« Ces trous constituent un réel danger », martèle le jeune homme devant les médias qui l'assaillent depuis un mois. Abou Saab se présente comme un « activiste social ». Et intervient, mi-figue mi-raisin, sur le « wall » de son groupe sur Facebook. « Les commentaires politiques ou religieux ne sont pas les bienvenus dans ce groupe. Ceux qui violent cette règle seront chassés et jetés dans une "joura" loin, loin d'ici », y indique le
modérateur.
Sur le mur où sont postés les commentaires des internautes, le ton est enjoué, autocritique. C'est à qui trouvera le plus amusant ou créatif synonyme de « joura ». Les termes sont analysés, décortiqués sous toutes les latitudes et longitudes. Les « facebookeurs » se lancent aussi dans des joutes verbales, à qui donnera la plus marrante ou créative définition de « joura ».
Fort de son succès, Abou Saab a même consacré une page Web à la chasse aux nids de poule à l'adresse
www.jouwar.com. Détail amusant, elle est, à l'image de notre pays, en perpétuelle construction.
Les internautes, « collaborateurs » bien intentionnés d'Abou Saab, passent au peigne fin les routes. Ils prennent même la peine de photographier, d'en indiquer l'adresse, l'emplacement exact et les
dimensions.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Élie Abou Saab a trouvé la bonne cavité. Ses réseaux sociaux donnent la possibilité au citoyen excédé de se défouler. D'attirer l'attention des passants et des conducteurs, et de les informer sur l'emplacement de ces « ennemis jurés des pneus ». Et, surtout, de combler le fossé entre le peuple et ses dirigeants.
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