À travers les fumées « mielleuses » qui envahissent les trottoirs de Beyrouth, c'est la société qui passe au crible. De la femme alanguie sur son lit au vendeur de narguilé à bicyclette (car on a inventé un nouveau concept de livraison à domicile), en passant par les groupes d'hommes (sont-ils tous au chômage ?) sur les trottoirs, voilà un beau portrait de famille.
Contraste d'harmonies
Mais ce n'est certainement et uniquement pas une approche sociologique qu'effectue Mohammad Abdallah, mais bien picturale.
Ainsi, après l'expressionnisme et l'abstrait des œuvres précédentes, l'artiste surfe en toute aisance sur un figuratif bien léché, grâce à son kaléidoscope de couleurs. À travers sa technique référence au pop art, il crée la différence et souligne les contrastes. Contrastes entre la modernité et le traditionnel, mais également entre l'absurde et le réel.
Mohammad Abdallah ne peint pas dans l'urgence. Son travail est souvent comme « macéré », élaboré. Après avoir choisi le thème de ses toiles, il harmonise ses teintes comme dans un laboratoire. Ainsi, dans son espace toujours non cadré pour suggérer le hors champ, l'inhabituel, ce sont les couleurs qui parlent et qui racontent des histoires. Le regard de solitude, de désenchantement, d'arrogance est même évoqué par les touches imperceptibles de blanc. Dans ce parfait ménage de teintes contradictoires se lisent les messages en filigrane.
À travers ces évanescences fumigènes, ce sont les instants éphémères que traduit l'artiste dans une dynamique propre à lui.
*Galerie Zamaan (rue Sadate) Tél. : 01/745571.
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