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Culture - Littérature

Frénésie de parutions pour le centenaire de Jean Genet, poète-voyou devenu un classique

Jean Genet, le sulfureux. (DR)

Jean Genet, poète français sulfureux que l'admiration insupportait, aurait peut-être détesté: le centenaire de sa naissance, le 19 décembre, est célébré avec magnificence par une éclosion d'inédits, rééditions, portraits, pièces de théâtre et colloques.
Tous ces hommages n'exhument pas un auteur oublié. Genet est mort le 15 avril 1986, mais son œuvre est devenue classique et s'écoule avec une belle régularité, de 30000 à 35000 exemplaires chaque année, précise son éditeur Gallimard, qui publie huit nouveautés cet automne.
Comme le dit l'écrivain franco-marocain Tahar Ben Jelloun dans la lettre posthume qu'il adresse à Genet quand, déjà, pleuvent les louanges: «Heureusement que tu n'es pas là pour gâcher la fête»...
Ben Jelloun, qui l'a rencontré en 1974, raconte pour la première fois son intimité de douze ans avec l'auteur de Querelle de Brest ou du Journal du voleur dans Jean Genet, menteur sublime (Gallimard). Genet a alors coupé les ponts avec Sartre et Beauvoir et n'écrit presque plus. Il ne veut pas parler de ses livres, explique-t-il lors du premier rendez-vous avec son benjamin de 34 ans.
Ces années sont celles des engagements de Genet pour les Black Panthers, les Brigades rouges ou les Palestiniens. «Il se moquait pas mal d'être ou de ne pas être juste», se souvient Tahar Ben Jelloun dans ce portrait inédit. Le Genet politique déclenchait de terribles polémiques et s'en moquait. Il avait aussi un sens particulier de la fidélité et de la traîtrise, rappelle son confident avec une affection lucide.
Atteint d'un cancer de la gorge, Genet mettra ses dernières forces dans l'écriture de Un captif amoureux, achevé la veille de sa mort.
Gallimard publie deux inédits de Genet, Lettres à Ibis (collection «L'arbalète»), sa correspondance de 1933 aux années 40, et un très grand format La sentence, à propos de la justice, suivi de J'étais et je n'étais pas, sorte de poème en prose.
Ces manuscrits avaient été confiés par Genet à l'éditeur au milieu des années 70 dans un carton à dessins. L'écriture penchée de l'écrivain est reproduite en fac-similé.
«L'arbalète», où furent publiés ses premiers écrits, réédite aussi Le funambule, texte de 40 pages sur son amant Abdallah.
Pascal Fouché et Albert Dichy publient également à «L'arbalète» une version enrichie de leur biographie, avec des informations inédites, Jean Genet, matricule 192 102, le numéro attribué à Genet par l'Assistance
publique.
Jean Genet à 20 ans de Louis-Paul Astraud est publié au Diable Vauvert et Le dernier Genet d'Hadrien Laroche chez Flammarion.
Dans la collection «Tel» reparaît Saint Genet comédien et martyr de Jean-Paul Sartre et Querelle de Brest, accompagné d'un DVD du film de Fassbinder. L'ennemi déclaré ressort chez Folio et Splendid's, suivi de Elle sont publiés par Folio Théâtre.
L'écrivain a aussi inspiré à Ben Jelloun une pièce de théâtre, Becket et Genet, un thé à Tanger, dans laquelle il imagine leur rencontre fictive.
Le Genet dramaturge s'arrache. Les bonnes représente un tiers des ventes. Le balcon et Les nègres totalisent quelque 2 000 exemplaires par an. En «Pléiade», son théâtre complet affiche de 300 à 400 exemplaires. En poésie, Le condamné à mort atteint 1500 à 2000 exemplaires.
Jean Genet, poète français sulfureux que l'admiration insupportait, aurait peut-être détesté: le centenaire de sa naissance, le 19 décembre, est célébré avec magnificence par une éclosion d'inédits, rééditions, portraits, pièces de théâtre et colloques.Tous ces hommages...

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