Les deux mouvements extrémistes sunnites interdits ont au départ des objectifs différents : le TTP combat le gouvernement dont il dénonce l'alignement sur la « guerre au terrorisme » américaine dans la région, alors que les attaques du LeJ visaient plutôt au départ les minorités religieuses, notamment les chiites. Mais ils comptent tous deux en leurs rangs de nombreux combattants qui ont fait leurs armes contre les « infidèles » soviétiques puis occidentaux en Afghanistan. Tous se croisaient dans les camps d'entraînement des combattants jihadistes, mais également à Karachi, mégalopole de 17 millions d'habitants qui leur sert depuis longtemps de refuge.
À l'été 2007, l'armée pakistanaise a pris d'assaut la Mosquée rouge d'Islamabad, occupée par des centaines d'étudiants islamistes, tuant plus de 100 personnes. L'épisode a rapproché les militants pachtouns et pendjabis, qui ont ensuite décrété le jihad contre le gouvernement avec la bénédiction d'el-Qaëda. Le TTP a depuis participé à des attaques contre les chiites, et les autorités ont vu la trace du LeJ dans plusieurs attentats contre les forces de sécurité. Le LeJ et d'autres mouvements extrémistes pendjabis y ont gagné un surnom révélateur : les « talibans du Pendjab ».
Les choses se sont compliquées ces derniers mois et les « talibans du Pendjab » sont traqués par les autorités sous la pression des Occidentaux qui les soupçonnent d'avoir participé, avec el-Qaëda, à l'élaboration de projets d'attentat aux États-Unis et en Europe. Mercredi, veille de l'attentat, la police de Karachi avait arrêté six membres du LeJ et un commandant du TTP. Selon Qaim Ali Shah, chef du gouvernement provincial du Sind, « les terroristes » ont attaqué jeudi soir les bureaux de la police « pour libérer leurs camarades, mais ils ont échoué ».
Le plus dur reste à faire pour le gouvernement dans cette ville où plusieurs milliers de madrasas sont soupçonnées de former de plus en plus de volontaires au jihad contre les États-Unis ou son allié d'Islamabad. « Tous ces groupes (TTP et LeJ, NDLR) se sont renforcés à Karachi ces derniers mois », admettait vendredi un responsable des services de sécurité à Karachi sous couvert d'anonymat. L'analyste Hasan Askari préfère prévenir : « S'il veut se débarrasser de ces groupes, l'État pakistanais va devoir se lancer dans la guérilla urbaine. »
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