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Culture - Littérature

Le confident de Borges « condamné » à être la mémoire de l’écrivain argentin

Jean-Pierre Bernès.

« La dernière phrase qu'il m'a dite, quelques jours avant de mourir, fut : "Merci pour tout, vous m'avez aidé à mourir en littérature. Je n'ai rien à vous léguer, mais je vous condamne à être la mémoire de Borges" », raconte son confident français, qui vient également de publier J.L. Borges : la vie commence aux éditions du Cherche Midi.
Dans sa vieille maison familiale entourée de jardins et dont les murs sont recouverts de portraits de ses ancêtres et de l'auteur de L'Aleph, Bernès se montre intarissable concernant ses souvenirs de Borges, rencontré durant une après-midi de 1970 « pleine de tangos et d'arbres en fleurs ».
« J'avais été nommé attaché culturel à l'ambassade de France à Buenos Aires et j'avais accepté, car je souhaitais rencontrer Borges, dont j'avais lu le recueil Fictions, mais aussi Victoria Ocampo qui publiait la revue Sur » se souvient Bernès.
« La rencontre avec Borges fut la plus importante de ma vie. Une complicité est tout de suite née entre nous, ainsi qu'avec (l'écrivain argentin) Adolfo Bioy Casares et sa femme Silvina Ocampo, révèle-t-il. Je les appelai "les enfants terribles". »
Selon le confident de Borges, l'univers de ce dernier tournait principalement autour de la littérature. « Il ne vivait pas le quotidien », confie Jean-Pierre Bernès, qui lui aussi vit parmi des milliers de livres, photos, lettres, peintures.
Après une longue bataille judiciaire l'ayant opposé à la veuve de Jorge Luis Borges, Maria Kodama, le diplomate, professeur et traducteur a récemment supervisé la réédition des Œuvres complètes de l'écrivain argentin dans la collection de la Pléiade (Gallimard). Déjà publiées en 1993 et 1999, elles étaient en rupture de stock.
« J'ai gagné deux procès (face à Mme Kodama) qui ont été coûteux. Mais je ne veux pas m'exprimer au sujet de Kodama », prévient-il, avant de souligner qu'il ne souhaite « pas de polémique ».
Néanmoins, il affirme préparer un livre où il « racontera beaucoup de choses », mais qu'il n'entend voir publié qu'après sa mort.
« La seule chose que je sais, c'est que Borges serait très content (de cette réédition). Quand il a su qu'il allait faire partie de la Pléiade, il m'a dit : "Enfin, je vais pouvoir côtoyer mes amis !" Lorsque je lui ai demandé à qui il faisait référence, il m'a répondu "Montaigne, Dante, Shakespeare et Cervantès" », se rappelle-t-il.
« Jamais de fausse modestie », relève Bernès, le visage illuminé d'un sourire complice.
En outre, le confident de Borges assure qu'il désirait que sa vie privée soit connue de ses lecteurs. « Il disait que les gens pensaient qu'il écrivait des œuvres de fiction alors que tout était autobiographique. Pour pouvoir les comprendre, il faut savoir qui il était », ajoute son ami.
Sur son lit de mort, l'écrivain, aveugle, lui demandait des livres de la Pléiade.
« Il réclamait Montaigne, Voltaire, Rimbaud, Baudelaire et, surtout, La chanson de Rolland, se remémore Bernès, tout en caressant quelques vieux livres de sa bibliothèque. Puis de jouer des morceaux de tango qu'appréciait Borges sur son piano.
« La dernière phrase qu'il m'a dite, quelques jours avant de mourir, fut : "Merci pour tout, vous m'avez aidé à mourir en littérature. Je n'ai rien à vous léguer, mais je vous condamne à être la mémoire de Borges" », raconte son confident français, qui vient également de publier J.L....

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