Les dirigeants de ce petit pays sont tellement loquaces, rivalisant d'injures les uns contre les autres, qu'ils ne nous laissent pas le temps
de respirer ou de nous exprimer ; ils ignorent notre présence, passent outre sur nos droits et nos doléances, et ne veulent pas entendre notre avis à leur sujet.
Eh bien, aujourd'hui on va leur dire ce que pensent beaucoup de Libanais à leur sujet.
Les deux parties s'accusent mutuellement d'être à la solde de pays étrangers, tantôt l'Amérique, le grand Satan, tantôt Israël, pays du diable, quand ce n'est encore pas la Syrie, ou enfin le dernier venu de très loin, l'Iran, grand fournisseur de tapis et d'armes sophistiquées.
Mon avis, puisqu'en mathématiques quand deux équations s'égalisent, elles se neutralisent, et si elles insistent, elles n'ont qu'à aller boxer sur un ring jusqu'à épuisement total et céder les rênes du pouvoir à une équipe de sages qui ne se mêleront pas de la politique des axes et s'occuperont sérieusement des desiderata de ce pauvre Libanais, qui n'aspire qu'à vivre en paix avec tous ses voisins et en a assez de voir les antagonistes s'exhiber tour à tour sur le petit écran pour nous faire entendre leurs sornettes et leurs calembredaines.
Faut-il que cette classe silencieuse descende dans la rue, d'une façon pacifique et solennelle, avec simplement des calicots sur lesquels sera inscrit : « Merci de débarrasser les lieux », avec l'espoir que ces dirigeants comprendront une fois pour toutes qu'ils doivent remettre leur tablier ou bien changer de comportement, car trop, c'est trop. Le ballon est trop gonflé et s'il éclate, nous allons éclater tous avec lui. Ces messieurs n'auront plus alors de rôles à jouer sur le petit écran.