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Culture - En librairie

Nayla Tamraz, ou l’art de peindre des portraits littéraires

Nayla Tamraz signe demain, jeudi, son ouvrage « Proust Portrait Peinture », à la libraire al-Bourj*.

De tous les écrivains français, Marcel Proust est peut-être celui qui s'est le plus intéressé aux «filiations intertextuelles de sa propre écriture, mais aussi à tous les arts, à la musique, à l'architecture, à la sculpture, à la peinture, à la danse». De ces arts si chers à Proust, Nayla Tamraz a choisi la peinture comme thème à son étude.
Pour le professeur en littérature française et en histoire de l'art à l'USJ, et chef du département de lettres françaises de cette même institution, Proust écrivait bien, certes, mais il maniait tout aussi bien l'art de peindre des portraits avec des mots. Et, surtout, de décrire les peintures avec une minutie très impressionniste et impressionnante. Il faisait souvent appel, en effet, à la peinture pour illustrer ce qu'il raconte.
L'on sait que Proust, écrivain visuel par excellence, a truffé son texte de références picturales. Dans À la recherche, près de 200 peintures sont évoquées ou décrites.
Passionné de peinture, ce sont les grands maîtres dans les musées qui ont éveillé ses sens, c'est à travers leur regard qu'il a appris à voir le monde, pour en avoir une perception complète.
À côté des chefs-d'œuvre du passé, d'autres toiles prennent vie sous sa plume, purement imaginaires celles-ci. Tamraz effectue des comparaisons entre ces deux styles pour constater finalement qu'à bien y regarder, le roman proustien en entier est peinture. L'écriture est la façon de peindre de Proust, en somme.
Pour Proust, le travail d'écriture se résumerait à «faire passer l'impression la plus simple en apparence, du monde de l'invisible dans celui si différent du concret où l'ineffable se résout en claires formules».
N'avait-il pas avoué à Jean Cocteau cette phrase devenue célèbre: «Mon volume est un tableau»?
Dans cette étude, Tamraz défend le point de vue selon lequel «les descriptions proustiennes de tableaux correspondent à ce qu'on pourrait appeler une «ekphrasis» pour, à partir des données du texte, apporter une contribution à la théorie littéraire de ce genre descriptif tel qu'il s'élabore dans le discours critique et introduire les nuances qui convenaient.
Pour elle, La Recherche du temps perdu donne « à voir ou à imaginer un tableau tel que Proust cherche à le montrer, insérant son propre regard entre l'œuvre d'art et sa
lecture».
Alors, Proust critique d'art? Nayla Tamraz discute cette hypothèse. Quoi qu'il en soit, cet ouvrage montre la variété et la pertinence de son regard.
Signalons que Proust Portrait Peinture est publié aux éditions Orizons, diffusé et distribué par L'Harmattan; la collection «Universités/domaine littéraire» vise à favoriser la recherche universitaire et académique de qualité et à la valoriser par la publication d'ouvrages, permettant ainsi à des spécialistes, jeunes ou moins jeunes, de développer leurs points de vue et de rendre accessibles de grandes synthèses sur des thématiques littéraires générales.

* À partir de 17h, place des Martyrs, imm. an-Nahar.
De tous les écrivains français, Marcel Proust est peut-être celui qui s'est le plus intéressé aux «filiations intertextuelles de sa propre écriture, mais aussi à tous les arts, à la musique, à l'architecture, à la sculpture, à la peinture, à la danse». De ces arts si chers à Proust,...

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