqoura, où il a rencontré le commandant de la Finul, Alberto Asarta, et les chefs de...

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