Ford reste largement dans le vert et réduit sa dette

Le constructeur automobile américain Ford a publié hier un bénéfice en hausse de 69 % sur un an, meilleur qu'attendu au troisième trimestre malgré un recul du chiffre d'affaires, et a annoncé des mesures pour réduire sa dette importante. Le bénéfice net s'est élevé à 1,687 milliard de dollars, dans le vert pour le sixième trimestre de suite. Par action, cela représente 48 cents hors éléments exceptionnels, largement au-dessus des 38 cents attendus en moyenne par les analystes. C'est toutefois moins que le bénéfice net de 2,6 milliards de dollars publié au deuxième trimestre. Le chiffre d'affaires du groupe a reculé de 4 % à 29,0 milliards de dollars en raison de la vente de Volvo, mais a dépassé les attentes des analystes, qui tablaient sur 27,83 milliards de dollars.
Dans un communiqué, le groupe a également annoncé qu'il avait remboursé pendant le troisième trimestre 2 milliards de dollars de lignes de crédit renouvelables. Il prévoit d'utiliser ses liquidités pour rembourser d'ici à fin octobre les 3,6 milliards de dollars restants dus à un fonds d'assurance médicale de ses anciens employés retraités. Ford a également lancé une offre de conversion de dette en actions aux détenteurs d'obligations convertibles du groupe, qui représente 3,5 milliards de dollars. Le seul constructeur américain à ne pas avoir déposé son bilan l'an dernier a dû s'endetter lourdement pour faire face à la crise et lancer un plan de restructuration focalisé sur la marque Ford, à côté de la marque haut de gamme Lincoln. La dernière autre marque restante du groupe, Mercury, est en train d'être fermée, Volvo ayant été vendue au chinois Geely. Le constructeur prévoit d'avoir une dette liée aux activités automobiles égale à ses liquidités d'ici à la fin de l'année, ce qui devrait aider la note de sa dette à remonter et sortir de la catégorie « investissements spéculatifs ». La dette liée aux activités automobiles du groupe s'élevait à 26,4 milliards de dollars au 30 septembre. Le directeur financier de Ford, Lewis Booth, a toutefois admis lors d'une conférence téléphonique que le groupe avait « encore du chemin à faire avant d'arriver à un niveau de dette avec lequel il soit à l'aise ». « L'environnement général des affaires reste difficile, mais nous nous attendons à ce que la croissance mondiale continue en 2011 », a commenté le directeur général, Alan Mulally. « Nous sommes partis pour gagner en parts de marché pour la seconde année consécutive aux États-Unis, une première depuis 1993 », a-t-il ajouté.
Le deuxième constructeur automobile américain se félicite d'une hausse de 21 % de ses ventes aux États-Unis où son bénéfice d'exploitation avant impôts a quintuplé à 1,6 milliard de dollars pendant le troisième trimestre. La part de marché atteignait 15,9 % à la fin du trimestre contre 14,6 % un an plus tôt, mais elle a reculé, comparé aux trois précédents trimestres. Ford s'attend à ce que sa part de marché continue à progresser aux États-Unis mais à ce qu'elle baisse en Europe, où elle est actuellement à 8,6 %. En Amérique du Nord, « tous nos concurrents arrivent de nouveau à gagner de l'argent, ce qui est une bonne chose », mais la situation en Europe « nous inquiète plus », a fait valoir M. Booth.
Outre-Atlantique, le groupe a essuyé une perte de 196 millions de dollars contre un bénéfice de 131 millions un an plus tôt. M. Booth a attribué cette mauvaise performance à la saison estivale, pendant laquelle « les clients sont en vacances et les usines fermées ». En Amérique du Sud, le bénéfice d'exploitation avant impôts a stagné à 241 millions de dollars. Pour 2011, Ford n'a pas donné de prévisions chiffrées, mais s'attend à ce que « chacune de ses divisions automobiles soit rentable ».