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Économie - Déficit budgétaire

Haro sur le plan de rigueur en Irlande

Les syndicats dénoncent une injustice, alors que les économistes craignent pour la reprise.

« Nous avons effectué une évaluation réaliste de ce qui est possible, nécessaire et faisable », a insisté Brian Cowen.         Peter Muhly/AFP

Salué à Bruxelles, le plan de rigueur irlandais est largement décrié sur l'île : les syndicats dénoncent une injustice, les économistes craignent pour la reprise et les électeurs pourraient traduire dans les urnes leur colère lors d'une législative partielle tenue jeudi.
« C'est une mise à mort » : dans les rues du centre de Dublin, les Irlandais étaient sous le choc, hier, après un plan de rigueur plus sévère que prévu. « Je prends des médicaments. Va falloir que je choisisse entre acheter mes médicaments ou de quoi manger », lance cet homme dans la quarantaine dont le salaire minimum sera amputé de 12 %.
Dublin a annoncé mercredi un plan de rigueur quadriennal de 15 milliards d'euros. Les allocations chômage et familiales seront réduites, tout comme les retraites des fonctionnaires et le salaire minimum, et près de 25 000 emplois publics seront supprimés.
C'est un « effort énorme », a reconnu Amadeu Altafaj Tardio, porte-parole du commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. Mais « c'est un élément fondamental » pour Bruxelles, a-t-il dit hier sur la radio publique irlandaise RTE.
Sur l'île, le ton est tout autre. « Tout le monde sera frappé mais (le Premier ministre Brian) Cowen va continuer à empocher autant que (le président américain) Barack Obama », écrit l'Irish Sun. La presse reconnaît majoritairement cependant, à l'instar du gouvernement, qu'il n'y a « pas d'alternative ». « Nous avons effectué une évaluation réaliste de ce qui est possible, nécessaire et faisable », a insisté Brian Cowen lors de débats au Parlement. Ce n'est pas l'avis des syndicats. « Ce plan est une déclaration de guerre contre les bas salaires », a averti Jack O'Connor, président du Siptu, premier syndicat de l'île. « Les premiers ciblés sont les plus vulnérables », juge David Begg, secrétaire général de l'Irish Congress of Trade Unions (ICTU).
Les syndicats appellent à la « résistance » lors d'une manifestation organisée samedi par l'ICTU, qui promet « plusieurs dizaines de milliers » de personnes.
« Nous sommes prêts au combat et ce n'est qu'un début », a assuré Seamus Healy, un responsable du « Workers and Unemployed Action Group ».
La colère populaire, déjà à son comble après « l'humiliation » ressentie face à l'appel à l'aide extérieure, a toutes les chances de se traduire dans les urnes lors de la législative partielle tenue jeudi dans le comté de Donegal (Nord-Ouest), à en croire les sondages. Le parti au pouvoir, le Fianna Fail, est donné perdant, ce qui réduirait à deux députés l'infime majorité gouvernementale, avant la présentation au Parlement, le 7 décembre, du budget de rigueur pour 2011. Le Premier ministre appelle à un sursaut national pour voter l'austérité, mais l'opposition est réticente, tandis qu'approchent des élections anticipées prévues en début d'année prochaine.
L'ampleur des coupes fait de plus craindre pour la fragile reprise de l'économie celtique. « Les mesures fiscales vont avoir un impact significatif sur la demande », déclare à l'AFP Constantin Gurdgiev, professeur au Trinity College de Dublin.
Le plan ne fait « aucune provision en vue de nouvelles injections de capital dans le système bancaire qui pourraient être nécessaires », s'étonne dans une note la maison de courtage irlandaise Davy Research.
L'ampleur du passif des banques irlandaises, criblées de dettes, n'est pas encore connue et pourrait atteindre plusieurs centaines de milliards.
Les marchés n'ont d'ailleurs pas semblé convaincus par le plan de Dublin : les taux des emprunts d'État irlandais à dix ans ont établi jeudi un nouveau record.
Salué à Bruxelles, le plan de rigueur irlandais est largement décrié sur l'île : les syndicats dénoncent une injustice, les économistes craignent pour la reprise et les électeurs pourraient traduire dans les urnes leur colère lors d'une législative partielle tenue jeudi.« C'est une mise à...

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