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Économie - Tourisme

Ouverture d’un cinq étoiles à Ramallah, pari sur l’avenir dans la grisaille ambiante

L'ouverture aujourd'hui à Ramallah du premier hôtel cinq étoiles d'une chaîne internationale constitue un petit pas sur le long chemin menant la Cisjordanie occupée vers un semblant de vie normale.

Vue de l’hôtel Mövenpick Ramallah et de sa piscine. Abbas Momani/AFP

Du haut des six étages du Mövenpick, Jérusalem se détache à l'horizon derrière la barrière de séparation, avec en premier plan une colonie juive et un camp de réfugiés palestiniens : une vue imprenable sur l'écheveau des problèmes qui portent ombrage à l'économie locale. L'hôtel sous franchise de la chaîne hôtelière suisse vise en premier lieu les clients du groupe et illustre l'ouverture de la Cisjordanie au commerce.
« Nous croyons en l'avenir du pays et l'avenir de cet hôtel. C'est un bel investissement et une opportunité pour Ramallah », affirme le directeur général Daniel Roche.
Le Mövenpick Ramallah propose 171 chambres et suites, une piscine extérieure, un centre de remise en forme et sept salles de conférence, avec des cigares et whisky de 20 ans d'âge à déguster au bar.
Le projet né au début du processus de paix des années 1990, d'un coût de 40 millions de dollars, avait été gelé pendant les violences. L'hôtel pourra accueillir entrepreneurs, travailleurs humanitaires ou diplomates qui ont afflué ces dernières années à Ramallah à la faveur d'une amélioration de la sécurité après les soulèvements des années 2000-2005.
Son ouverture coïncide pourtant avec une période de morosité, car les négociations israélo-palestiniennes relancées le 2 septembre à Washington sont interrompues depuis l'expiration le 26 septembre d'un moratoire de dix mois sur les nouvelles constructions dans les colonies juives de Cisjordanie.
« Sans progrès politique, les progrès en matière de sécurité ou d'économie ne sont pas viables », estime le porte-parole de l'Autorité palestinienne Ghassan Khatib. « C'est ce que nous avons appris des 43 ans d'occupation. »
L'économie de la Cisjordanie, dirigée par l'Autorité, a vu sa croissance progresser de 9 % au 1e semestre, selon le FMI. Ce territoire soutenu massivement par la communauté internationale a néanmoins réduit sa dépendance vis-à-vis de l'aide étrangère, passée de 1,4 milliard d'euros en 2007 à 900 millions d'euros en 2010.
« Le potentiel de croissance économique et d'attrait pour les investissements serait beaucoup plus grand si on avait vraiment un processus de paix », commente Maher Hamdan, directeur du Centre des affaires de Palestine.
Pour Sam Bahour, homme d'affaires américano-palestinien qui a lancé en 2004 une chaîne de supermarchés, l'apparence d'une vie économique normale peut être trompeuse. « Des investisseurs ont fait le saut avec la conviction que l'occupation cesserait », dit-il. « Ils investissent dans l'avenir, et c'est très risqué. »
En dépit de l'allègement des centaines de points de contrôle et barrages routiers qu'Israël maintient sur le territoire, importations et exportations restent difficiles et le secteur privé en Cisjordanie n'a qu'un accès limité aux quelque 60 % du territoire sous contrôle militaire israélien exclusif.
« Quelques cafés supplémentaires, quelques hôtels, ce n'est pas cela qui va établir les bases économiques d'un État », estime M. Bahour. « Ce qu'il faut, ce sont des frontières, de l'eau, de la terre, et la capacité des Palestiniens à faire commerce directement avec le monde extérieur. »
Même le Mövenpick rencontre des entraves liées aux contrôles israéliens aux barrages donnant accès à la Cisjordanie. Entre autres problèmes, il ne peut importer pour le moment la glace éponyme du groupe. « Nous aurons un jour de la glace. C'est un long processus », note M. Roche.
Du haut des six étages du Mövenpick, Jérusalem se détache à l'horizon derrière la barrière de séparation, avec en premier plan une colonie juive et un camp de réfugiés palestiniens : une vue imprenable sur l'écheveau des problèmes qui portent ombrage à l'économie locale. L'hôtel...

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