La France et l'Allemagne, elles, ont proposé de modifier d'ici à 2013 le traité de Lisbonne afin notamment de pérenniser sous une forme ou une autre le Fonds de soutien aux pays de la zone euro, mis en place pour trois ans suite aux problèmes de la Grèce. Le sujet sera discuté demain et après-demain, lors d'un sommet des chefs d'État et de gouvernement européens à Bruxelles. Les États sont en principe d'accord pour pérenniser ce mécanisme de soutien à la zone euro de manière à rassurer les marchés. Mais l'Allemagne, elle, veut passer pour cela par une révision du traité et y introduire une procédure de mise en faillite des États. Elle redoute sinon de se faire censurer par sa Cour constitutionnelle car le traité actuel n'autorise pas qu'un pays soit sauvé de la banqueroute par ses partenaires. « Une solution qui ne prévoirait pas de changement de traité ne suffira pas », a mis en garde hier une source gouvernementale allemande. Or, outre Bruxelles, de nombreux pays sont réticents. Ils craignent d'ouvrir une « boîte de Pandore » et gardent de très mauvais souvenirs de la laborieuse ratification du traité de Lisbonne l'an dernier, qui avait été d'abord rejeté lors d'un référendum en Irlande puis difficilement accepté en République tchèque. L'Allemagne veut par ailleurs introduire par ce biais des « sanctions politiques » contre les pays trop laxistes, qui seraient privés de droits de vote lors de réunions européennes.
Mais là encore, la Commission est, à l'instar de nombreuses capitales, plus que réservée. « Mon point de vue personnel - en tant qu'européen engagé - concernant la suspension des droits de vote des États membres est que ce n'est pas nécessairement en ligne avec l'idée d'une Union toujours plus intégrée », a dit M. Rehn. Selon des diplomates, l'introduction de sanctions politiques risque d'avoir du mal à passer du fait de l'opposition de certains pays, peu enclins à s'autopunir de la sorte. En outre, la mesure nécessiterait dans plusieurs États des référendums politiquement très risqués, ce qui pourrait contraindre Berlin à renoncer à cette revendication, selon certains d'entre eux. En attendant, l'Allemagne se mobilise tous azimuts pour chercher des alliés avant le sommet. « La chancelière a des échanges téléphoniques avec tout le monde », a indiqué la source gouvernementale allemande.
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