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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Une loi sur Internet met en danger la fragile liberté d’expression en Syrie

Ces dernières années, des dizaines de sites d'actualité ont vu le jour, devenant une source importante d'informations.
La Syrie s'apprête à voter une loi permettant de restreindre l'usage d'Internet. Le gouvernement a approuvé la semaine dernière cette loi, qui entraînerait, une fois votée au Parlement, « une dégradation notable » de la presse en ligne qui jouissait jusque-là d'une liberté plus grande que celle de la presse écrite, a indiqué un journaliste sous le couvert de l'anonymat. Ces dernières années, des dizaines de sites d'actualité ont vu le jour, devenant une source importante d'informations dans un pays où les médias sont étroitement contrôlés par l'État. Certaines informations sur des sujets sensibles, comme par exemple cet été l'interdiction, discrète, du port du niqab dans les universités, étaient absentes de la presse écrite, mais très commentées sur la Toile.
La nouvelle loi est « très sévère », estime Ayman Abdel-Nour, directeur du site all4syria.org (tous pour la Syrie) édité à Dubaï, mais qui dispose d'une dizaine de correspondants en Syrie. Cette législation autorise « l'envoi de la police dans une rédaction pour arrêter les journalistes et saisir les ordinateurs », explique-t-il. Les journalistes arrêtés seront « traduits devant la Cour pénale », souligne encore Abdel-Nour, dont le site, bien que bloqué, rencontre un beau succès avec 33 000 connexions par jour, grâce à un programme - utilisé par de nombreux Syriens - qui permet de contourner la censure. Il affirme ignorer les raisons exactes ayant entraîné le blocage de son site depuis 2005, mais reconnaît que de nombreuses informations qui y ont été publiées étaient taboues, les principales lignes rouges étant le président et sa famille, l'armée et la religion.
Selon Nidal Maalouf, directeur du journal électronique Syria-News.com qui défend la ligne officielle, les médias sur Internet vont, avec cette loi, relever du ministre de l'Information, ce qui va rendre plus difficiles d'éventuelles critiques du gouvernement. Pour Abdel-Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne de défense des droits de l'homme, « plus de 240 sites sont bloqués en Syrie, et les tentatives pour contrôler l'Internet continuent ». La censure frappe les sites de l'opposition syrienne (notamment ceux des Frères musulmans), de la minorité kurde, des associations de défense des droits de l'homme, ceux appartenant à des formations politiques considérées comme hostiles ainsi que les sites de socialisation (Facebook, Twitter, Youtube), sans compter les sites pornographiques, selon M. Rihaoui.
Les nombreux groupes qui ont vu le jour sur les sites de socialisation correspondent à tous les bords politiques, l'un d'entre eux étant d'ailleurs consacré au président Bachar el-Assad. La nouvelle loi, si elle ne va pas bouleverser le travail de ceux qui, comme Tarif, journaliste et écrivain, disent « éviter les sujets politiques sensibles », risque d'être bien plus dangereuse pour les opposants. L'organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a dressé en juin un bilan négatif de la situation de la liberté de la presse en Syrie qui figure sur la liste des « ennemis d'Internet » établie par l'organisation. L'ONG rappelle le cas du blogueur Karim Arbaji, condamné à trois ans de prison pour « publication d'informations mensongères de nature à affaiblir l'esprit de la nation ». Arrêté le 6 juillet 2007, il a été libéré le 6 janvier 2010.
La Syrie s'apprête à voter une loi permettant de restreindre l'usage d'Internet. Le gouvernement a approuvé la semaine dernière cette loi, qui entraînerait, une fois votée au Parlement, « une dégradation notable » de la presse en ligne qui jouissait jusque-là d'une liberté plus grande que celle de la presse...

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