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Économie - Union européenne

L’hostilité grandit à une révision du traité de Lisbonne

Le principe de l'accord franco-allemand, qui vise à protéger la zone euro de nouvelles crises, n'a pas été remis en question par les États concernés. C'est plutôt l'obstination de l'Allemagne, qui plaide en faveur de la révision du traité de Lisbonne, qui rencontre de plus en plus de réticences en Europe.

 « Il me semble complètement irresponsable de mettre sur la table des chimères à propos de nouveaux traités », a dénoncé la commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding. Photo AFP Thomas Samson

L'idée de changer le traité de Lisbonne pour mieux faire face aux crises budgétaires suscite un scepticisme grandissant en Europe, avec des critiques ouvertes de la Commission à deux jours d'un sommet de l'Union européenne (UE) où cette proposition franco-allemande sera ardemment débattue. « Il me semble complètement irresponsable de mettre sur la table des chimères à propos de nouveaux traités », a dénoncé la commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding, dans une attaque très inhabituelle puisque son portefeuille n'a rien à voir avec ce sujet. « Les décisions de l'UE ne sont pas prises à Deauville », a-t-elle martelé dans une interview au quotidien allemand Die Welt. Une référence à la station balnéaire française où le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont annoncé la semaine dernière un accord pour changer le traité de l'UE afin de durcir la discipline budgétaire européenne. « Nous préférerions de loin » que la mise en place d'un mécanisme permanent pour éviter de nouvelles crises dans la zone euro se fasse « sans changement de traité », a renchéri le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn.
La France et l'Allemagne, elles, ont proposé de modifier d'ici à 2013 le traité de Lisbonne afin notamment de pérenniser sous une forme ou une autre le Fonds de soutien aux pays de la zone euro, mis en place pour trois ans suite aux problèmes de la Grèce. Le sujet sera discuté demain et après-demain, lors d'un sommet des chefs d'État et de gouvernement européens à Bruxelles. Les États sont en principe d'accord pour pérenniser ce mécanisme de soutien à la zone euro de manière à rassurer les marchés. Mais l'Allemagne, elle, veut passer pour cela par une révision du traité et y introduire une procédure de mise en faillite des États. Elle redoute sinon de se faire censurer par sa Cour constitutionnelle car le traité actuel n'autorise pas qu'un pays soit sauvé de la banqueroute par ses partenaires. « Une solution qui ne prévoirait pas de changement de traité ne suffira pas », a mis en garde hier une source gouvernementale allemande. Or, outre Bruxelles, de nombreux pays sont réticents. Ils craignent d'ouvrir une « boîte de Pandore » et gardent de très mauvais souvenirs de la laborieuse ratification du traité de Lisbonne l'an dernier, qui avait été d'abord rejeté lors d'un référendum en Irlande puis difficilement accepté en République tchèque. L'Allemagne veut par ailleurs introduire par ce biais des « sanctions politiques » contre les pays trop laxistes, qui seraient privés de droits de vote lors de réunions européennes.
Mais là encore, la Commission est, à l'instar de nombreuses capitales, plus que réservée. « Mon point de vue personnel - en tant qu'européen engagé - concernant la suspension des droits de vote des États membres est que ce n'est pas nécessairement en ligne avec l'idée d'une Union toujours plus intégrée », a dit M. Rehn. Selon des diplomates, l'introduction de sanctions politiques risque d'avoir du mal à passer du fait de l'opposition de certains pays, peu enclins à s'autopunir de la sorte. En outre, la mesure nécessiterait dans plusieurs États des référendums politiquement très risqués, ce qui pourrait contraindre Berlin à renoncer à cette revendication, selon certains d'entre eux. En attendant, l'Allemagne se mobilise tous azimuts pour chercher des alliés avant le sommet. « La chancelière a des échanges téléphoniques avec tout le monde », a indiqué la source gouvernementale allemande.
L'idée de changer le traité de Lisbonne pour mieux faire face aux crises budgétaires suscite un scepticisme grandissant en Europe, avec des critiques ouvertes de la Commission à deux jours d'un sommet de l'Union européenne (UE) où cette proposition franco-allemande sera ardemment débattue. « Il me semble complètement...

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