Notre expérience concrète vécue ces jours-ci et les réactions quotidiennes contre le TSL de certains partis, qui raisonnent sur une base purement théologique, ne peuvent conduire qu'à occulter la réalité, pour ne pas dire à un obscurantisme réactionnaire. L'extrémiste dissimule généralement sa violence sous une couverture idéologique à laquelle il ne croit pas vraiment, mais qui lui est nécessaire pour justifier son comportement, et d'abord à lui-même, ce qui lui permettrait de retrouver un équilibre socio-psychologique perturbé par des causes dont la véritable réalité ne lui est pas toujours pleinement consciente.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et dans la terminologie des puissants, la violence des forts ne porte plus le nom de violence ; il s'agirait plutôt de « juste cause » ou de « nécessaire défense ». Il en va de même pour la lutte contre un démon nommé « terrorisme ». Ainsi, l'ennemi malin semble avoir pris la place de l'ancien Diable rouge - du temps
de la subversion communiste. Qui sont donc les résistants ? Qui sont les terroristes ? Tout se confond. Une seule issue : les accusés de l'assassinat du président Hariri nous ont permis d'assister à la naissance d'une nouvelle sorte de fuite en avant qui permet d'accuser tout le monde de collaboration active ou passive, convaincus ou résignés. Dans ce cas, l'attentisme « réaliste » des uns s'oppose à l' « irréalisme » activiste des autres. Enfin, pour qu'un être humain fasse le mal, il faut tout d'abord qu'il soit convaincu de faire le bien. Et c'est bien pourquoi la philosophie, bonne ou mauvaise, est maîtresse du destin des hommes.