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Nos Lecteurs ont la Parole

Où êtes-vous donc, élus du Kesrouan ?

Salim F. DAHDAH
Deux à trois fois par semaine, les citoyens de cette pauvre République doivent « se farcir » sur toutes les chaînes de télévision le résumé des discussions et des décisions abordés par le bureau d'un parti politique très en vogue ses dernières années, où les femmes et les hommes qui y participent se caractérisent par leur docilité étonnante et leur grande application à satisfaire plus leur chef que leurs élus. Ils attendent d'ailleurs avec admiration et respect le point de presse qu'il fera à la fin de ces réunions et où il usera souvent, pour s'exprimer, un ton railleur, agressif et satisfait. Les cris, les leçons de civisme, les attaques contre les corrompus, les menaces de tout genre, la chasse aux sorcières contre tous les indics, espions et autres malfaiteurs ne manquent pas à ce « menu gourmet », surtout quand les « attaqués » sont les autres et non les siens... Nous n'abuserons plus longtemps de cette petite dose d'humour car elle risque d'indisposer certains au sein de ce groupe, où le sens de la plaisanterie n'est pas toujours de mise. Allons donc droit au but.
Pourquoi nous sommes-nous adressés dans notre introduction directement aux membres du bureau politique de ce parti libanais ? Eh bien, parce que l'objet de notre sujet est le Kesrouan et que les honorables élus du peuple de cette région, depuis les élections législatives de 2005, en sont ses représentants éminents. Ensuite, parce que l'observateur indépendant et le résident dans cette région que nous sommes est étonné et déçu de n'avoir jamais pu obtenir un plan programme de la part de ces élus tant pour le premier que pour le second de leurs mandats, et quand bien même il aurait existé, pourquoi ne pas l'avoir rendu public et en avoir débattu en séances plénières avec les électeurs et leurs municipalités afin d'en informer tous les intéressés de l'ordre des priorités sectorielles adopté ? Pourquoi donc ce silence lourd de significations et cette démission complète de leurs responsabilités politiques élémentaires vis-à-vis d'un électorat qui représente l'un des bastions importants de la communauté chrétienne qu'ils ont conquis à coups de slogans malheureusement vides de tout contenu ? Nous n'avons en effet aucun souvenir, depuis cinq ans, avoir lu ou entendu prendre la parole au Parlement aucun d'entre eux (ou presque) pour réclamer ou plaider des dossiers de macro ou de microéconomie, encore moins de dossiers sociaux, culturels ou environnementaux (hors la décision d'adopter le statut de réserve pour la région de Chnan'ir) auprès des institutions nationales concernées et des entreprises du secteur privé, où même participer à des actions « ciblées » pour encourager un minimum de développement ou pour proposer aux différents gouvernements en place d'inscrire à leurs programmes d'action des objectifs vitaux concernant la région du Kesrouan.
Un exemple ponctuel de ce que nous venons d'affirmer est parfaitement illustré par les « dégâts » économiques et humains dus à la circulation routière sur le tronçon de l'autoroute du Nord, entre le tunnel de Nahr el-Kalb et Tabarja, qui est devenu, depuis que les tronçons avant et après ont été parfaitement aménagés, un nœud d'engorgement insupportable pour tous les voyageurs et un facteur de développement économique négatif pour toute cette région. Pour se faire pardonner sa léthargie, le ministère des Travaux publics et des Transports engage, comme pour se donner bonne conscience, par le truchement du Conseil du développement et de la reconstruction, des travaux secondaires, comme ceux engagés récemment au niveau d'Adma vers Tabarja, alors que l'important est tout autre. Et pourtant, les suggestions et les solutions pour résoudre ce problème ne manquent pas.
Ici comme ailleurs, vous êtes inscrits, Madame, Messieurs, aux abonnés absents pour tout ce qui relève des soucis quotidiens de vos élus. Aucune action nationale où régionale de mobilisation de votre électorat n'a été entreprise pour sensibiliser et encourager tous les secteurs à participer au développement de différents pôles d'activité. Des plus élémentaires aux plus délicates des tâches, rien ne semble vous avoir encouragés à agir, et pourtant le travail ne manque pas. Ainsi, l'implantation d'un circuit de santé médico-social, la multiplication et la normalisation de crèches, la création d'écoles, de jardins publics, de clubs sportifs et culturels sont utiles, voire même nécessaires ; l'aménagement d'un réseau routier compatible avec les régions à desservir et la mise en place d'un circuit de transport en commun sont aussi indispensables. Vous n'avez jamais essayé de faire établir par les municipalités des statistiques sur les émigrés de votre circonscription pour que vous puissiez demander à ces derniers, à l'occasion, leur « know how » et éventuellement leur participation au financement, en partie ou en totalité, de différents projets, dont ceux par exemple liés à l'irrigation, à la construction de minibarrages, au traitement des déchets et des eaux usées, etc. Aucune législation spécifique n'a été engagée et votée pour conserver à cette belle région son architecture, son histoire, ses forêts, ses espaces verts, en évitant l'agression constante de la pierre et, mieux encore, en créant une interactivité urbanistique entre les objectifs économiques de la région, l'infrastructure de l'habitat et des entreprises y implantées et les travaux d'infrastructure souterraine y relatifs, pour que la synergie entre ses différents facteurs contribue en fait à encourager le tourisme, le bien-être et l'authenticité de ses sites. Qu'en est-il aussi de la création, en collaboration avec des ONG et organisations civiles régionales, d'un programme tous azimuts d'aide aux citoyens de la région, comprenant la recherche et la création d'emplois sur leurs lieux de résidence pour leur permettre d'y vivre dignement, l'aide aux vieux, aux handicapés, aux délinquants et aux sans-ressources ? Qu'en est-il de l'instauration de structures spéciales et la mise en place d'un ensemble de paramètres devant permettre une gestion organisée, régulée et contrôlée de tous les dossiers névralgiques et essentiels liés à votre circonscription et un véritable équilibre socioéconomique, seul garant de stabilité et de sécurité pour tous ses habitants ?
Toutes ces critiques n'ont certainement rien de personnel : elles sont par contre politiques car les élus de cette circonscription, qui appartiennent exclusivement à ce parti, n'ont, durant tout leur parcours politique relativement récent, jamais épargné tous les « autres » pour leur manque de sens des responsabilités, leur gestion désastreuse et leur corruption chronique, et ce par la voix et le « geste » de leur grand chef historique aux pouvoirs temporels et quelque part spirituels (selon sa propre évaluation des multiples facettes de sa personnalité). Seuls en effet ont eu grâce à leurs yeux ceux pour qui ils sous-traitent diverses actions secondaires, éparses et hétéroclites.
Il est grand temps, Madame et Messieurs, d'arrêter de fustiger tout le monde et de se mettre sérieusement au travail, car les Kesrouanais n'ont que faire de la « politicaillerie » ; ils veulent des actions concrètes, crédibles, utiles et susceptibles de faire évoluer leur société dans le sens du développement et de la dignité humaine.

Salim F. DAHDAH

P.-S. : très humblement et très amicalement, nous vous proposons, si vous les jugez utiles et vous le souhaitez, de vous inspirer des idées ci-haut mentionnées pour commencer à entreprendre certaines actions. 
Deux à trois fois par semaine, les citoyens de cette pauvre République doivent « se farcir » sur toutes les chaînes de télévision le résumé des discussions et des décisions abordés par le bureau d'un parti politique très en vogue ses dernières années, où les femmes et les hommes qui y...

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