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Moyen Orient et Monde - Procès

Procès Taylor : Naomi Campbell affirme avoir reçu des diamants bruts

L'ancien président du Liberia est accusé d'avoir échangé des « diamants du sang » contre des armes.

Cette photo, tirée d’une vidéo de l’audience, montre la top model britannique, Naomi Campbell, prêtant serment devant le tribunal de La Haye.  Special Court for Sierra Leone/Reuters

La top model Naomi Campbell a reconnu hier devant un tribunal de La Haye avoir reçu en 1997 des diamants bruts, dont elle présume qu'ils lui avaient été offerts par Charles Taylor. Le mannequin a affirmé, lors de son témoignage au procès de M. Taylor, ancien président du Liberia jugé pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, que deux hommes lui avaient apporté au milieu de la nuit « une petite bourse » à l'issue d'un dîner de charité organisé au Cap par l'ancien président sud-africain Nelson Mandela. Dans cette bourse se trouvaient « de toutes petites pierres à l'aspect sale (...) trois peut-être », a raconté Mme Campbell, déclarant aux juges du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) « supposer » que l'expéditeur du « cadeau » était Charles Taylor, aucune note n'accompagnant les pierres. « Je ne voulais pas les garder », a déclaré Mme Campbell à la Cour, ajoutant avoir donné les pierres à Jeremy Ratcliffe, un de ses amis qui travaillait pour le Fonds d'aide à l'enfance de Nelson Mandela (NMCF), « afin qu'il fasse quelque chose avec ». « J'étais là pour collecter des fonds. Je ne pensais pas qu'il était honnête de les garder », a ajouté Mme Campbell, reconnaissant pourtant que M. Ratcliffe « les a toujours ». La top model a assuré ne « plus jamais » avoir revu M. Taylor après le dîner et ne pas lui avoir posé de questions.
L'accusation comptait sur le témoignage de Naomi Campbell pour démontrer que Charles Taylor, 62 ans, a menti en affirmant ne jamais avoir possédé de diamants bruts. Président du Liberia de 1997 à 2003, Charles Taylor plaide non coupable de onze chefs d'accusation, notamment meurtres, viols et enrôlement d'enfants soldats durant la guerre civile en Sierra Leone voisine, qui a fait quelque 120 000 morts entre 1991 et 2001, et a été marquée par de nombreuses atrocités. Selon l'accusation, Charles Taylor s'était rendu en septembre 1997 en Afrique du Sud pour « vendre ou échanger contre des armes des diamants » reçus des rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) en Sierra Leone lors de la guerre civile qui a ravagé ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.
Le témoignage du mannequin met de nouveau en lumière l'épineux problème des « diamants du sang », véritable fléau qui touche toute l'Afrique. Les exemples de trafic de diamants permettant de financer des conflits meurtriers ou associés à de graves violations des droits de l'homme ne manquent pas, comme en Sierra Leone, dépeinte dans le film Blood Diamond (2006), en Angola, Côte d'Ivoire, République démocratique du Congo (RDC), Guinée, au Congo ou au Zimbabwe. Afin d'éliminer du marché mondial les diamants extraits illégalement pour financer des groupes armés ou des conflits, les Nations unies ont décidé de réagir et ont voté en 2000 la création d'un mécanisme de certification des diamants. Le Système de certification du processus de Kimberley (KPCS), lancé en 2002 dans cette petite ville sud-africaine, surveille ses membres et exige que les exportations internationales soient certifiées « sans conflits ». Cette démarche, qui a permis de réduire le trafic des « diamants de sang » dans le monde, a été saluée par les militants des droits de l'homme, mais il reste beaucoup à faire, notamment au Zimbabwe, ont-ils souligné.
Global Witness, une ONG spécialisée dans la protection des ressources naturelles, a ainsi profité jeudi du témoignage de Naomi Campbell pour appeler le processus de Kimberley à faire pression sur le Zimbabwe, où de graves violations des droits de l'homme ont été signalées dans les mines de Marange (Est). Des enquêteurs du processus de Kimberley avaient accusé les militaires d'avoir expulsé avec violence de petits mineurs illégaux et d'avoir eu recours au travail forcé, parfois d'enfants, dans la zone.
La top model Naomi Campbell a reconnu hier devant un tribunal de La Haye avoir reçu en 1997 des diamants bruts, dont elle présume qu'ils lui avaient été offerts par Charles Taylor. Le mannequin a affirmé, lors de son témoignage au procès de M. Taylor, ancien président du Liberia jugé pour crimes contre l'humanité et...

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