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Culture - VIIe art

Le cinéma labyrinthique et organique de Matthew Barney

Périodiquement, les salles de cinéma US présentent le « Cycle "Cremaster" » en cinq films relevant du spectacle total. Ou quelque sept heures de projection d'une esthétique sans frontières.

Explosion de l’idée cogitée.

Ici, la rentrée grand écran est marquée par une production totalement hors norme, qui relève du spectacle total, faisant fi de l'unité de temps, de lieu et d'espace. Il s'agit du «Cycle Cremaster», portant la signature de l'Américain Matthew Barney, qui explore le processus de la créativité artistique en cinq films (comportant le même nom, «Cremaster», et se distinguant par des chiffres, 1,2, 3,4,5), d'une durée totale de sept heures. Le titre de cet ensemble se réfère au muscle masculin, le cremaster, qui favorise la spermatogenèse.
Cinéaste, plasticien, écrivain, Matthew Barney formule ainsi son concept esthétique : «La rencontre avec une œuvre d'art est une longue gestation. Le fait qu'une création ne soit pas tenue de s'expliquer immédiatement, qu'elle puisse rester longtemps à l'état latent avant de se révéler est, à mes yeux, une très bonne chose.» Dans cet esprit, la réalisation de son cycle s'est étalée de 1994 à 2002, et sa projection se fait périodiquement, jusqu'à présent, avec la mention suivante: «Cette série n'existe pas et n'existera jamais en version DVD.» Par ailleurs, il n'est pas besoin de voir le tout d'une traite. Le film le plus long est d'une durée de trois heures et les autres d'une heure chacun.

Et vogue le surréel...
En s'installant dans la salle de cinéma projetant Cremaster, on vogue dans l'univers le plus surréaliste qui soit. Tout débute par la vision de deux dirigeables flottant au-dessus d'un stade. Puis on y voit, à l'intérieur, une starlette aux cheveux blonds platinés en train de s'amuser à réaliser des motifs avec des grains de raisins rouges et verts, motifs qui sont repris sur le terrain du stade ou apparaît aussitôt un «chorus line» de danseuses. À partir de cette atmosphère de comédie musicale, s'enchaîne une iconographie aux références multiples qui s'élabore dans l'espace et dans le temps. Ce film, comme tous les autres, est un foisonnement de symboles sexuels, mêlant la procréation humaine et la cogitation de l'acte artistique. Ajouté à tout cela des formes et des sculptures en matières malléables et coulantes (cire de paraffine, silicone, plastique).
L'imaginaire de Matthew Barney conjugue mythologie, cinéma hollywoodien, art de la magie, opéra baroque, hard rock, histoire et culture des lieux où sont tournés ses films. Tout cela, pour révéler sa propre conception de l'intériorité physiologique de l'être humain qu'il enveloppe donc de visions à la fois hybrides et grandioses. Réminiscence, sans doute, de ses études de médecine entamées dans la première étape de sa vie. En définitive, défilent sur le grand écran des images tantôt fortes, tantôt coulant de source, qui créent l'action, une action sans dialogue et ne menant pas à une seule fin, mais à plusieurs. Les spectateurs sont nombreux à pénétrer dans son cinéma labyrinthique et organique.
Né en 1967 à San Francisco, Matthew Barney est aujourd'hui l'une des figures les plus reconnues de l'art contemporain américain. En Europe, il a été lauréat du Prix Europa 2000 du meilleur jeune artiste largement exposé, notamment au Musée d'art moderne de Paris. Sa dernière œuvre, Drawing Restraint 9, a été réalisée avec sa compagne, la chanteuse-compositrice islandaise non moins atypique Björk, dont les rythmes et les mélodies sont faits de juxtaposition de références d'origine fortement éloignée, et qui joue de sa voix comme d'un instrument de musique. Un autre genre d'esthétique sans frontières.
Ici, la rentrée grand écran est marquée par une production totalement hors norme, qui relève du spectacle total, faisant fi de l'unité de temps, de lieu et d'espace. Il s'agit du «Cycle Cremaster», portant la signature de l'Américain Matthew Barney, qui explore le processus de la créativité artistique en cinq films (comportant le...

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