Carlos Freire, autoportait, 2007. (DR)
Pour ce photographe autodidacte, nommé en 2008 officier des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture en France, ce n'est pas tant la technique qui compte que la perception à la fois intuitive et intellectuelle du modèle.
Une approche qui se traduit chez lui par des portraits-rencontres. Ni portraits de studio ni photos volées, mais une réelle curiosité de l'autre qui le pousse à aller sur son terrain, à discuter longuement avec lui, à lui consacrer du temps et de l'attention avant de cliquer sur le déclencheur. Sans préméditation. Le cliché obtenu sera, de la sorte, le plus proche de la vérité du modèle.
Des images toujours en noir et blanc pour ce photographe qui « travaille uniquement avec la lumière et la forme », et qui explique sa prédilection pour la non-couleur par « son regard de cinéphile formé au cinéma néoréaliste italien et au cinéma français des années 40-50 », dit-il.
C'est ainsi que travaille Carlos Freire. C'est ainsi qu'il a procédé pour la réalisation de la série consacrée aux cinéastes français que lui avait commandée, en 1984, le célèbre réalisateur de Z, Costa-Gavras, à l'occasion du cinquantenaire de la Cinémathèque française dont il était le président.
Cette exposition, qui depuis un quart de siècle a fait le tour des pays et des continents, est programmée (même tardivement ! ) dans le cadre du Festival de Batroun, à Dar al-Mouna*, une belle ancienne demeure de la localité, rénovée et dédiée aux activités culturelles.
Vidéos-documentaires
Invité au Liban à cette occasion par Jean Merhi, vidéaste et responsable des archives de la Maison européenne de la photographie, Carlos Freire, en parallèle à l'accrochage des portraits de Chabrol, Godard, Rivette, Duras, Varda, Verneuil, Chéreau et de la vingtaine d'autres grands cinéastes français qu'il a signé, a animé un atelier destiné à faire profiter de son expérience des étudiants en photographie et de jeunes photographes. Une sélection des travaux réalisés sous sa direction est également exposée sur place.
Par ailleurs, et pour sa part, Jean Merhi présente deux vidéos-documentaires consacrées, l'une aux grandes lignes du parcours de Carlos Freire, à travers un Carnet de route en trois dates (portrait et interview du photographe menée par Henri Chapier et Jean Merhi, grande exposition à la Maison de la photographie à Paris en 2005 et morceaux choisis de l'accrochage présent à Batroun), et la seconde à la présentation du travail de Mimmo Jodice, un photographe italien napolitain spécialiste de la Méditerranée, dont certaines œuvres ont des correspondances avec celles de Freire.
Des images fixes et animées d'un esthétisme certain, mais également à valeur culturelle, à découvrir donc chez Dar al-Mouna, Batroun.
Publications
Carlos Freire est certes un passionné de l'image, mais cela ne l'empêche pas d'être aussi féru d'écriture. D'où ses nombreuses publications d'albums photos accompagnés de textes signés de grands écrivains. À l'instar, entre autres, d'« Alexandrie l'égyptienne » avec Robert Solé, « Le mont Athos » avec Jacques Lacarrière, « Alep » avec Adonis, « Rencontres et voyages » sur un texte de Jorge Amado, « Regards » de Francis Bacon, au texte signé Alain Jouffroy, et en cours de réalisation un projet sur la Sicile avec Vincenzo Consolo.
* Jusqu'au 31 août. Horaires d'ouverture : tous les jours, dimanches inclus, de 16h00 à 22h00.
Il est célèbre pour ses portraits d'éminents écrivains, poètes, artistes et cinéastes, Carlos Freire. De Marguerite Yourcenar - dont il avait présenté une série de photographies en 2002 au musée Sursock - à Francis Bacon, en passant par Rudolf Noureev, Michel Foucault, Doris Lessing, Henry Moore, Samuel...
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