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Économie

Hausse de la consommation et des recettes publiques ?

La légalisation de l’accès des réfugiés au marché de l’emploi pourrait réduire, à long terme, les coûts économiques indirects liés à l’insécurité dans les camps.  Photo d’archives

Outre l'impact de l'amendement de l'article 59 sur le marché de l'emploi - plutôt positif puisqu'il va permettre de contribuer à combler les besoins de certains secteurs formels en matière de main-d'œuvre bon marché, sans pour autant porter préjudice à l'emploi des Libanais, du moins à court terme -, l'accès des Palestiniens au travail pourrait en outre avoir des avantages sur le plan économique en termes de hausse de la consommation privée, d'augmentation des recettes publiques et de réduction du coût économique lié à l'insécurité des camps.
En effet, contrairement aux autres travailleurs étrangers, dont une partie conséquente de leurs revenus est généralement envoyée dans leur pays d'origine (les transferts électroniques d'argent vers l'étranger ayant totalisé 1,6 milliard de dollars en 2009, dont 53,7 millions de dollars vers l'Égypte et 18,3 millions de dollars vers la Syrie), les Palestiniens vivant dans les camps dépensent généralement l'essentiel de leurs salaires sur le marché local. De quoi gonfler la consommation privée, une composante essentielle du tissu économique libanais, qui contribue aujourd'hui à hauteur de 60 % du produit intérieur brut (PIB). En parallèle, la hausse de la consommation au sein de la population palestinienne pourrait indirectement contribuer au renflouement des recettes de l'État, à travers, entre autres, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
L'impact reste toutefois difficile à quantifier. « Il faudra, pour cela, estimer les retombées de l'amendement de la loi sur les dépenses globales des Palestiniens, le cas échéant, ainsi que la part que représentent ces dépenses du total de la consommation des ménages au Liban », souligne l'économiste Nassib Ghobril.
En parallèle, tous les travailleurs palestiniens titulaires d'un permis de travail seront soumis à l'impôt sur le revenu, au même titre que les autres travailleurs étrangers, ce qui devra doper les recettes fiscales de l'État provenant de cet impôt. Cela concernera aussi bien les nouveaux employés que les personnes dont la situation, à la base illégale, sera régularisée.
Là encore, l'incidence, en termes quantitatifs, reste difficile à estimer, en l'absence de données exactes sur le nombre de Palestiniens travaillant au noir (et de surcroît ceux dont la situation sera légalisée) ainsi que sur le nombre de réfugiés qui seront employés et leur niveau de salaire (le montant des recettes provenant de l'impôt sur le revenu pouvant largement varier en fonction de ces deux éléments).
L'effet escompté ne devrait toutefois pas être aussi prononcé, l'impôt sur le revenu et les salaires ayant généré 350 milliards de livres (environ 230 millions de dollars) en 2009, soit moins de 3 % de l'ensemble des recettes publiques.
Par ailleurs, et toujours au sujet des avantages potentiels sur le plan économique, l'éventuelle amélioration des conditions de vie des réfugiés vivant dans les camps devrait à moyen terme créer un environnement moins fertile à la montée de l'extrémisme, estiment certains observateurs. Cette question, politique par excellence, n'est pas sans retombées sur le plan économique. Moins palpables, encore moins quantifiables, les coûts indirects liés à l'image - souvent peu attrayante - des camps projetée à l'étranger, et aux incidents sécuritaires qui surviennent aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des camps (accrochages entre des groupuscules palestiniens et l'armée libanaise), ne sont pas à négliger.
Ces affrontements constituent en effet une entorse à la confiance des investisseurs, laquelle est déjà fragilisée par la précarité de la situation à la frontière avec l'État hébreu. Il serait naïf toutefois de penser qu'un simple amendement du code du travail pourrait régler un problème d'une aussi grande ampleur. Certes, une démilitarisation des camps s'impose pour mettre fin à l'insécurité et en limiter les dégâts politiques et économiques. Le droit au travail des Palestiniens pourrait toutefois servir de simple relais, de solution complémentaire, dont les effets - moins drastiques - se feraient sentir à long terme.
Outre l'impact de l'amendement de l'article 59 sur le marché de l'emploi - plutôt positif puisqu'il va permettre de contribuer à combler les besoins de certains secteurs formels en matière de main-d'œuvre bon marché, sans pour autant porter préjudice à l'emploi des Libanais, du moins à court terme -, l'accès des Palestiniens au...

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